76e Festival de Cannes (16 au 27 mai 2023) – Ruben Östlund, Président du Jury

 

Entre Ruben Östlund et Cannes c’est déjà une longue histoire…

Sans Filtre - Ruben Ostlund - Crédit photo Thierry Vaslot ACR-Cine Zooms(1)
Ruben Östlund – Sans filtre – Cannes 2022 – Crédit photo Vaslot Thierry ACR/CineZooms

Happy Sweden, son deuxième long métrage, s’était retrouvé dans la Sélection officielle Un Certain Regard en 2008. Play était à la Quinzaine des Réalisateurs en 2011. Snow Therapy, retrouvait Un Certain Regard en 2014. Toujours dans la Sélection officielle cannoise, mais en compétition cette fois, le réalisateur Suédois remportait la Palme d’or en 2017 avec The Square, puis récidivait l’année dernière avec Sans filtre. Autant de films dans lesquels il pose un regard acerbe et désenchanté sur l’humanité.

Quelques propos (sans filtre) :

Le Festival de Cannes
«
Quand j’ai commencé à faire des films, parce que je voulais être comme mes héros, j’ai compris que Cannes était l’endroit où projeter ses films parce que c’est là que l’on peut attirer l’attention et toucher d’autres personnes qui regardent les films de la même manière ».
« (Cannes) est l’une des rares arènes où l’on a le sentiment que certes l’argent joue un rôle, mais que l’on ne peut pas acheter sa position dans la compétition. Par exemple, on peut faire un petit film iranien réalisé par un réalisateur de 19 ans au format DV à côté de films à très gros budget. Et ces deux films devraient être évalués de la même manière lorsqu’on les regarde »

Le jury et le président
«  C’est plus relaxant d’être dans le jury que de présenter un film. »(*)
«  Ce que je veux, c’est que les membres du jury ne soient pas consensuels, qu’ils n’essaient pas d’être d’accord les uns avec les autres, qu’ils osent dire ce qu’ils pensent réellement sans vouloir avoir l’air intéressants ou intelligents. Je veux qu’ils parlent avec leurs tripes, sur la base de leurs expériences très différentes et de façon honnête.
Quand nous délibérerons, je leur donnerai la parole à tour de rôle. »(*)
«  Nous devons prendre en compte le fait que le film que nous allons primer va attirer plus d’attention et donc changer le point de vue de plus de gens sur le monde. Après, ça devient un combat, parce qu’on n’est peut-être pas d’accord sur ce que je crois être vrai… Cela fait partie de l’histoire de Cannes de prendre en compte, non le
côté commercial des films, mais la façon dont ils dépeignent la société. »(*)
« Nous allons les traiter sur un pied d’égalité. Nous n’allons pas penser aux différences spécifiques entre les réalisateurs »
Et si The Oald Oak de Ken Loach séduisait le jury ? Le réalisateur Britannique serait alors le premier à remporter trois Palmes…
«
Si c’est le meilleur film, oui. (…) je vais certainement travailler très dur pour dépasser mes propres objectifs égoïstes d’être le premier réalisateur à avoir trois Palmes d’Or (rires) ».
« Quand vous avez la présidence à Cannes, il faut regarder au loin et on ne peut pas être trop individualiste et se regarder soi-même. (…) je vais toujours essayer d’avoir une approche très démocratique de la présidence. J’aime écouter ce que tout le monde dit sur les différents films, (…) je n’ai pas l’intention de faire figure d’autorité de quelque manière que ce soit… En dehors du fait que je veux avoir le dernier mot (rires) »

Le cinéma
«
J’aime touiller le consensus. C’est le rôle de l’art de provoquer de nouvelles questions, le cinéma est intéressant lorsqu’il interpelle. »
« Ce qui m’intéresse, c’est la faille. Je cherche à mettre au défi la boussole morale et éthique que chacun de nous possède, à créer le dilemme qui peut soudainement nous faire perdre le nord. Et ce qui m’intéresse, ce n’est pas quand on s’en sort mais quand on se perd. »

La salle de cinéma
« Le cinéma est aujourd’hui l’une des rares salles où nous regardons des choses ensemble. La raison pour laquelle c’est important de regarder les choses ensemble dans une même salle, c’est parce que de cette manière nous commençons à réfléchir au contenu d’une façon complètement différente. C’est pour cela que le cinéma reste unique »

Réaction après sa nomination :
« Je suis heureux, fier et empreint d’humilité de me voir confier l’honneur de présider le jury du Festival de Cannes cette année. Nul autre lieu dans le monde ne suscite un tel désir de cinéma lorsque le rideau se lève sur un film en compétition. Quelle chance d’être là avec ces fins connaisseurs que sont les festivaliers de Cannes. Je pense sincèrement que la culture du cinéma traverse une période cruciale. Le cinéma est unique. On le partage. Regarder ensemble exige davantage de la chose représentée et augmente l’intensité de l’expérience. Cela nous renvoie quelque chose de tellement différent que cette dopamine sécrétée par le défilement des écrans individuels. »

A voir également :
Le Vidéo Club de Ruben Östlund (Konbini – 2022 – 14mn58 – Vostf)
Entretien avec Ruben Östlund (Olivia Giesbert – France Culture – 2022 – 28mn)
Sans Filtre (Bande annonce – BacFilms – 2022 – 1mn41 – Vostf)
The Square (Bande annonce – BacFilms – 2017 – 2mn18 – Vostf)
Snow Therapy (Bande annonce – BacFilms – 2014 – 1mn48 – Vostf)
Play (Bande annonce – 2011 – 1mn51 – Vostf)

Philippe Descottes avec AFP et Le Monde -(*)Conférence de presse Cannes 2023

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