Nice / Le monument aux Morts de la Grande Guerre à Nice

Monument aux morts
Le Monument aux Morts – Crédit photo : DR

En ce 11 novembre 2022 quoi de plus naturel que d’évoquer le souvenir de cette terrible boucherie que fut la Grande Guerre qui, pendant près de quatre ans et demi a dévasté l’Europe causant des dommages irrémédiables tant sur le plan humain que sur le plan matériel mais aussi sur le plan moral. La Belle Epoque était bel et bien finie !
La tragédie commence donc le 03 août 1914 et se terminera sur les champs de bataille 11 novembre 1918 (l’Armistice avec arrêt des combats), la paix définitive ne survenant que le 28 juin 1919 avec la signature du traité de Versailles entre les puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie) et les Alliés (France, Italie, Grande-Bretagne, Etats-Unis). Ce traité, malheureusement marqué d’un esprit de revanche, («Le Boche paiera !») portera en germe tous les problèmes qui mèneront à la Seconde Guerre mondiale à peine une vingtaine d’années plus tard.
Notre Côte d’Azur quoique relativement éloignée des champs de bataille du Nord et de l’Est n’en paiera pas moins un lourd tribut car les Provençaux vont fournir un gros contingent de soldats aux armées de la République . Cela ne se fera pas sans des coupes sombres dans nos populations. Heureusement pour nous, l’Italie hésitante au départ, quitte la Triplice (ou « Triple Alliance », comprenant l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie) et choisit le camp allié en 1915. Elle paiera elle aussi un lourd tribut au conflit, en particulier sur le front autrichien.
Le splendide Monument aux morts qui s’élève sur la place Guynemer, face au Port recèle un reliquaire contenant 3665 plaques de Poilus niçois tombés sur les différents champs de bataille du Nord et de l’Est, sans parler des centaines de blessés ! «La douce Provence», de son côté, ne s’est pas dérobée vis-à-vis de ses obligations envers la nation quoiqu’en disaient certains à l’époque*.
En novembre 2018 eut lieu une commémoration officielle du Centenaire de la fin des combats avec une présentation en mairie de Nice de l’urne extraite délicatement du monument puis remise en place à l’issue des cérémonies**.

L'urne dans sa niche (2)
L’urne dans sa niche – Crédit photo : Ville de Nice


L’idée de l’érection d’un monument aux Morts niçois se posa très vite après la fin des hostilités, mais il fallait établir un projet architectural, trouver un lieu emblématique pour l’ériger et… réaliser l’oeuvre ! Cela prendra du temps car au lendemain du conflit, les finances niçoises étaient en berne et il y avait tellement d’autres choses urgentes à s’occuper, ne serait-ce que de faire redémarrer l’économie locale mise à mal après cinq années de guerre.
En attendant une œuvre pérenne, on décide d’ériger, en attendant mieux, un grand monument provisoire en bois, de forme pyramidale sur lequel sont apposées des plaques commémoratives (flèche rouge sur le cliché).

Le rocher du Château
Le Rocher du Château – Crédit photo : CP Yann Duvivier

En 1919, le maire François Goiran approuve le projet de l’architecte Roger Séassal (1885-1967), premier grand prix de Rome en 1913, et l’édification du monument démarre après approbation du projet le 6 février 1923. La première pierre est posée le 11 novembre 1924 sur l’ancienne carrière des rois sardes qui fait face au port.

La cérémonie d'inauguration
Cérémonie d’inauguartion – Crédit photo : CP Yann Duvivier

Le 29 janvier 1928, c’est l’inauguration solennelle avec le maréchal Foch. Nos glorieux morts niçois reçoivent enfin un hommage digne de ce nom. Le monument est imposant (32m de hauteur) et s’orne de deux haut-reliefs sculptés par Alfred Janniot (1889-1969). A gauche, c’est le thème de la Guerre, à droite c’est celui de la Paix enfin retrouvée. Entre ces deux sculptures se lit une inscription : 

« La Ville de Nice à ses fils morts pour la France :
Souvenez-vous des œuvres que vos pères ont accomplies

de leur temps et vous recevrez une gloire et un nom immortels »

Une urne géante sur laquelle est gravée les noms des batailles livrées occupe le centre du monument.
On remarque sur le pourtour de l’esplande les noms des corps d’armée ayant participé au conflit (Marine, Cavalerie, Aviation, etc..)
Notons que pour les Niçois, le conflit débute le 4 août 1914 date effective de leur mobilisation (date gravée à gauche de l’édifice).
D’abord destiné à honorer la mémoire des morts de la Première Guerre mondiale le monument a par la suite rendu hommage victimes de tous les conflits (Seconde Guerre mondiale, Algérie, Indochine).

Yann Duvivier, Novembre 2022

Notes:

*: Allusion à «l’Affaire du XVeme Corps» visant à dénigrer les troupes du Midi en 1914. Ce corps d’armée injustement accusé de débandade devant l’ennemi sera réhabilité et une place à Nice commémorera cette unité. Ce fut un mauvais procès destiné à couvrir les erreurs de tactique du Haut-Commandement.

Radiographie du reliquaire
Radiographie du reliquaire – Crédit photo Ville de Nice

**: L’existence de ce reliquaire en bronze était connue bien entendu comme l’atteste une photographie d’époque, mais c’est son emplacement exact dans le monument qui posait probème jusqu’à ce que les services techniques de la Ville le localise avec précision et procède à son extraction «en douceur». Il sera restauré avant d’être présenté au public (photo ci-dessus) avec une médaille commémorative frappée à la date du 29-11-1928, celle de l’inauguration.

Iconographies: Documents Ville de Nice et collection Y. Duvivier (C.P.)

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