Etienne Ballerini, journaliste pour L’Equipe, Le Patriote, Reuters puis de ciaovivalaculture.com, était passionné de cinéma et de sport mais il était avant tout notre ami. Il s’en est allé, subitement, ce week-end, alors que le Festival de Cannes touchait à sa fin.
Samedi, jour de la cérémonie du palmarès du Festival de Cannes, j’ai appris le décès d’Etienne. Etait-ce un hasard ? C’est justement à Cannes, pendant le Festival, que nous nous sommes connus, il y a plus d’une dizaine d’années. Etienne le couvrait pour Le Patriote.
Pratiquement tous les jours pendant le Festival, en début de soirée, on se retrouvait dans la file d’attente de la projection de presse à la salle Debussy du film en compétition officielle. Pendant 1 voire 2 heures avant d’entrer (en fonction des places disponibles), on patientait derrière les barrières. Aussi, c’était l’occasion de papoter entre collègues journalistes et critiques de cinéma, de France et d’Ailleurs. De la pluie (un peu), du beau temps (souvent), mais surtout du cinéma. On échangeait sur nos coups de cœur (ou coups de gueule) du jour, et passionnément (Etienne s’y entendait), mais toujours dans la bonne humeur.
Une fois l’accès à Debussy possible on se précipitait au balcon, au dernier rang. « La Meilleure place » ! Etienne occupait toujours le 1er siège de la rangée afin de pouvoir étendre ses jambes. Une fois la séance terminée on livrait à chaud nos impressions sur le film, avant d’enchaîner une autre projection ou d’aller dormir quelques heures avant de se retrouver le lendemain matin… ou un peu plus tard, et très souvent à Debussy.
Au fil des éditions, avec Etienne, Dume, Michel et quelques Autres collègues, s’était constitué un « Club Debussy » virtuel, une Belle équipe de copains cinéphiles, qui se retrouvait l’année suivante, comme si elle s’était quittée la veille.
En juillet 2013, Etienne était de l’équipe de Ciaovivalaculture qui prenait le relais du Patriote. Il m’avait proposé de rejoindre la rédaction. Comme nous partagions le même point de vue sur le cinéma, le septième art et non un produit de l’industrie du Divertissement, j’ai accepté. Malgré l’éloignement géographique, on échangeait très souvent et longuement au cours de l’année avant nos retrouvailles annuelles au Festival. C’est également à l’occasion de nos contacts que j’ai découvert que nous avions en commun la passion du football (une certaine idée et image du football), ce qui donnait lieu à d’autres conversations passionnées. J’attendais avec impatience tes impressions sur le Palmarès et sur la finale de la Ligue des Champions.
Etienne, tu laisses déjà un grand vide… Repose en Paix l’Ami !
Philippe Descottes
Le Festival de Cannes était un moment fort pour Etienne, même si ces dernières années, les nouvelles modalités d’accréditation et d’entrée dans les salles avaient le don de l’énerver… Voir des films, en discuter, écrire dessus… inlassablement… était son credo. Etienne avait, comme moi, deux passions le septième Art et le sport. Il avait longtemps suivi, pour L’Équipe ou Reuters, le foot et le basket sur la Côte.
Etienne était un solitaire mais appréciait la convivialité de soirées entre amis, entre camarades et leurs discussions animées entre culture, sport et politique.
Dans les files d’attente du festival, il avait créé un groupe d’amis avec quelques critiques qui l’aidaient à vaincre sa claustrophobie, Michel Cieutat de Positif, la regrettée Heike Hurst de Jeune Cinéma, Dominique Landron de France Bleu Corse, Philippe Descottes des Fiches… Toute une bande qui ne passait pas inaperçue.
Etienne je l’ai connu à la fin des années 80. Il écrivait pour le Patriote, Bientôt moi aussi…
On se retrouvait à la cinémathèque de Nice avec Christian Viviani et quelques autres, pour revoir avec gourmandise un classique du cinéma avant d’aller diner à la pizzeria d’en face…
Compagnon chaleureux et critique implacable, Etienne râlait souvent pour tout et rien… On en riait avec lui.
Plusieurs fois dans les années 90, il était venu animer des stages sur la critique avec des lycéens et des rencontres avec des cinéastes, dans le cadre des Rencontres cinématographiques de Cannes. Dans les années 2000, il tenait toujours la rubrique cinéma du Patriote, j’écrivais sur les livres et les BD et faisait quelques incursions dans sa rubrique à sa demande, sur des sujets qu’il savait me plaire.

A l’époque de Ciaovivalaculture, la toile mais aussi la vie, nous ont éloignés. Ces dernières années, on se croisait dans les files d’attente, lui toujours accompagné de ses fidèles compagnons, moi délaissant trop souvent les salles, happé par mon travail au Festival. Quelques mots échangés, mais pour moi, toujours le souvenir d’une vieille amitié en sommeil.
Cher Etienne, tu es parti un soir de festival, brutalement, sans crier gare.
Un très mauvais scénario sur lequel tu aurais pu laisser éclater ta colère en quelques lignes.
Nous le ferons pour toi…
Au revoir Etienne, nous ne t’oublierons pas.
Gérard Camy
Avec les étoiles
Etienne, c’était d’abord l’ami de mon père, Gérard, celui que vous venez de lire plus haut. Quand j’accompagnais mes parents aux séances de presse matinales du Festival de Cannes on retrouvait toujours cette petite bande de critiques de cinéma parmi lesquels, Etienne. Ils échangeaient sur les films vus la veille avant que la lumière baisse et que le film commence. Adolescent je n’osais pas trop m’en mêler. Je les regardais plutôt émerveillé par leur analyse, les noms et les références cités.
Puis, quelques années plus tard, en 2007, quand je suis devenu rédacteur en chef du Patriote, j’ai retrouvé Etienne qui tenait sa page de critique cinéma hebdomadaire. Bénévolement et avec une implication totale. C’était un engagement essentiel pour lui. Tous les mardis après-midi – on bouclait le mercredi midi –, je recevais son mail avec ses deux ou trois critiques puis quelques minutes plus tard un coup de fil. Etienne me demandait si j’avais bien tout reçu. Un rituel. On discutait des films ensemble et on partageait nos coups de cœur. Ses textes étaient souvent trop longs évidemment, il le savait mais il aimait tellement le cinéma qu’il ne pouvait pas s’arrêter d’en parler et il était très difficile (voire même impossible) de le couper. Évidemment, on s’est engueulé à de nombreuses reprises, sur un film ou sur des choix du journal mais jamais cela n’a entaché notre amitié. Au contraire. On se retrouvait toujours autour du sport, du cinéma et de nos valeurs humanistes communes. Etienne faisait partie de ces hommes et femmes qui croyaient à la possibilité d’un avenir meilleur pour tous, notamment avec plus de justice sociale et qui travaillait à sa mise œuvre par son travail d’éducation populaire au sein du journal.

Quand Le Patriote s’est arrêté douloureusement et violemment pour tous les collaborateurs, il est parti avec nous dans l’aventure ciaovivalaculture, avec notamment Jean-Pierre Lamouroux et Jacques Barbarin, deux autres journalistes culturels emblématiques du journal. Sa plume ne pouvait pas s’éteindre. Etienne était heureux d’avoir trouvé ce nouvel espace d’expression pour partager sa passion pour le cinéma. Cela nous donnait l’occasion de continuer à travailler ensemble, d’échanger. Chaque semaine, il écrivait sur plusieurs films et toujours sur ceux qu’il avait aimé. Le reste n’était que perte de temps. Il a toujours fait ainsi. Il ne cherchait qu’à faire briller les étoiles et je suis convaincu qu’il continuera de là-haut. Tu vas nous manquer.
Ciao camarade !
Julien Camy
Bel et émouvant hommage à un passionné de cinéma.
[…] Dans son éditorial, le rédacteur en chef et directeur de la revue, salue la mémoire de notre ami Etienne Ballérini, qui fut également collaborateur de Jeune Cinéma de septembre 1980 à novembre 2004. Le sujet […]