Cinéma / Cry Macho de Clint Eastwood

91 ans, 50 ans de carrière derrière la caméra, Clint Eastwood est également acteur pour Cry Macho, un voyage initiatique au Mexique. Malgré des défauts, le film fait l’effet d’un album souvenir d’une partie de sa filmographie où il porte les deux casquettes (…ou Stetson).

Cry Macho – Clint Eastwood – Crédit photo : Warner Bros Ent / Claire Folger

En 2008, après Gran Torino, Clint Eastwood avait annoncé qu’il prenait sa retraite en tant qu’acteur. Pourtant, depuis, il est revenu sur sa décision et devant la caméra pour Une nouvelle chance (de Robert Lorenz en 2012), La Mule (2018) et cette année, à 91 ans, Cry Macho, d’après le roman de N. Richard Nash (1975). On lui avait proposé le rôle à la fin des années 1980, mais il n’était pas disponible et avait suggéré Robert Mitchum. De toute façon, il se trouvait trop jeune.
Le film ne restera pas parmi les meilleurs du cinéaste et acteur. Cependant, il figurera probablement parmi ceux qui entretiendront sa légende, de cow-boy notamment, une légende avec laquelle il joue d’ailleurs. Le titre, l’affiche et (un peu) la bande annonce vont dans ce sens.
Tim Moore, producteur et ami de longue date, déclarait il y a peu : «
 Ce que tout le monde aime voir au fond, c’est Clint avec un chapeau de cow-boy, juché sur un cheval (…). Il n’est pas monté sur un cheval depuis Impitoyable (…).» Comme Clint porte un Stetson (pratiquement en permanence), remonte à cheval, fait (encore) le coup de poing, qu’il y a de grandes étendues désertiques, une veillée autour d’un feu de bois, une équipée mexicaine au départ du Texas et de la musique country ou mexicaine, il y a donc assez d’ingrédients pour faire de Cry Macho un western moderne. Mais…

Cry Macho – Clint Eastwood – Eduardo Minett – Crédit photo : Warner Bros Ent / Claire Folger

1979. Vieux cow-boy solitaire Mike Milo (Clint Eastwood) a été un champion du rodéo au Texas, pour le plus grand profit de son boss, l’éleveur Howard Polk (Dwight Yoakam). Une mauvaise chute a mis un terme à sa carrière. Il est devenu dresseur. La perte de sa femme et de son enfant dans un accident, l’abus d’alcool et de médocs ont fini de détruire sa vie. Aussi, sous le prétexte d’un nouveau retard au travail, Polk en profite pour le virer sur le champ, sans égard pour son grand âge. Cependant, un an plus tard, celui-ci vient le voir pour lui confier une mission : retrouver et ramener Rafael (Eduardo Minett), son fils, un ado rebelle livré à lui-même, qui vit au Mexique avec Leta (Fernanda Urrejola), une mère richissime, toxicomane, nymphomane et machiavélique, dans un environnement mafieux. Bien entendu, il y a anguille sous roche…
Cry Macho est un voyage initiatique, une balade mélancolique (bien plus qu’un néo-western) au scénario prévisible (il est pourtant cosigné Nick Schenk, scénariste de Gran Torino et La Mule), parsemé d’invraisemblances et de clichés (c’est bien connu, les Mexicains sont des narcotrafiquants ou des policiers corrompus) et accompagné d’une (très courte) réflexion sur la virilité et la vieillesse. Son intérêt est ailleurs.

Cry Macho – Natalia Traven -Crédit photo : Warner Bros Ent / Claire Folger

Il y a ces émotions multiples suscitées au tout début lorsque l’acteur apparaît à l’écran. Malgré sa grande vieillesse (les traits marqués, sa grande carcasse cambrée, la démarche raidie, la voix de plus en plus faible), il est toujours debout et continue son métier. Et puis, à travers des thèmes récurrents, comme la transmission et la rédemption, associés aux images qui s’offrent à notre regard ou nous titillent l’esprit, il y a l’occasion de voir défiler une partie de la filmographie du réalisateur/acteur. Outre la figure du « cow-boy eastwoodien », on imagine très bien Leta être en cheville (voire sa maîtresse) avec Laton (Andy Garcia), le chef du cartel, dans La Mule. La transmission à une autre génération ou « Le vieil homme et l’enfant », c’est Un Monde parfait, Million Dollar Baby, Gran Torino. La rencontre avec Marta (Natalia Traven), veuve et patronne d’une cantina, fait penser à celle de Francesca Johnson (Merryl Streep) et Robert Kincaid Sur la route de Madison. Une autre séance révélerait certainement d’autres films. Comme les pages d’un album de souvenirs en quelque sorte.

Cry Macho de et avec Clint Eastwood, avec également Dwight Yoakam, Eduardo Minett, Ana Rey, Natalia Traven, Fernanda Urrejola (Western/Drame/Voyage initiatique -2021 – 1h44 – Date de sortie : 10 novembre 2021).
Voir :
La bande annonce du film (Warner Bros – Vostf – 2021 – 2mn45)
Philippe Descottes

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2 commentaires

  1. Un album souvenir où tous les clichés ne sont pas réussis, c’est vrai. Mais il reste quelques confessions émouvantes et un road trip qui se laisse aller, à son rythme, sur air de mélancolie. « La sincérité de ce qui vaut la peine d’être vécu est la raison d’être du film. Ni plus ni moins. » comme l’écrit joliment Roger Ebert.

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