Pour en savoir un peu plus ou aller plus loin, avant ou après la séance…

Ce n’est pas forcément un effet collatéral de la rentrée littéraire, mais il y a beaucoup à lire ce mois-ci (et pour les semaines à venir)…
Du côté de l’actualité, avec la sortie de Dune, il y a bien entendu le 1er roman de Frank Herbert (à relire ou à découvrir) et le livre sur le livre Tout sur Dune dans lequel Lloyd Chéry, des écrivains, des fans et des spécialistes explorent le phénomène Dune. L’actu c’est aussi, hélas,la disparition de Jean-Paul Belmondo, d’où l’occasion de lire ses mémoires, Mille vies valent mieux qu’une. « Certains ont écrit des biographies sur moi. Il fallait bien qu’un jour je donne ma version. Cela fait cinquante-six ans qu’on me demande de raconter ma vie. La première fois, c’était en 1960, après À bout de souffle. Évidemment, à l’époque, j’étais un peu maigre …» déclarait Bébel dans un entretien avec François-Guillaume Lorrain pour Le Point en octobre 2016.
En attendant la sortie sur les écrans français de L’Evénement d’Audrey Diwan, Lion d’or à la Mostra de Venise, pourquoi ne pas lire le roman d’Annie Ernaux dont le film est tiré… Et, en attendant, toujours, l’adaptation cinématographique, pourquoi ne pas lire non plus Blonde de Joyce Carol Oates sur Marilyn Monroe. Quant au film d’Andrew Dominik, produit par la plateforme N…x, c’est compliqué. Il aurait pu être présenté hors-compétition à Cannes cette année, mais surtout à Venise. Cependant, il n’en a rien été. Pas plus qu’il n’a été diffusé sur la plateforme. La raison officielle : un embouteillage de sorties cet automne amènent à un report de Blonde à l’année prochaine. Le site World of Reel évoque une autre hypothèse : un conflit entre le réalisateur et N…x au sujet du final cut avec des scènes de sexe choquantes…

Parmi les événements, le 1er roman de Quentin Tarantino, désormais écrivain dit-il (mais Luc Besson avait lui aussi renoncé à la réalisation pendant un temps avant d’y revenir). Il était une fois à Hollywood est donc la novélisation de Once upon a time in… Hollywood avec des bonus.
Le réalisateur Alain Guiraudie a lui aussi pris la plume pour écrire Rabalaïre « Rabalaïre, en occitan, désigne « un mec qui va à droite, à gauche, un homme qui aime bien aller chez les gens ». Ici, c’est Jacques, chômeur, passionné de vélo, d’une humanité à toute épreuve, et qui entre Clermont-Ferrand et l’Aveyron, va connaître toute une série d’aventures. » Pour son 7e livre, Une certaine raison de vivre, le comédien et metteur en scène Philippe Torreton s’est inspiré d’une nouvelle de Jean Giono. « Des tranchées, des arbres, les tourments d’un homme et l’espoir du monde. Du grand massacre de 14-18, Jean Fournier revient indemne physiquement mais broyé de l’intérieur. Démobilisé, il fait tout ce qu’il peut pour y croire, croire qu’une vie est encore possible après cinq années à voir et entendre ce que des yeux et des oreilles de vingt ans ne devraient pas avoir à saisir (…) » . Avec Les étoiles les plus filantes, la romancière Estelle-Sarah Bulle, nous fait voyager dans le temps et nous emmène à Rio en 1958, sur le tournage d’Orpheu Negro de Marcel Camus, une réécriture du mythe d’Orphée et Eurydice. Palme d’Or du Festival de Cannes 1959, le film remportera l’Oscar du Meilleur film étranger en 1960.
Historien et critique de cinéma, auteur, entre autres, de biographies sur Truffaut, Godard, Melville, Rohmer, Tim Burton, Antoine de Baecque a livré il y a quelques semaines Histoire-caméra II- Le cinéma est mort, vive le cinéma qui s’intéresse au rapport que le cinéma entretient avec la mort. L’ouvrage fait suite à L’histoire-caméra : «(…) le cinéma donne une forme à l’histoire, laquelle, en retour, y inscrit son empreinte comme sur une plaque sensible. Le septième art aurait-il une dimension historique intrinsèque ? La réponse d’Antoine de Baecque est sans équivoque : » La forme cinématographique est de part en part historique, et le cinéaste, doté de son outil, l’histoire-caméra, un historien privilégié. » Toujours d’Antoine de Baecque, la volumineuse biographie (624 pages) qu’il vient de consacrer à Claude Chabrol disparu en 2010 (chez Stock – En vente à partir du 22 septembre). Une autre biographie : Tony Scott on fire de Charlotte Largeron, et une étude sur le giallo, genre particulier rattaché au cinéma italien des années 1960, L’ultima maniera – Le giallo un cinéma des passions d’Alice Laguarda, sans oublier le livre que la critique de cinéma Murielle Joudet consacre à l’actrice Gena Rowlands, Gena Rowlands On aurait dû dormir, Prix du livre de cinéma 2021 du CNC :« Gena Rowlands habite deux mondes : celui des films de John Cassavetes, et celui, plus méconnu et presque antagonique, de la télévision américaine dont elle fut une présence familière depuis les années 1950. Ce livre retrace sa carrière, explore son jeu ébréché, raconte une vie d’actrice à la manière d’un roman à plusieurs strates. »

Enfin, si James Bond a attendu un certain temps avant de pointer le bout de son nez (masqué ou non, ce devrait être chose faîte à partir du 28 de ce mois), Guillaume Évin, journaliste et spécialiste de 007, nous propose, Il était une fois… James Bond, la biographie complète de l’agent secret.
Du côté des magazines et des revues, Première a mis les bouchées doubles. Le n°521 à peine sorti, le numéro d’octobre (522) est déjà en vente ! Dans le numéro de septembre le mensuel consacrait un important dossier à la phase IV, rien à voir avec le film de Saul Bass, c’est de Marvel Studios dont il s’agit avec son « film pivot » Shang-Chi et la légende des dix anneaux. Le magazine a eu la bonne idée de venir au secours du lecteur qui s’y perdrait en résumant les phases précédentes qui se sont succédées depuis 2008 (ouf!). Egalement au menu, un entretien avec Julia Ducourneau après sa palme cannoise et un focus : A quoi ressemblera Dune ? (le film n’ayant pas encore été projeté) avec l’un des scénaristes Eric Roth. Le numéro d’octobre consacre sa couverture à… Jean-Paul Belmondo et lui rend hommage dans un dossier de 30 pages, Le roman de Bébel. Le focus du mois est consacré à Mourir peut attendre avec, notamment, les rencontres de Barbara Broccoli, Daniel Craig et Cari Joji Fukunaga, ainsi qu’une réflexion du journaliste (et « bondofile ») Frédéric-Albert Lévy sur la possibilité d’une série TV et l’avenir de la franchise. Le mensuel propose également deux entretiens, l’un avec Joachim Trier, le réalisateur de Julie (en 12 chapitres), l’autre avec Jane Campion (Lion d’argent de la meilleure réalisatrice à la Mostra de Venise pour Le pouvoir du chien). Le portfolio est consacré au nouveau (et magnifique) film d’animation de Tomm Moore Le Peuple loup.

Dans son n°727 Positif s’intéresse plus particulièrement à trois cinéastes, Andreï Konchalovsky (Chers Camarades !), Jasmila Zbanié (La Voix d’Aïda) et Ryusuke Hamaguchi (Drive my car). Le titre du dossier mensuel parle de lui-même, Les Français à Cannes, revient ainsi sur plusieurs films de l’édition cannoise de juillet dernier et donne la parole à François Ozon (Tout s’est bien passé), Julia Ducournau (Titane) et Hafsia Herzi (Bonne Mère).
Si l’éditorial de Marcos Uzal, rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma (n°779), fait écho à Histoire-caméra II d’Antoine de Baecque et revient sur l’idée de « la mort du cinéma » (un pessimisme qui remonte… aux frères Lumière qui avaient déjà des doutes quant à l’avenir de leur invention !), la revue s’est également focalisée sur trois films cannois et a rencontré Léa Seydoux (France), Nadav Lapid (Le genou d’Ahed) et Mathieu Amalric (Serre-moi fort). Par ailleurs, le mensuel rend hommage à Jean-François Stévenin, tandis que la rubrique Cinéma retrouvé est consacrée à Jean Vigo dont l’intégrale fait l’objet d’une ressortie en salles le 29 septembre.
Cinéma Teaser (n°105) fait sa couverture avec Dune qui occupe une place importante avec notamment des entretiens avec Denis Villeneuve, le directeur de la photographie Greig Fraser et l’acteur Chang Chen. Le mensuel a également rencontré Sean Penn, réalisateur et acteur de Flag Day, dans lequel il donne la réplique à sa fille Dylan, Tom McCarthy, le réalisateur de Stillwater, tourné à Marseille, et son interprète principal Matt Damon, l’actrice et chanteuse Mary Elizabeth Winstead (Kate) et le réalisateur du « thriller paranoïaque » Boite noire, Yann Gozlan.
Dans son n°36, La Septième Obsession ne pouvait faire l’impasse sur Dune, mais consacre surtout un important dossier aux arts martiaux (Hong-Kong, Japon, Etats-Unis).
SoFilm (n° 87) se demande si Sidney Lumet n’était pas le plus grand cinéaste américain le moins souvent cité ? Cela méritait bien un (très intéressant) dossier sur le réalisateur de L’Homme à la peau de serpent, Serpico, Network (…). Le bimestriel s’est par ailleurs entretenu avec Josiane Blasako, Tom McCarthy et Lashana Lynch (Nomi /Agent 00 dans Mourir peut attendre).
Bonnes lectures 😉
Philippe Descottes
Il faut que je me procure ce numéro sur Lumet de toute urgence !