Sélection officielle. En Compétition
La Fracture de Catherine Corsini

Le couple Raf/Julie (Valeria Bruni Tedeschi/Marina Foïs), se querelle de nouveau. Mais pour Julie, Raf est allée trop loin. Elle décide de la quitter. En essayant de la rattraper dans la rue, Raf glisse et se fracture le coude. Yann (Pio Marmai) est chauffeur routier. Il se rend à un manif des gilets jaunes. La police charge, il est gravement blessé à une jambe par une grenade de désencerclement. Yann et Raf, bientôt rejointe par Julie, se retrouvent aux urgences. A l’extérieur la tension monte. Des blessés affluent. L’hôpital est sous pression. Le personnel est en grève mais assure les soins malgré tout. Il est rapidement débordé…
La fracture du titre c’est bien sur celle du coude de Raf, mais aussi cette « fracture sociale » (un thème de campagne pour les présidentielles de 1995) qui gangrène la société française et ne fait que s’aggraver. Le système de santé, soumis aux contraintes budgétaires, n’est plus en mesure d’assurer sa mission.
La fracture est un drame social sous la forme d’un huis-clos, avec un soupçon de comédie. Une ponctuation nécessaire pour atténuer les tensions dans cette atmosphère chaotique et explosive. Aussi, la rencontre (improbable en d’autres circonstances), celle de « la bobo et du prolo », entre une Raf survoltée (à l’excès) et un Yann exalté, pressé de reprendre la route, donne lieu à quelques moment cocasses. Mais voilà, ils font trop « fiction » et on préférera la réalité qu’apporte par sa justesse Aissatou Diallo Sagna, qui joue ici Kim, une infirmière amenée à effectuer sa sixième garde de nuit. Son enfant est malade et son mari panique… Dans la vie, elle est aide soignante.
Avec Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmai, Aissatou Diallo Sagna (Comédie dramatique – France – 1h38)
Sélection officielle. Un Certain Regard

C’est la rentrée des classes. Mais pour Nora (Maya Vanderbeque) c’est un jour particulier, elle entre en primaire, en CE1. C’est un autre monde. Elle a peur. Elle pleure. Abel (Günter Duret), son grand frère, est dans le même établissement. Il la prend dans ses bras pour la rassurer. Il la retrouvera à la récré, promis. Son père (Karim Leklou) est venu l’accompagner. Il tente aussi de la réconforter. Nora se fait sa place petit à petit, mais elle découvre aussi que son frère est harcelé par les grands…
Avec son Un monde, la réalisatrice belge Laura Wandel propose une plongée immersive dans le monde de l’école. Son premier long métrage surprend par sa maîtrise et son choix de film à hauteur d’enfant. Ainsi, pour le tournage le directeur de la photographie, Frédéric Noirhomme avait harnaché une caméra autour de sa taille et suivait Maya partout. Les visages des adultes (le père, l’institutrice) n’apparaissent à l’écran que quand ils se baissent à sa hauteur, sinon ce sont des voix en off. La petite Maya Vanderbeque (9 ans au moment du tournage) est étonnante. Le film est candidat à la Caméra d’Or.
Avec Maya Vanderbeque, Gûnter Duret, Karim Leklou, Laura Verlinden (Drame – Belgique – 2020 – 1h13 – Date de sortie: 10 novembre 2021)
Le site officiel du Festival de Cannes
Philippe Descottes