Sélection officielle – En Compétition
Tout s’est bien passé de François Ozon (France – Drame – 1h53. Avec Sophie Marceau, Géraldine Pailhas, André Dussollier, Charlotte Rampling)

Sophie Marceau est venue plusieurs fois à Cannes. Elle fut même membre du jury en 2015. Mais elle n’avait jamais été en Compétition. De son côté, François Ozon est un habitué. Après Jeune et jolie en 2013, L’Amant double en 2017 et Ete85 label Cannes 2020, il adapte le roman autobiographique éponyme d’Emmanuèle Bernheim décédée en 2017 et collaboratrice de quatre de ses scénarios. Amie très proche de la romancière, Alain Cavalier avait envisagé de l’adapter. Atteinte d’un cancer, le projet n’a pu se faire mais le réalisateur avait tiré de e contexte un docu-fiction Etre vivant et le savoir présenté hors compétition à Cannes en 2019.
Industriel et collectionneur d’art, André, 85 ans, a été victime d’un AVC. Il s’en remet, mais cela ne lui va plu de vivre ainsi, dans la souffrance et la dépendance. Aussi, il charge l’une de ses filles, Emmanuèle, de l’aider à s’en aller, dignement. Mais en France, c’est interdit et Emmanuèle hésite beaucoup…
Au cinéma, l’euthanasie a donné lieu à plusieurs films parmi lesquels, outre le docu-fiction de Cavalier déjà cité, Amour de Michael Haneke ou, moins connu, Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé (2012). Ici, François Ozon articule son récit autour de plusieurs journées et s’arrête sur les instants et les décisions difficiles auxquelles la famille (dans la cas présent, les deux filles, jouées par Géraldine Pailhas, méconnaissable, et Sophie Marceau) est confrontée suite à cette volonté de partir de leur père. Ce pouvait être un mélo, il n’en est rien. Le réalisateur part sur une trame dramatique mais insère des moments plus légers, par le biais notamment d’André, interprété par un André Dussollier vieilli, le crâne rasé et la bouche déformée, personnage autoritaire, cruel, mais aussi excentrique, malicieux et touchant. Pour le dénouement, Ozon change de registre et emprunte le chemin du thriller.
L’interprétation est l’utre point fort du film. A celle d’André Dussollier, il convient d’associer celle de Sophie Marceau, à la fois toute en retenue et juste.
– La bande annonce de Tout s’est bien passé
Cannes Première
Val de Ting Poo et Leo Scott (Etats-Unis- Documentaire – 1h40)

De Val Kilmer (puisque le Val du titre est bien le sien) au cours de la précédente décennie, on se souvient de sa prestation dans Twixt, le thriller horrifique de Francis Ford Coppola (2011), et de son rôle dans le polar Le Bonhomme de neige de Tomas Alfredson, d’après le roman de Jo Nesbø (2017). Un film dans lequel il apparaissait marqué physiquement. Depuis ? Rien de mémorable sur le plan international en attendant de découvrir les films de ces derniers mois dont la sortie a été reportée en raison du contexte sanitaire.
Val, émouvant documentaire, produit par ses enfants Mercedes et Jack, apporte une réponse à ce (relatif) silence depuis 2017. Val Kilmer l’explique devant la caméra, il a eu un cancer de la gorge. Il est guéri, mais le traitement a laissé des traces. Aujourd’hui, il a les plus grandes difficultés pour parler. Il s’adonne désormais à ses passions, le dessin, les collages et la peinture.Le long métrage de Ting Poo et Leo Scott ressemble à bien d’autres documentaires, une évocation de sa carrière, dans l’ordre chronologique, illustrée par des extraits de ses principaux films et des images d’archives. Cependant, il y a une différence de taille. Aux extraits sont associées des images que l’acteur a lui-même filmées, des moments en famille ou sur les tournages. Un stock impressionnant de bobines et de cassettes, de boîtes et de cartons, dont Val Kilmer reconnaît qu’il ne sait plus ce qu’elles contiennent. Dommage, mais Val nous offre malgré tout des moments savoureux (comme voir Sen Penn et Tom Cruise jeunes) et nous révèle quelques anecdotes, confidences et secrets. Ainsi ses cassettes qu’il a envoyées à Stanley Kubrick et à Martin Scorsese pour essayer de les convaincre de le prendre (Full Metal Jacket, Les Affranchis), l’évocation de cadeau empoisonné qu’ a été Batman, ou la déception du tournage chaotique de L’ile du Dr Moreau de John Frankenheimer, avec son idole Marlon Brando (1996).
– La bande annonce de Val
Le site officiel du Festival de Cannes
Philippe Descottes