Eh oui, ami lecteur, nous voici maintenant dans le quartier Saint-Barthélémy autrefois, lui aussi, très campagnard mais qui a su se moderniser tout en restant « dans son jus ». Ce quartier a une longue histoire et c’est pour cela que je traiterai le sujet en deux parties pour être exhaustif, cela en vaut la peine. Il y a beaucoup de choses à voir ici.
Descendant le Bd de Cessole et arrivant au carrefour avec l’avenue Cyrille Besset («La Dominante»), on remarque à main droite une ancienne maison portant sur sa façade Est un curieux motif mural, un sgraffite portant une date:1925 et, en premier plan une horloge Brian du même modèle que celui vu autrefois sur la place Goiran (cf précédent article sur St Sylvestre), surmontée d’un lampadaire d’un modèle rétro. Un projet de modernisation plane sur ce sympathique petit quartier, visant à le «rénover» à la mode moderne lui faisant perdre ainsi tout son cachet car, ami lecteur la «modernisation» rime souvent avec bétonisation et, en guise d’œuvres d’art ornementales, on nous gratifie de «sculptures» composées de morceaux de ferrailles (rouillés si possible) aussi hideux les uns que les autres, c’est la mode aujourd’hui!

Plus bas c’est l’avenue Cyrille-Besset et, sur la gauche apparaît la façade ouest de l’imposant couvent de Saint-Barthélémy autrefois occupé par des pères Capucins* et ce jusqu’à l’arrivée des Révolutionnaires français en 1792 qui ont tenté de les chasser manu militari…sans succès !
Ces religieux venus de Gênes s’établissent en 1552 à Nice et restaurent l’église primitive de Saint-Barthélémy qui leur avait été mise à disposition par les moines Bénédictins de St-Pons.
Le nouveau sanctuaire est béni le 30 novembre 1555 par l’évêque de Nice Mgr François Lambert. Le jardin attenant fut, par la suite, agrandi grâce à des dons de particuliers charitables.
On y trouve aujourd’hui un cloître, un puits, des inscriptions romaines et trois sarcophages**, le tout décrit par le Docteur Alexandre Baréty dans le N° de la revue « Nice-Historique » du 1er juillet 1909.
En 1623, on décida d’une remise à niveau des bâtiments jugés fragiles et en 1750 il a fallu se résoudre à rebâtir l’église mal conçue au départ, trop exigue pour le nombre de fidèles à accueillir. A cette époque, on démarre les travaux du nouveau port Lympia et le concours généreux des entrepreneurs de ce gros chantier va être mis à profit pour une remise à niveau complète de l’édifice religieux.
A partir de l’année 1783, le roi de Piémont-Sardaigne interdit pour des raisons sanitaires les inhumations dans les cryptes des églises, avec pour corollaire l’obligation de créer des cimetières dans les communes et l’église Saint-Barthélémy n’échappera pas à la règle. Seuls les clercs auront encore droit à un caveau dans la crypte du sanctuaire.
Le nouveau «Campo Santo» sera donc bâti au nord du couvent et, au fil des siècles va recueillir les tombes de vénérables célébrités niçoises très connues: Alexandre Durandy, Laure de Maupassant mère de son célèbre écrivain Guy et, plus près de nous Jean Behra, célèbre motocycliste et coureur automobile décédé tragiquement en 1959 à Berlin, Cyrille Besset, peintre paysagiste niçois, la famille Arson, sans oublier la célèbre famille Spitalieri de Cessole, l’impressionnant gisant de Georges Dalmas, un brave Poilu tombé au front durant la Grande Guerre et j’en passe.
En 1793, le couvent est mis en vente comme bien national mais les moines y demeurèrent incognito et à la Restauration en 1816, les Capucins font alors leur retour au grand jour.
En 1835, c’est la suppression des communautés religieuses dans les états sardes. Le couvent et ses dépendances, par un acte d’achat, deviennent propriété du conseil de fabrique et par ce biais, les frères capucins purent continuer à desservir l’église oû ils étaient présents depuis environ trois siècles!
Vers 1887, le clocher du couvent vieillit mal et les frères Capucins désirent donner l’heure aux paroissiens du quartier. On construit donc une tour à horloge, en fait une copie en réduction de la tour du palais de la Seigneurie de Florence.

Pendant un certain temps les deux ouvrages vont cohabiter puis le Conseil de Fabrique décida de démolir le vieux clocher devenu vétuste. Les cloches viendront prendre place dans la nouvelle tour, celle que l’on voit de nos jours, coiffée (depuis 1885) d’un ange-girouette, renversé par la foudre à l’automne 2010 mais rétabli par la suite le 21-12-2012 lors d’une cérémonie en présence de l’évêque d’alors Mgr Louis Sankalé.
En 1901, c’est la promulgation de la loi sur les associations et les Capucins italiens doivent partir. Ne restèrent alors que les Capucins français devenus prêtres séculiers. Le dernier, le père Victor Tamisier quitta le couvent le 1er septembre 1972.
L’ancien monastère et le cimetière sont aujourd’hui accessibles par la montée Claire Virenque***, voie montueuse qui s’embranche sur l’avenue Cyrille Besset au niveau du bâtiment de la Poste. Jadis, cette voie se nommait « Chemin de l’Eglise Saint-Barthélémy ». En 1933, le changement de dénomination de cette rue provoqua quelques remous dans l’opinion publique (cf «les Annales du Comté de Nice», avril 1934).

Pour finir, signalons que l’église recèle un beau triptyque de François Bréa (Vierge à l’Enfant encadrée de St Jean-Baptiste et St Sébastien) visible au dessus du maître autel et que Saint-Barthélémy, apôtre du Christ prêcha en Inde et en Arménie où il subit le martyre en étant, entre autres, écorché vif, d’où le couteau qu’il porte dans ses représentations.
Ami lecteur nous arrivons au terme de cette première partie de notre visite du quartier de Saint-Barthélémy. Dans la deuxième partie nous traiteront d’autres aspects de ce faubourg si attachant.
Baiètas
Yann Duvivier – Mars 2021
(*): Les Capucins sont des religieux issus d’une branche des Franciscains. Ils portent la barbe,sont pieds-nus dans leurs sandales et, pour sortir se coiffent d’une capuche pointue.
(**): Jusqu’à une époque pas très éloignée, ces sarcophages servaient de citernes d’eau aux religieux et sans doute aux riverains. Ils sont maintenant exposés au musée archéologique de Cimiez.
(***): Claire Virenque (18?-1922) était poète et écrivain.
Sources:
-Divers Internet Wikipedia.
-Iconographies (photos & C.P. Anciennes) : collection Yann Duvivier.
-«Le Prieuré St Barthélémy devenu paroisse» par Mgr Denis Ghiraldi (2004).
très intéressante et plaisante cette série d’articles. Merci
Je suis né au 60 avenue Cyrille Besset et pour nous la « Dominante » a toujours été l’endroit où le bd Gorbella finit sur Cyrille Besset
Le lieu où Cessole coupe Cyrille Besset était appelé « les deux avenues »