Cinéma / THE CLIMB (La montée) de Michael Angelo Covino

Récit en ruptures temporelles et plans- séquences, accompagnés d’une esthétique stylisée saupoudrée de décalages et d’humour. Complicités , provocations et dérapages où se côtoie le drame et le burlesque. La comédie de l’amitié masculine mise à l’épreuve du temps et des clichés , fait mouche !…

La montée du Col de Vence – Mike ( Michael Angelo Covino ) et Kyle ( Kyle Marvin) – Crédit Photo : Topic Studio , Metropolitan  film distribution-

Présenté à la Section Un certain Regard en 2019 au Festival de Cannes, The climb , premier long métrage du cinéaste, y avait fait sensation (  coup de cœur du jury ) , et a doublé la mise avec le Prix du jury au Festival de Deauville. Aboutissement du travail complice d’un « duo » amical qui s’est tissé avec le scénariste Kyle Marvin au long d’un travail commun ( écriture , mise en scène et production…) dans les courts métrages. Le  premier long ,de Michael Angelo Covino , est le prolongement de l’esquisse courte qu’il avait présentée – et fut primée – au festival de Sundance en 2018. Aboutissement de la volonté forte du cinéaste pour, à partir d’un « vécu amical » dont il s’inpire, d’aller en sonder la possible dramaturgie et les faces cachées peu reluisantes – et surtout- interpeller , le spectateur sur ce qu’elles révélent , et donnent à réfléchir sur l’amitié masculine . Rarement le cinéma Américain a abordé le sujet de celle-ci, sous l’aspect toxique qu’elle peut parfois revêtir . Reflet ,à la fois d’une forme d’amour-haine dont elle prendrait les habits , afin de « tester » l’autre, le faisant basculer dans le drame en l’habillant de l’authenticité de la comédie humaine. Celle dont le cinéaste déplore dit-il : «  la disparition … par l’outrance , dans le cinéma contemprain »  , y rendant l’émotion et les accents de vérité absents , reflet d’un cinam et d’une société engoncée dans les clichés masculins . A cet égard la séquence d’ouverture du film est magnifique, où nos deux héros empruntent , à vélo , la longue montée du Col de Vence . Avec son suspens et le décalage de l’humour qui s’y inscrit… via  « l’aveu » qui va faire mal !. Révélant la  « fourberie » de Mike ( Michaêl Angelo Covino, aussi devant la caméra ) qui choisi à déssein la mise à l’épreuve de la montée pentue , dont il sait y être meilleur que son ami , Kyle ( Kyle Marvin , son scénariste ) qui va se bientôt se marier… pour lui annoncer qu’il a eu une aventure avec sa future femme !.  Coup de poignard, rendant furieux Kyle  !. Mike ,jouant à « attrappe -moi si tu peux » !  , la scène est  d ‘autant plus jubilatoire qu’elle ajoute au courroux de Kyle furieux de son cocufiage : «  si je t’attrappe , je te tue ! », dit-il . Querelle  à laquelle  s’ajoute , en décalage et trouble – fête  de la colére  du reglement de compte et défi   verbal de nos deux amis ,  un automobiliste qui veut « doubler » le duo de grimpeurs  et  les  insulte cherchant  à en découdre , avec sa  »  Deux chevaux », rouge !….

Gayle Rankin ( Melissa) , Michalel Angelo Covino ( Mike ) et Kyle ( Kayle Marvin) – Crédit Photo : Topic Studios , Métropolitan Film export  Distribution –

Le mariage de Mike qui  tombe à l’eau , et la belle amitié rompue… jusqu’à ce qu’un événement douloureux pour ce dernier, ne fasse revenir son ami en consolateur. Le « défi » des retrouvailles et du pardon sera bref et mis à nouveau à l’épreuve au long d’une dizaine d’années chaotiques . Années  emblématiques de ce « lien » irrépréssible qui les uni : «  ils sont prisonniers du passé , ils s’accrochent et l’idéalisent », explique le cinéaste . Dés lors, le récit qui embrasse tous les possibles des colères, revirements et autres dérives, et   en construit une magnifique déclinaison témoignant de l’irrépréssible besoin maladif de l’autre et de sa présence . Oubliées, en effet dès qu’elle se manifeste, les invectives et le «  je ne veux plus le voir ! » adréssé aux proches à qui l’on demande d’éloignr l’ami indésirable  . Mais il suffit que sa silhouette se déssine au loin et s’approche… pour que l’armure se fende , et que l’on soit prêt de nouveau à oublier, et à tout recommencer !. C’est , la subtile et superbe approche de ce « désir là et ses élans » , dont le cinéaste nous rend témoins , et qui y vibre chorégraphié superbement dans toutes les séquences où l’authenticité se fait jour. D’autant plus éfficacement, qu’elle y est mise en valeur , par ce chaos quasi surréaliste et théatralisé des «  duels » , qui s’y jouent . Le tour de force , c’est que cette théatralité et ses choix esthétiques ( éllipses , évocations musicales, références …) , y font vivre et battre , l’émotion authentique . Comme le fait la prodigieuse séquence de la réunion familiale du Thanksgiving  où la venue de l’ami banni , est prévue ! . Et où , avant celle-ci on fait connaissance de la famille et des relations qui les unissent . Tandis que s’y distillent les commentaires , et intérogations sur la prochaine arrivée de l ‘ami indésirable invité par la mère. La pression qui s’y fait jour et l’inquiétude que ses dérapages ne recommencent, murent dans l’attente angoissée d’un nouveau clash , l’ami si souvent floué . L’atmosphère magnifiquement rendue et chaque personnage , superbement portraitisé  par de simples expréssions, détails ou dialogues révélateurs d’un état d’esprit et ressenti, y pèse . La demeure remplie de cette tension que, même la mère tentant de convaincre les réticents de l’assemblée et son fils de faire un éffort argumentant de son poids maternel : «  il va mal, on était sa seule famille , il n’a personne » ! , ne pourra faire apaiser !. Superbe Atmosphère oppréssante qui enveloppe tout ce beau monde cherchant de se préserver  ( en vain ?..) d’un nouvel éclat…

Mike ( Michael Angelo Covino) face à Ava ( Judith Godrèche ) objet de la ruprure entre les deux amis – Crédit Photo : Topic Studios ,-Metropolitan film Export  distributuion –

D’autant qu’un nouveau mariage est prévu , et que la promise est au courant du passé commun des deux amis , et craint  le pire de ces retrouvailles:  «  il doit s’en aller ! » dit-elle . A qui fera écho cette belle réplique adréssée à Mike en forme de  parfum d’un combat de boxe attendu : «  quand on t’assomme , remonte sur le ring ! » , en guise de méditatioon sur ces avatars et les combats à mener  qui jalonnent une vie. C ‘est,  en quelque sorte,  ce que Mike n’a céssé de vouloir faire avec ses maladresses et provocations : tenter de montrer à son ami une nouvel horizon, et « mode de vie » . Aux multiples ruptures succésives, la scéne du lac gélé qui suivra les retrouvailles du Tanksgiving, finira par faire basculer les enjeux d’un possible point de non- retour définitif  auquel elle aurait pu aboutir. A cet égard, le recit et la mise en scène en distille tout au long des « éclats » de Mike , mais aussi , via le choix des références cinématoraphiques  et de  la bande sonore et musicale  qui  les accompagnent .  Références et influences cinématographiques Américaines  revendiquées , y trouvant un  jeu de miroir culturel saisissant   avec celles  Françaises.  C’est la belle idée  du  film  dont le cinéaste s’y  fait l’écho porteur de son point de vue d’auteur , via les influences dont il revendique la parenté . Des références Américaines citant , Dennis Hopper, Robert Altman , ou Woody Allen … où la complexité des regards y est présente , comme celle de «  la liberté narrative de la mise en scène qui n’existe pratiquement plus , aujou’dhui » , dit-il . Dans The Climb , il la revendique et l’incrit dans chaque plan cette liberté de regard. La complétant par celle inspiratrice de la nouvlle vague Française ( Truffaut, Godard , Varda , Rohmer.. ) dans laquelle il a baigné, évoquant ses séjours et ses liens avec la France . Au cœur de ces références , il y injecte la sienne et sa dose d’inattendus , de dacalage burlesque , d’humour et de poésie «  qui provient de la vérité des personnages, créant l’émotion », souligne-t-il . La référence à l’humour poétique de Pierre Etaix , s’y invite , en même temps que celle à Claude Sautet,  dont The Climb, en   portrait- miroir de la société Américaine d’aujourd’hui , renvoie et évoque celui qu’hier Claude Sautet faisait de la société Française .  Enfin , il faut dire et ajouter , que le superbe portrait de ces deux amis masculins, le cinéaste l’a volontairement voulu et conçu à contre -courant , de celui qui habituellement est le tout -venant du cinéma Amériacin avec ses clichés , sur le ( les ) héros masculin . Ici ses deux héros, sont «  brisés, vulnérables.. » et La belle scène finale avec l’enfant, en appelle , par sa poétique évocation  à en perpétuer l’héritage !. Laissez vous porter par l’émotion cinéma qu’il  distille ,  , allez découvrir ce film aussi détonnant qu’original …

(Etienne Ballérini)

THE CLIMB de Michgaël Angelo Covino – 2020 -Durée : 1 h 38

AVEC : Michaël Angelo Covino, Kyle Marvin, Gayle Rankin, Talia Balsam, george Wendt , Judith Godrèche …

LIEN : Bande -Annonce du Film : THE CLIMB de Michael Angelo Covino – Distribution Métropolitan films export .

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