Nice, l’ancien domaine des Comtes de Cessole

Amis lecteurs, nous allons aujourd’hui diriger nos pas au nord de Nice, plus précisément à l’ouest de la partie haute du Bd Auguste Raynaud, dans un quartier dont la voirie est composée de rues dont les noms Chantal, Sévigné, Symiane, Castellane, Monclar n’ont apparemment qu’un lointain rapport avec Nice.

Ce quartier qui abrite l’Evêché de Nice est très agréable, bien ensoleillé, avec de belles propriétés pourvues de beaux jardins. Tout ce quartier compris entre le Bd Auguste Raynaud et le Bd de Cessole mérite qu’on s’y arrête quelque peu.

La famille niçoise Spitalieri de Cessole fut l’âme de ce quartier et il serait intéressant d’en savoir un peu plus sur elle. Ses alliances avec diverses familles dont les marquis de Monclar expliquent les noms des voiries de l’ancien domaine.

Tout débute avec le patriarche, François-Honoré Spitaliéri (1720-1792) qui, par lettres patentes est inféodé au lieu dit Cessole (Acqui Terme/Piémont) avec le titre de Comte. Le fief de Cessole ayant fait retour à la couronne sarde fut proposé à la vente et acquis par les Spitalieri. François-Honoré se lança dans le négoce à Nice et fut nommé second consul de la ville en 1755 et 1762. Son fils fit construire à Nice le palais Spitalieri de Cessole (place St Dominique/Palais de Justice) devenu plus tard Hôtel d’York. Cet édifice, aujourd’hui immeuble de rapport, existe toujours.

Son fils Hilarion (1776-1845) fit une belle carrière: docteur en droit, conseiller municipal et, pour finir président du Sénat de 1835 à son décès. Sa bonne gestion durant l’épidémie de choléra de 1832 lui valut d’être récompensé par le roi de Sardaigne et être élevé au titre de grand-croix de l’ordre de Saints-Maurice-et-Lazare.

Nice, la chapelle Cessole autrefois

La famille bâtit une belle villa dans son domaine, villa qui fut cédée à l’évêque Mgr Chapon qui y établit l’Evêché en 1912. Une deuxième villa du domaine, plus petite, abrita le Chevalier Victor de Cessole. Après maints avatars, cette propriété a été sauvée de justesse et récupérée par la Maison de l’Environnement. L’ancien parc est devenu jardin public. On y voit encore une petite chapelle dont le fronton porte l’inscription «Divo Hilarioni». L’intérieur de l’édifice est encore orné de beaux motifs floraux, malheureusement gâché par un entassement hétéroclite de matériels et d’outils divers, c’est désolant!

Divo Hilarioni, décors muraux

Plusieurs autres membres de la famille de Cessole ont laissé des traces intéressantes dans l’histoire de notre Comté.

Il y eut ainsi le chanoine Eugène Spitaliéri de Cessole, dernier abbé mitré de St Pons, (*) créateur de l’œuvre des filles de la Providence, les Cessolines, destinée à protéger les jeunes filles orphelines en leur donnant du travail et un gîte. Cette œuvre existe toujours, mais plus dans le Vieux-Nice. Autrefois, elles accompagnaient les convois funèbres, faisant office de pleureuses pour assurer quelques revenus à l’œuvre.

Le Comte Hilarion donna naissance à trois fils, Charles, Eugène, conseiller à la cour de Nice jusqu’au Rattachement et Henry, chevalier de Cessole dont le souvenir est perpétué par une rue toute proche du Boulevard éponyme. Très cultivé, il constituera une magnifique bibliothèque dont héritera son fils Victor qui, bibliophile lui-même, va l’enrichir au fil des ans jusqu’à en faire une référence incontournable de la culture locale. En 1936, il en fera don à la Ville de Nice qui l’installera à la Villa Masséna où tout un chacun peut consulter cette inestimable collection gérée par un conservateur.

Le fils d’Henry, ce sera le chevalier Victor de Cessole (1859-1941), un personnage des plus intéressants. Bien loin de se contenter d’être un riche oisif, il va employer sa fortune à créer et à animer de très nombreuses œuvres caritatives : La Providence, le Mont de Piété, le Bureau de bienfaisance et surtout le Club Alpin Français, un humaniste! Un moment fatigué, son médecin le persuada qu’il n’avait rien de grave mais qu’il manquait d’activités physiques. Il se tourna alors vers le Club Alpin Français (C.A.F.) et commença des randonnées dans notre Haut-Pays. Au fil des années il va y prendre goût et notre marcheur va devenir alpiniste averti en conquérant les uns après les autres tous les sommets de la montagne niçoise même ceux réputés inviolables comme les célèbres Aiguilles de Pelens (haute vallée du Var, 2523m) et le Corno Stella (Gesso/Coni). Grâce à lui, de nombreux refuges ouvriront à la grande satisfaction des nombreux amateurs d’escalade ouvrant la voie à l’alpinisme social. Il animera le C.A.F. de nombreuses années en tant que Président de cette association de 1900 à 1932.

Pour couronner son œuvre un sommet du Mercantour portera son nom: l’éperon Cessole au mont Malinvern (2938m).

Il décède en 1941 après une vie bien remplie. Il avait choisi d’être enterré entre mer et montagne et ce sera au sommet du jardin de la Providence, sous le cimetière du Château, avec les Cessolines et des membres de sa famille.

Les deux tombes sont pourtant dans un triste état d’abandon et il est regrettable que les responsables de ce lieu chargé d’histoire ne fassent rien pour le mettre mieux en valeur et honorer ainsi la mémoire de cette grande famille niçoise. Réhabiliter ces sépultures coûterait sans doute moins cher que les ferrailles et les effigies modernes éphémères dont on parsème de plus en plus notre bonne ville de Nice.

Courage amis lecteurs, on en verra d’autres, malheureusement!

 

(*): Il dirigeait l’abbaye de St Pons avec le rang d’évêque.

 

Yann Duvivier
Juillet 2020

Sources:
-Iconographies: photos et repros Y.Duvivier
-Texte: Yann Duvivier et Internet Wikipedia

 

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