Cinéma / LE SEL DES LARMES de Philippe Garrel.

Au cœur de l’oeuvre du cinéaste, la quête d’amour y est éssentielle. Ici , y sont explorés , les liens et sentiments complexes du jeune héros provincial du récit , avec les trois femmes de sa vie où s’incrivent intérrogations et lâchetés. Et ceux de la figure paternelle vénérée, lui servant d’exemple dans son parcours de vie …

Djémila (Oulaya Amamra ) et Luc ( Logann Antuoferno ) – Créfit Photo: Ad Vitam Distribution –

On découvre donc ce fils, Luc ( Logann Antuoferno ) dans l’atelier de son père artisan- menuiser en province, pour lequel il entretien une admiration sans bornes. Philippe Garrel en montre par petites touches en révèlant l’intensité , des élans, des gestes et des mots échangés au cœur du quotidien dans la première séquence, où est évoquée, la perspective d’avenir du «  fiston » . Ce dernier, souhaite s’incrire au prestigieux concours de la célébre école d’ébénisterie  Boulle, de la capitale . Voilà de quoi « titiller » l’intérêt du père veillissant sur les ambitions de son fils. Ce concours c’est plus qu’un rêve, c’est un cadeau à offrir au père pour Luc, qui – en cas de succés – viendrait concrétiser le souhait de transmission, qu’il pourrait lui offrir. Dès lors, dans la maison provinciale , l’amostphère est à la fièvre … de la conqête de la Capitale pour laquelle, on se prépare. Et voilà Luc qui y débarque, demandant son chemin à la belle Djémila, rencontrée à un arrêt de bus. Echange de mots et regards : curiosité méfiante teintée d’attirance  de Djémila ( Oulaya Amamra) , tandis que Luc se fait séducteur, cherchant à forcer la résistance de cette dernière, lui renvoyant l’écho d’un «  je ne t’oubierais pas ! », en défi à son dernier refus. L’inscription au concours éffectuée , le retour en province et l’attente de la convocation va faire basculer les enjeux et semer d’embûches le futur chemin de Luc, avec le retour de sa petite amie et amour de jeunesse, Geneviève            ( Louise Chevillotte ) bien décidée à le reconquérir. Ce dernier se retrouvant dès lors , empêtré dans ses aventures sentimentales succéssives qui viendront parasiter à la fois son parcours professiosnel et la construction de son avenir personnel et sentimental . Mais la recherche d’absolu de sa quête amoureuse, y révélera ses incompréhensions, et (ou ) ses lâchetés , renvoyant , à la fois au vécu et aux ressentis  masculins et féminins des désirs et des sentiments …  les faisant basculer en barrières infranchissables, par les comportements, générés. Le choix d’opposer à Luc, trois cheminements différents vers le désir féminins          ( femme sentimentale , femme dominante et femme -sexe) , a été voulu par le cinéaste, comme approche,  d’une : « étude sur l’amour, pendant que  Luc,  , a cette vie d’apprentissage et de relation avec son père » , dit-il….

Le père ( André Wilms ) – Crédit Photo : Ad Vitam Distribution-

Au cœur du choix du relationnel féminin de Luc , le cinéaste y installe la complexité des réflexes dont il se fait l’écho, et s’y inscivent en comportements révélateurs d’une attitude aux accents « machistes ». Comme le souligne  notamment la gestion de sa rupture avec Genveviève enceinte de son enfant… dont il refusera d’assumer la paternité, estimant avoir été «…piégé, manipulé » !. De la même manière , la symbolique de sa troisiéme aventure avec la femme -sexe ( Souheila Yacoub), qui va l’entraîner, vers un horizon déstabilisant ne correspendant pas à ses attentes, provoquant le choc de la souffrance dont il jugera, être un fois encore, la victime. Mais, ces échecs révéleront aussi , une certaine immaturité dans les approches de sa quête d’amour absolu. Celle dont l’ébéniste qui maitrise désormais son métier (et reçu au concours), va devoir apprendre, à la répercuter dans la construction de son parcours sentimental, quelque peu immature. Philippe Garrel , cinéaste dont le parcours et la vie privée ont imprégné de ses résonnances son œuvre, dont   témoigne , ici encore  son  regard aigu, sur les sentiments qui se nichent au cœur du vécu de ses personnages. Son approche et ses choix stylistiques – qui font écho au travail artisanal du métier d’ébéniste pére-fils de son récit – s’y incrivent en une approche cinématographique artisanale,  en osmose . Au radicalisme avant-gardiste, expérimental et contestataire de ses débuts 😦 Marie pour mémoire / 1967, La cicatrice intérieure / 1971) . Puis, passant dans les années 1980, à une forme plus narrative ( Libeté la nuit/ 1983 ) et désabusée ( La naissance de l’amour /1993 ). Se tournant ensuite vers un cinéma plus apaisé, avec  le superbe La jalouise ( 2013 ) au cœur duquel ses thématiques persistent . Sous cette tonalité artisanale voulue , en forme d’épure, Le Sel des Larmes en prolonge admirablement , l’exploration , via tout un dispositif mis en place, y  stimulant la créativité afin d’explorer les arcanes de l’intimité, dont les motifs et thèmes de son œuvre , y sont sondés avec une profondeur insoupçonnée et rarement atteinte …

Geneviève ( Louise Chevillotte ) et Luc ( Logann Antuoferno- Crédit Photo: Ad Vitam Distribution-

Celle d’un travail d’orfèvre, dont le metteur en scène lors de tournage d’une scène se mue comme un peintre face à son tableau , y imprimant sa « gestuelle » de la même manière , assi que le fait l’ébéniste avec ses gestes «  peaufinant» son matériau . Ouvrant , dès lors, le regard extérieur du spectateur , à la perception d’une suggestion stimulatrice, l’éclairant sur le mystère qui s’y révéle dans  les détails infimes d’un élan , d’un  non-dit, d’un  geste , d’un regard , ou du plan bouleversant… comme celui des larmes d’émotion qui coule sur le visage du père, lorsqu’il lui apprend sa réussite au concours. A cet instant on mesure que le choix du matérieu artisanal fait par le cinéaste est éssentiel, et fait mouche .Ce dernier , refusant le numérique pour travailler sur une péllicule classique en noir et blanc, lui permettant de peaufiner les contrastes ( superbes clairs-obscurs ) et d’ajuster ceux-ci en fonction des cadrages, des lumières et espaces , dans lesquels les personnages évoluent ( la belle scène de l’atelier du père…), afin  d’en restituer le naturel et la dramaturgie qui s’y installe. Servie par la dextérité des « nuances » du travail dans lequel , le grand chef-opérateur , Renato Berta fait merveille. Dés lors , c’est la force de l’émotion susictée qui y trouve l’évidence de l’écho recherché dans  l’exploration sublime de ce rapport père-fils, au cœur du récit. Evocation , chère au cinéaste. Impossible , au cœur de l’intensité qui s’y invite,   de ne pas penser à ce père – inoubliable Maurice Garrel- qui a accompagné son fils dans tant de ses films, et qui décédé en 2013 , a laissé désormais porter le flambeau au cinéaste et à ses enfants ( Léna, Esther et Louis Garrel ) tous impliqués dans le métier. C’est le grand comédien André Wilms, qui incarne admirablement ce père, ébéniste-protecteur.L’osmose qui s’incrit dans ce relationnel , Philippe Garrel la fait vibrer avec une justesse et une pudeur admirable. Impossible d’y résister !. Mais la réussite de ce film- épure, est aussi dans la jeunesse qui s’y inscrit,y construisant son avenir. Incarnée par de jeunes comédiens que le cinéaste a choisis pour la plupart dans les classes du conservatoire où il enseigne. L’omose parfaite dans le travail s’y répercute , perméttant au cinéaste d’aller sonder des directions nouvelles , à l’image de cette approche de la sexualité et de l’érotisme, rare dans son cinéma . Il faut dire que ces jeunes comédiens y sont bluffants de naturel !. A noter enfin , qu’ à l’écriture du scénario, aux côtés du cinéaste ont collaboré Jean-Claude Carrière et Arlette Langmann. Et que la musique du film est signée : Jean-Louis Aubert. Ce dernier, admirateur du cinéaste depuis sa collaboration à La Blésure ( 2013 ) signe désormais la musique de ses films….

( Etienne Ballérini )

LE SEL DES LARMES de Philippe Garrel – 2020- Durée : 1h40-

AVEC : Logan Antuoferno,Oulaya Amamra, André Wilms, Louise Chevillotte,Soheila Yacoub, MartinMesnier, Teddy Chawa, Aline Belibi…

LIEN : Bande -Annoce du Film : LE SEL DES LARMES de Philippe Garrel – Ad Vitam Distribution –

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