Un sac abandonné rempli d’une fortune attisant les convoitises, précipite un jeu de massacre où tous les coups sont permis. Le premier long métrage du cinéaste Sud-Coréen investit les clichés du genre et organise un « récit-puzzle » sur la monstruosité ordinaire engendrée par la société moderne. Décapant et jubilatoire …

Le cinéma Sud -Coréen s’est fait une spécificité dans la maitrise du cinéma de genre et du « polar » dont l’intégration des « codes » de celui-ci , s’inscrit au cœur d’une société en pleine mutation moderne . Il y décrypte l’acuité d’une approche originale et stylistique aussi bien l’univers du monde du pouvoir, et ( ou ) des criminels, que celui des gens ordinaires, qui le subissent. Et dont la seule façon d’en sortir et de survivre, les conduit souvent à verser dans les dérives attisant les bas- instincts et les compromis, les faisant sombrer dans le cercle infernal. A cet effet, le cinéaste dont c’est le premier long métrage a fait le choix délibéré de situer l’action, non pas à Séoul mais dans la ville portuaire de Pyeongtaek, où la diversité du contexte de classes sociales, lui semblait térrain plus propice, dit-il : « pour mettre en scène les destins croisés de personnages ordinaires contraints de se compromettre pour tenter de survivre , ça avait un sens . En effet un port permet d’entrer et sortir discrétement et facilement du pays , ce qui en fait un décor idéal pour cette histoire… ». Et au cœur de son récit structuré en chapitres, et, construit de manière non- linéaire, la mutiplicité des personnnges emblématiques qui s’y inscrit , dans une logique de dispositif où la « confusion » des liens et des rapports, devient moteur de l’imprévisble des rapports, qui s’y jouent. Le nerf de la guerre ,à la fois entr’eux mais aussi pour le spectateur, sera d’y décéler à la fois le vrai et le faux au cœur des manipulations multiples auxquelles le récit apporte la confusion jubilatoire, organisant le suspense et la surprise pour les concernés pris au piège de leurs jeux de dupes et guidés par leurs bas instincts . Mais aussi , pour le spectateur , lui , pris au piége, lui de l’imprévisible, sopoudré d’une belle dose d’humour noir décalé, faisaat miroir à l’horreur ….

Alors, tout commence, on l’a dit, avec ce sac rempli de gros billets que découvre Joong-Man ( Bae Sung-woo ), lors de sa garde de nuit dans le vestiaire du « sauna » où il travaille à temps partiel , endetté après avoir perdu son affaire. Une aubaine , ce sac, dont il pourrait profiter …pour se construire une vie meilleure, lui, qui n’a même pas pas de quoi payer les frais de scolarité de sa fille !. Il va lui falloir trouver solution… s’engage , alors une série de situations au cours desquelles, la découverte du butin éventée, va précipiter les événements attisant les cupidités et inscrivant une engrenage relationnel , où , la violence – succédant à des approches suscitant des rélations toxiques – va se déchaîner dans une sorte de tourbillon de représailles infernal. Celuis -ci, faisant l’objet d’un traitement stylistique, où à la violence des scènes de vengeance meutrières , fait écho le décalage d’une distanciation ironique saupodrée d’un humour à la tonalité vitriolée réjouissante !…et ,ça déménage comme on dit !. Dès lors, cette approche décalée fait mouche, renvoyant à l’horreur de la bestialtié , la parade de la distanciation qui la tempère. L’arme de la surenchère devient celle d’une intérrogation sur un sujet auquel le cinéaste, ouvre le spectateurà la réflexion. Celle dont le magnifique personnage de Soon-Ja ( Youn Yuh- Jung ), la mère de Joong-Man, qui, désormais ne croit plus en rien, ni en personne. Mais qui fera résonner dans la dernière séquence, sa voix. Elle , qui a vu dans son passé tant de fois le pays meutri mis à feu et à sang : « tant que nous sommes vivants et que notre cœur bat encore, il y a de l’espoir… », dit-elle . Elle qui s’était réfugiée dans le mutisme du désepoir, face à la violence qui se déchaîne autour de son fils et de sa famille, elle oppsoe à celle-ci ces mots magnifiques d’espérance en l’avenir. Avec elle , c’est d’ailleurs la superbe approche du cinéaste que de nous proposer une gallerie de personnages aussi complexes que passionnants, dont il ausculte et portraitise avec un soin attentif, les liens qui peuvent, un moment les unir , et les bléssures multipeles qui les ont chacun , fait ( ou vont les faire …) basculer dans la bassesse des instincts et réflexes, qui les animeront désormais , les cnduisnat vers l’inéluctable . Dans cette société gangrénée par l’argent du capitalisme , objet de tous les désirs et convoitises. Source de vie , de sacrifces , de compromis ,de misère et de mort…

C’est par exemple le refuge vers l’espoir ( et l’amour? ) que cherchera à y trouver , le jeune chinois clandestin Jin-Tae , dans sa quête éperdue ; emporté par le flot d’événemenst et sollicitations qui le feront déraper lui aussi dans l’engrenage inexorable. On y croise également les personnages secondaires , comme ceux de : Meki l’homme de main au mutisme inquiétant, ou celui de Carpe , qui porte bien son surnom … ainsi que celui du prétentieux jeune manager du Sauna en donneur de leçon méprisant envers Jong-Man son employé à mi-temps qu’il harcéle sans cesse et menace de licencier. Parmi les figures de premier plan emblématiques , celle de l’Usurier Du Man ( Jeong Man -Sik ) , retors et manipulateur usant de son pouvoir pour tenir sous pression et menace constante , ses débiteurs qui oseraient lui faire faux- bond ! . Puis , c’est le beau personnage de Tae Young ( Jung Woo-Sung) employé du service d’immigration dont la femme a disapru , et qui, rempli de dettes, va tenter de monter une arnaque liée à ce fameux sac de billets … qui le précipitera dans un enfer quotidien de menaces de mort ! En paralléle de l’univers masculin privilégié par les films Noirs, le cinéaste , autre originalité de son récit, nous propose l’exploration de l’univers féminin , où femme disparue, femme battueet (ou) vouée à la prostitution, vont complétent avec leurs destinées de survie , le portrait de la mère vieillissante cité. Mais , surtout Kim Yong-Hoon, et c’est la superbe idée du film va opposer à l’unvers masculin habituel du genre, le rebondissement génial que va générer celui de la propriétaire du bar, Yeon-Hee ( Jeon Do-Yeon ) , dont il bouscule le cliché de la femme fatale, se muant en mère maquerelle cynique et destructrice , imprévisible . Elle y est magnifique et inquiétante la grande star Coréenne (vue entr’autres dans The Housemaid de Im Sang -Soo et Secret Sunshine de Lee Chang-Dong ). Sa métamorphose qui se pare de habits du sang , en substitution de son habit blanc du début, amplifie la symbolique de la femme aussi machiavélique que puissante, prenant désormais le contrôle d’un Univers habituellement Masculin ! . Préjugés et codes du genre bousculés . On aime !…
( Etienne Ballerini )
LUCKY STRIKE de Kim Yong -Hoon – 2020- Corée du Sud – Durée : 1h48.
AVEC : Jeon Do-Yeon, Yung Woo-Sung ,Bae Sung-Woo, Youn Yuh-Jung, Jeong Man-Sik…
LIEN : Bande-Annonce du Film , LUKY STRIKE de Kim Yong- Hoon – Wild Bunch Distribution.
Belle chronique. Je n’ai pas fait le déplacement, mes proches qui s’y sont essayés m’en ont dressé les mêmes louanges.
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