Cinéma / BENNI de Nora Fingscheidt.

Le traumatisme enfantin vécu par Benni- 9 ans – génère une violence aussi dangereuse pour elle que pour son entourage . Le saisissant premier long métrage de la cinéaste nous immerge au cœur d’un déséquilibre affectif qu’aucune structure de prise en charge ne peut canalsier. Un cri déchirant sur le manque d’amour…

la mère de Benni (Lisa Hagmeister ) et Benni (, Helena Zengel )- crédit Photo : Ad Vitam Distribution –

Benni est une petite fille de Neuf ans dont on découvre dans la séquence d’ouverture du récit la manifestation violente de l’une de ses crises quotidienne dans la cour d’école. On la voit faisant face à ses camarades en furie donnant des coups et se servant de tous les objets à sa portée contraignant enfants et enseignants à se réfugier à l’intérieur du bâtiment !. L’incroyable séquence nous révèlera dans un subtil raccourci – en insert- les raisons à l’origine de ce déluge violent généré, en forme de réflexe irrépréssible. Celui d’un geste porté lors de sa petite enfance sur son visage et dont la moindre esquisse qui le rappelle , réveille en elle, la panique et engendre sa fureur !. Et celle-ci peut conduire au drame car rien ne peut arrêter sa crise hystérique violente qui a déjà causé des bléssures graves , et contraint au recours de la police. Une situation engendrant , pour Benni , prises en charges et séjours en familles d’acceuil , en institution scolaires et autres foyers spécialisés où se concrétise l’impossibilité de maîtriser une déchirure inguérissable rendant l’équilibre mental de Benni de plus en plus fragile . A cellui-ci, le seul remède et apaisement est la quête de cette affection exclusive qu’elle réclame à corps et à cri , par son comportement hystérique . Lorsque le geste qu’il ne faut pas faire réveille en elle ce torrent de violence , substitut d’une quête irrépréssible d’amour qu’ on lui refuse !. Le quotidien de Benni et la réccurence de ses crises entraînant des traitements de plus en plus lourds afin de tenter de les calmer. Mais au vu de son jeune âge impossible d’avoir recours …à l’internement psychiatrique ! , il va donc falloir trouver des solutions d’autant que les centres d’acceuil qui l’ont hébergée jusque là , se rétractent désormais refusnat de la prendre en charge à cause des problémes engendrés par son comportement. La cinéaste dit s’être inspirée de l’histoire d’une jeune fille croisée lors du tournage d’un documentaire sur un centre d’hébergement pour femmes qui lui a permis de mesurer les enjeux : « j’ai étudié les différence entre un foyer pour enfants et un service de psychiatroe enfantine, ou entre un centre d’hébergement d’urgence et une école (…) pour comprendre les enjeux de l’accompagnement social », dit-elle….

Benni (
Helena Zengel (Benni) – Crédit Photo : Ad Vitam Distribution-

Et le travail éffectué en amont qui a été l’occasion de multiplier les approches , à la fois des enfants concernés mais aussi des soignants qui y sont confrontés , est ici tout simplement passionnant . D’autant que le « cas » de violence extême de son héroïne Benni , elle l’a voulu emblématique afin de porter le regard et la réflexion sur les dégâts que ce type de violence subie, génère doublement. A la fois, sur les vies et les traumatismes des jeunes enfants qui les ont subies, et sur la difficulté des soignants à y faire face et désemparés confrontés à une situation qu’ils ont du mal souvent à maîtiser. Le choix du point de vue du récit et de la violence difficilement maîtrisable de Benni , offrant dès lors , la possibilité d’en développer les enjeux et les difficultés rencontrées, pour trouver, la ( les ) solution(s ) . Le vécu des séquelles de l’enfance , l’impuissnace à faire face à cette sorte de fuite en avant de la violence et à cette demande d’amour et d’affection devenue quête insatiable qui ne peut trouver de répit, et (ou ) guérison, que dans l’atteinte impérative de son objectif. Celui-ci étant le remède ésquissé par le beau plan final du film, que l’on vous laisse le plaisir de découvrir. La cinéaste qui a misé sur le regard réaliste du récit auquel elle ajoute des envolées libertaires et les « flash » sur les plaies générées par cette violence d’hier se répercutant sur le présent, par laquelle Benni irrigue son quotidien empreint de sa quête d’amour générant sa fuite en avant , pour tenter d’ y parvenir. La cinéaste inscrit l’humain et une sensibilité du regard au cœur de son récit qui font mouche par leur constante présence dans chaque plan , et en font qui vibrer tous les possibles sans jamais jouer sur la sensiblerie . D’autant qu’elle oppose à ce regard attentif et tendre sur ses personnages , la violence à laquelle il se retrouvent confrontés et la brutalité qui s’y révèle d’un cri, en forme « d’ appel à l’aide » …

l’éducateur attentionné : Micha   ( Albrecht Schusch ) – Crédit photo : Ad Vitam Distribution

C’est en s’appuyant sur ces éléments que le récit trouve toute sa force , faisant écho par son approche et l’empathie qu’elle y injecte comme une nécéssité pour donner à voir et comprendre la nécéssité qu’il y a dit-elle : «  d’investir très tôt dans les soins , l’éducation et la prévention » . A cet égard au constat des première séquences montrant les difficultés rencontrées par les diférents organismes concernées à gérer le traumatisme de Benni et ses excès violents , dans la continuité de cette nécéssité soulignée, la cinéaste y inscrit aux côtés de Benni ( Helena Zengel , formiddable ), les personnages qui en sont porteurs. A l’image de l’éducateur Micha ( Albrecht Schuch ) la patience incarné, qui , suite aux échecs consécutifs jusque là , va proposer une solution alternative : un « stage à la campagne » en guise de prise en charge de Benni. Passionné par son travail ayant déjà conduit avec d’autres jeunes l’expérience, il comprend cet «  appel à l’aide » de Benni . Et lui qu’elle snobe et considère   comme   «  un éducateur » de plus semblable aux autres , va lui proposer un « deal ». Surprise , elle le défie et va s’instaurer un beau « duel » au cours duquel la patience et la ténacité de Micha , portera ses fruits. De la même manière que s’instaurera avec Madame Bafané ( Gabriela Maria Schmeide ) l’éducatrice- référente de Benni, une écoute et une attention protectrice qui feront mouche !. Avec les dangers qui surgissent dont la cinéate n’oublie pas de relever les dangers possibles : celle de substituts parentaux qu’ils peuvent représenter pour Benni . Mais, et c’est la magnifique idée du film, le cheminement éducatif de ces deux âmes secourantes auront permi d’ouvrir les yeux et l’horizon de Benni sur ses attentes. Et sur cet amour qu’elle idéalise , amour exclusif dont elle a soif : celui de cette mère ( Lisa Hagmeister ) fragile qui a peur de sa violence, et qui n’est pas prête à lui donner . Mais , Benni dont le chemin de l’apaisement de la violence a été initié par ses deux éducateurs , a désormais entre ses mains les armes autres que la violence , qui pourront peut-être lui ouvrir le chemin . En mettant l’humain et ses vibrations au cœur de son récit , la cinéaste fait mouche , nous fait frémir et nous bouleverse. Sacré meilleur premier film au Festival de Berni 2019. On vous le conseille vivement…

(Etienne Ballérini)

BENNI de Nora Fingscheidt – Durée : 1h 58 –

AVEC : Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela maria Schmeide, Lisa Hagmeister, Mélanie Straub …

LIEN : Bande Annonce du Film : BENNI de Nora Fingscheidt – Ad Vitam Distribution .

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