L’envers du décor du miracle économique Soviétique grand-oeuvre du régime Stalinien et les millions de victimes qu’il engendra, révélé par le journaliste Gareth Jones. Au silence qui , au nom d’ intérêts politico-économiques lui fut opposé par l’occident, la cinéaste lui renvoie l’écho du monde moderne et d’une « toile » de désinformation qui, aujourd’hui sévit aussi , et obscurcit encore un peu plus la quête de vérité, et les enjeux démocratiques …

L’Europe de l’année 1933 et ses enjeux politiques dans lesquels est immergé le jeune Gareth Jones d’origine Galloise devenu conseiller aux affaires étrangères du gouvernement Britanique auprès de David Lloyd . Trés actif et passionné par son travail et suivant attentivement les évènements. L’opportunité lui est donnée de rencontrer et d’interviewer le chancellier Allemand Adolph Hitler. La publication de l’entretien attise les curiosités des personnalités politiques dont se fait écho l’une des premières scènes du film . Face à un auditoire qui ne mesure pas les effets et la portée nauséeuse des discours enflammés et haineux du chancellier Allemand dont les premiers effets , se font sentir. Ces derniers préférant n’y voir qu’élucubrations d’un « pantin schyzophrène » qui se dégonflera comme une baudruche , affirment-ils !. Gareth ne réussira pas à leur imposer son analys et ses craintes consécutives aux dangers de la mise en marche d’une « machine » inexorable !. Celles dont les prémices annonciateurs révèlent « l’oeuf du serpent » prêt à éclore : l’incendie du Reichtag et les livres que l’on brûle , les arrestations d’opposants , la suprêmatie affichée de la race et autres menaces bélligérantes envers les proches voisins de l’Allemagne. La séquence est voulue doublement emblématique , puisque c’est le même processus de rejet qui sera opposé à Gareth Jones ( James Norton , remarquable ), incarnant le « courage, l’intégrité , l’idéalisme et honnêteté sans failles » . Faisant suite, à ce qu’il perçu de la possible évolution de l’Allemagne dans une Europe affaiblie , il s’en ira enquêter du côté de l’Union Soviétique et de son plan de croissance , dont il souhaite prendre le pouls de ce « miracle » dont on parle, et savoir de quoi il en retourne . Vérité ou propagande ?. Bien décidé a décrocher, après Hitler un entretien avec Staline !…

Moscou , il en découvre très vite le vrai visage via la « survreillance » dont il est l’objet et qui ne se fait même pas discrète !. Et les journalsites étrangers qui sont désormais confinés et sous surveillance dans la capitale. Quant’à son rendez-vous avec Staline il comprend qu’il ne faut plus y compter !. Tandis que certains se laissent bercer par l’apparât d’un certain confinement « soft » à l’image de Walter Duranty , le directeur du bureau du New-York Times à Moscou , incarné par un Peter Sasgaard épatant de duplicité et couardise !. Gareth très vite fatigué de l’hypocrisie de certains confrères et politiques étrangers se laissant sans remords duper et ( ou) se complaire dans le double-jeu . Tandis que la propagande impose son adhésion à une population qui (par peur, réfexe de survie, hyocrisie ? ) s’y plie sans trop rechigner , ne subissant pas – elle – le contrecoup des restrictions et privations imposées dans certains provinces ! .Mais, lorsque la mort suspecte de l’un de ses contacts lui est annoncée , Gareth songe à quitter Moscou et le concrétisera , suite à une indiscrétion de la reporter Ada Brooks ( Vanessa Kirby ) sur la situation de misère qui sévirait en Ukraine. Suivant son impulsion et rivé à sa soif de vérité , il saisit la pemière occasion d’échapper à la surveillance des services secrets ( KGB )et saute dans un train pour s’en aller voir le vrai visage et le vrai décor du simulacre de la propagande. La séquence Moscovite la cinéaste l’a conçue comme un miroir des « apparences » afin que le secret de la térrible vérité soit enfermée à jamais dans l’oubli . Et c’est le « choc » de cette vérité là que Garth Jones va découvrir et lui éclate en plein visage, dans toute son horreur !. Celle de l’innommable, celle d’un génocide criminel programmé , et conçu comme une sorte de « sacrifice » nécéssaire à la marche et à la réussite du « miracle économique » !…

C’est à un véritable « voyage au bout de l’enfer » qu’il n’imaginait pas , vers lequel Gareth Jones va se retrouver confronté. Un long chemin dont les étapes sont remplies de souffrances , de cadavres et de témoignages bouleversants . Une population asservie réduite à l’esclavage , et la servitude pour les raison citées et doublées d’une volonté politique : briser la résistance des paysans Ukrainens à la collectivisation et aussi , le nationalisme Ukrainien considére par Staline comme un « obstacle » menaçant pour l’unité du pays !. Et ce chemin que l’on suit et que l’on vit avec Garteh, il nous éclate en plein visage , nous boulevesre et nous secoue porté par la description de l’insoutenable . Le ressenti en est d’autant plus fort que la cinéaste nous donne à voir et comprendre cet indicible porté par le regard empreint du réalisme sur la quête de cette vérité qu’il faut traquer et regarder en face …justement parcequ’on a voulu la cacher et l’ensevelir dans le déni et l’oubli . A cet égard la référence qui est faite par la cinéaste : à un génocide, à un crime contre l’humanité et à l’holocauste , est voulue, et elle le souligne : « Personne ne voulait entendre la vérité sur les atrocités perpétrées par Staline que Jones dévoilait. Ce n’était ni dans l’intérêt des politiques britanniques ni des puissants de ce monde. La vérité sur la réalité soviétique, sur l’Holodomor – extermination par la faim opérée par Staline – ainsi que la vérité sur l’Holocauste, ont été étouffées par un Occident politiquement et moralement corrompu. Les conclusions que l’on peut tirer de ce simple récit – d’une manière très subjective et sensible – sont que l’indicible réalité de ces années-là demeure d’actualité dans une Ukraine en guerre contre les successeurs de Staline, et dans une Europe en proie à de multiples menaces internes et externes, incapable de faire face à la vérité et de s’unir afin de protéger ses valeurs ». Cet « Holodomor » maintenu sous silence et sacrifié aux intérêts , c’est aussi un sujet qui est reste d’actualté de nos jours , explique la cinéate . C’est la belle idée du récit et de la mise en scène que de nous en faire les témoins et de nous interpeller . Via Gareth lanceur d’Alerte d’hier ou comme Georges Orwell et sa Ferme des animaux évoquée dans une belle séquence. Via, aussi , le clin -d’oeil du beau duo ( duel), entre l’idéalisme et le courage de Gareth faisant face au cynisme de Duranty l’opportuniste corrompu. Il y a des scènes fortes , dures et saisissantes qui relatent les témoignages des survivants que Gareth a croisés, et crient leur détresse, dans l’immensité Ukrainienne et ses paysage enneigés , l’homme y est devenu un loup pour l’homme !. Le récit est porté par une mise en scène que la cinéaste a souhaitée très épurée : « simplicité et réalisme et procédés stylistiques invisibles y dominent.. ». Mais qui , par moments et par sa force évocatrice , fait écho aux films polonais et notamment ceux de Krzyzistof Zanussi et Andrzeij Wajda dont elle a éte l’assistante. A laquelle elle ajoute la « fusion » énergétique liée « à la détermination et aux convictions du personnage de Garteh et son appétit de la vérité , avec les références assumées au cinéma d’avant-garde soviétique ». Des choix destinés à célébrer Un personnage emblématique auquel elle rend un vibrant ,et qui a payé au prix de sa vie la quête de vérité . Deux ans après la publication de son reportage lors d’un autre séjour d’enquête en Mongolie , Garteh Jones fut assassiné vraissemblablement par la police politique soviétique , il allait avoir 30 Ans!.

La cinéaste fille de journalistes polonais , que l’on a découverte en 1980 avec son premeir film: Acteurs provinciaux à la semaine de la critique au Festival de Cannes, elle y décroche le prix de la critique , puis elle triomphera en 1992 avec Europa Europa ( Golden Globe du meilleur film étranger ) devenu succès international . Sa filmographie est fortement marquée par les sujets sur la seconde guerre mondiale et l’holocauste , ainsi que sur l’histoire européenne contemporaine et de son pays . Avec L’ Ombre de Staline elle signe un de ses plus grands films . Il est bouleversantt . Ne le manquez surtout pas !…
(Etienne Ballérini)
L’OMBRE DE STALINE d’Agnieszka Holland – 2019- durée : 1h 59.
AVEC : James Norton , Vanessa Kirby , Peter Sarsgaard….
LIEN : Bande-Annonce du Film ( VO-STFR): L’ OMBRE DE STALINE d’ Agnieszka Holland- ( Condor Distribution )
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