Disparition / Marcel Maréchal

Et allez ! Le cinéma, l’humour ne te suffisait plus, le théâtre, maintenant !
Et tu vise haut, en plus : Marcel Maréchal !

Car tu étais un maréchal du théâtre. Il n’ya à qu’a voir la liste des théâtres que tu as dirigé  depuis 1958 :
Le Théâtre du Cothurne à Lyon que tu fondes en 1958, où tu fait débuter entre autres, Pierre Arditi, Catherine Arditi, Marcel Bozonnet, Maurice Bénichou…  mais  aussi le premier à accueillir en France des jeunes artistes comme Mick Jagger, les Who ou les Pink Floyd.
Toujours à Lyon, le Théâtre du Huitième que tu inaugures en mai 1968 le Théâtre du Gymnase à Marseille  (à partir de 1975)
Le Théâtre national de Marseille – La Criée que tu fondes en 1981, le Théâtre du Rond Point des Champs-Élysées à Paris , à partir de 1995, que tu  restaures pour obtenir la salle actuelle
Les Tréteaux de France, Centre Dramatique National fondé par Jean Danet , à partir de 2001. Francis Huster te succède le 7 juin 2010, il renonce en 2011 à cette nomination pour créer sa propre troupe. Ton mandat est prolongé de six mois, jusqu’au 1er juillet 2011. C’est Robin Renucci qui te succède.
Moi j’appelle ça le parcours d’un père fondateur du théâtre, un pilier de la « décentralo » (la décentralisation).  Pour toi, ce n’était pas qu’un mot, c’était une pratique, mieux une ascèse. On voit bien qu’il y est loin de n’avoir que les années de « La criée » même s’il est vrai que c’est le lieu qui t’es le plus souvent associé, ne serait-ce que parce que c’est l’une de tes créations les plus emblématiques.
De 1909 à 1976, le lieu était une halle aux poissons où la vente s’effectuait « à la criée» et le théâtre en a hérité l’appellation. Sur sa façade datant du début du 20e siècle et classée monument historique, on peut toujours lire l’inscription « Criée libre aux poissons ». Sauf ton respect, moi aussi je te classerai bien « monument historique »
Tu « t’attaques » à la mise en scène d’opéra avec entre autres Carmen (1991)
Je crois inutile de dénombrer le nombre de tes mises en scène, de tes rôles de comédiens.
Marseille n’est pas loin de Nice : j’ai vu « chez toi » La paix d’Aristophane, Les Paravents de Jean Genet, Cripure de Louis Guilloux La vie de Galilée et  Maitre Puntila et son valet Matti de Brecht (pour lequel tu as eu  deux Molières en 1992)  et d’autres que  j’oublie certainement. Mais  j’ai vu aussi « chez toi » Ruy Blas de Hugo, mise en scène de Georges Wilson, excusez du peu, Les caprices de Marianne de Musset, mise en scène de Jean Pierre Vincent, là aussi excusez du peu. Et j’y retourne pour voir les créations de celle qui t’a succédée  en 2011, Macha Makeieff. Tu vois, je n’ai rien oublié.
Pardon ! J’oubliais que je t’ai vu au cinéma dans I… comme Icare d’Henri Verneuil (1979)

Marcel Maréchal dans Le bourgeois Gentilhomme

En tant que metteur en scène, tu n’as eu de cesse d’alterner création de textes classiques et contemporains. Tu as ainsi monté Cavalier seul et Opéra du monde de Jacques Audiberti, Badadesques de Jean Vauthier, Cripure de Louis Guilloux ou les grands textes de Musset et Molière.
Questions livres, je vous conseille de faire un tour du coté de Marcel Maréchal par Agnès Pierron, Edition l’Age d’Homme 1990 et La Criée un théâtre dans la cité, préface d’Edmonde Charles Roux, Editions Jeanne Laffitte.

Tu es bien sûr invité  plusieurs fois dans la cour d’honneur du  Festival d’Avignon mais tu invites dans le Off.
Voilà. T’es né le 25 décembre 1937 à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse. La camarde, qui ne t’as jamais pardonné, d’avoir semé des fleurs dans le trou de son nez, sous le prétexte d’une fibrose pulmonaire, est venu te chercher ce 11 juin 2020. Mais que peut-elle contre un bâtisseur ? Et comment écrire sur un géant ? Monsieur Maréchal, vous permettez –nous de monter sur vos épaules, sur les épaules d’un géant ? Nous y verrons plus clair.

Jacques Barbarin

Illustrations

Marcel Maréchal Festival d’Avignon 1973 Photo Fernand Michaud
La Criée Photo Wikipédia
Marcel Maréchal Le bourgeois Gentilhomme site lestroiscoups.fr
La Paix m.e.s Marcel Maréchal ina.fr
Affiche de Carmen, m.e.s Marcel Maréchal

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