La saison 2019-2020 du Théâtre National de Nice a été « catastrophisée » par le coronavirus. Cette saison, avait été « concoctée » par Ella Perrier, secrétaire générale, et Thierry Tordjman, directeur adjoint. Outre leurs fonctions, ce sont avant tous des amoureux, au delà du théâtre, du spectacle vivant. Cela se sent dans leurs choix, qui, outre des spectacles théâtraux – que nous avons moultement apprécié par nos compte-rendu sur ciaovivalaculture – mais se sont ouverts au jazz, à la danse – nous avons béni les dieux de pouvoir voir Gravité – au cirque, bref au spectacle vivant dans toute l’acceptation du terme. Mais… La crise sanitaire est passé par là alors que la prochaine saison doit être la première programmée par Murielle Mayette-Holtz, qui prit la suite d’Irina Brook en juin 2019.
La directrice du TNN, Muriel Mayette–Holtz, drépond aux questions de notre journaliste Jacques Barbarin.
Ma première question sera de savoir si ces ouvertures – entre autre vers un public nouveau, demandeur- seront pérennisés dans les programmations dont vous aurez la charge. La deuxième question est concomitante de la première, quid de la saison 2020-2021?
Muriel Mayette –Holtz – La saison qui s’est terminée brusquement est une saison que j’ai adoptée en arrivant et que le public a plébiscitée. L’ouverture à tous les genres du spectacle vivant est une des missions de nos maisons. Je serai donc attentive pour les saisons que je vais orchestrer à mêler les propositions et à proposer au public des programmations mêlant théâtre, danse, cirque, musique… Mon projet pour le TNN est que le texte soit LA star. Mon parcours, ma vie de comédienne et de metteur en scène se nourrissent des mots. J’ai envie pour Nice de poser le postulat d’un théâtre de textes et de répertoire, qu’ils soient classiques ou contemporains. J’ai choisi de montrer et de faire entendre le répertoire des grands auteurs de l’Europe de la Méditerranée, ma première saison en sera le reflet. Nous entendrons de grands auteurs français, italiens, espagnols ou encore grecs [Corneille, Marivaux, Cocteau, Hugo ou encore Jules Verne, Goldoni, García Lorca, Perec, De Vos, Lescot, Feydeau, Abkarian…], nous accueillerons de la danse avec les Ballets de Monte-Carlo ou le duo des frères Thabet, des spectacles jeunes publics à partir de grand auteurs comme Perrault, Sophocle, Eschyle… du cirque avec de grandes interprètes circassiennes…
Cette première saison sera toute particulière. La pandémie nous ayant éloigné de notre public, cela m’a poussé à chercher une temporalité différente pour donner envie au public de retrouver du théâtre et le théâtre.
J’ai donc imaginé Trois Coups de théâtre: Les Rendez-vous de l’été [Juillet et Août], Le Préambule de l’automne [Septembre à Novembre] et La Saison d’hiver et de printemps[Décembre à Mai].
Les Rendez-vous de l’été : des rendez-vous quotidiens avec les artistes hors les murs en plein air et gratuits.
Le Préambule de l’automne : la création sera au rendez-vous avec les propositions des mois de septembre, octobre et novembre. Les choix de programmation qui avaient été envisagés ont été “aménagés”, “revus”. Pour la première création, je serai au plateau, en tant que comédienne, avec Charles Berling pour Les Parents terribles de Cocteau, mise en scène de Christophe Perton, dont la première aura lieu à Nice. Nous créerons avec quatre des comédiens de la troupe du TNN, deux spectacles écrits et menés par notre auteur associé, Édouard Signolet, et présenterons la reprise de La Double Inconstance de Marivaux, mise en scène de GalinStoev, avant la tournée nationale.
Les spectacles seront présentés dans des conditions adaptées aux préconisations sanitaires pour l’accueil du public, au théâtre et en salle, avec des propositions tarifaires simples et accessibles.
La Saison d’hiver et de printemps : les 38 spectacles de la saison 2020-21 avec l’accueil de grandes et belles équipes comme la Comédie-Française, les Peeping Tom, les Ballets de Monte-Carlo, Nicole Garcia, Jacques Weber, Myriam Boyer, Édouard Baer, Simon Abkarian, Giorgio BarberioCorsetti, Ali et HèdiThabet…
Autre question, je crois que actuellement vous êtes en répétition de la pièce de Marivaux, « Le jeu de l’amour et du hasard » destinée à être jouée en plein air au mois d’Aout, et entre autre le 28, date du départ du Tour de France à Nice. Qui est-ce qui vous a fait choisir cette pièce, et en l’offrant aux niçois, n’est ce pas une manière de leur dire: « Courage, tenez bon! » ?
Muriel Mayette –Holtz – À la demande de la Ville de Nice et en partenariat avec Passionnément TNN, les 26, 27 et 28 août à 19h30, je mettrai en scène Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, sur la colline du Château, avec une joyeuse équipe artistique qui répète actuellement. J’avais tenté l’expérience dans les jardins de la Villa Medicis à Rome et j’ai proposé à Christian Estrosi de partager ce moment avec les niçois.
Comme je vous le précisais, j’ai imaginé pour la prochaine saison Les Rendez-vous de l’été [Juillet et Août], Le Préambule de l’automne [Septembre à Novembre] et La Saison d’hiver et de printemps [Décembre à Mai]. Cet été, ce seront donc deux propositions hors les murs, gratuites et sans réservation, qui se dérouleront du 1er juillet au 28 août. En plus du Marivauxfin août, le public pourra assister tous les soirs à 19h00, pendant une heure, devant le kiosque du TNN, promenade du Paillon, à des lectures, des impromptus de théâtre et de danse, des intermèdes musicaux, avec Les Contes d’apéro [1er juillet au 22 août].
Vous aviez entamé, le 1er et le 3ème lundi de chaque mois, des « rencontres sur l’oralité », qu’un certain virus « dont je ne veux pas me souvenir le nom », interrompu par sa bêtise et sa brutalité. C’était l’occasion de dire à un public de théâtre : « Aller au théâtre, ce n’est pas seulement pour voir du théâtre, mais c’est aussi l’occasion, par la connaissance de ce qu’est l’oralité, le moyen de vous faire prendre conscience que tout un chacun de vous, pluralité, est un « objet » théâtral ». Comptez-vous continuer cette démarche ?
Muriel Mayette-Holtz – La saison prochaine sera ponctuée des rendez-vous que j’ai initiés cette année : les séances d’oralité que je mènerai le premier lundi du mois et les Conversations intimes avec Catherine Ceylac et ses invités, le deuxième lundi du mois.
Nous ajouterons un projet pédagogique Lettres à… mon père avec Eric Fottorino, faisant suite à Lettres à Nour impulsé cette saison avec l’auteur Rachid Benzine.
Nous lancerons aussi une école de théâtre pour les enfants entre 6 et 12 ans tous les mercredis.
Christian Estrosi déclarait, je crois au début de cette année « En accord avec sa directrice et le ministre de la Culture, le TNN, qui exige d’énormes et coûteux travaux de mise aux normes, sera relocalisé ». Où en sont, à l’heure hélas actuelle, ces projets ?
Muriel Mayette-Holtz Nous sommes en attente des projets de notre futur maire. Nous avons avancé avec la Ville de Nice pour disposer à partir de mai 2021 d’une quatrième salle pour le TNN : la salle des Franciscains que nous inaugurerons avec le Feuilleton Goldoni d’après la trilogie des Aventures de Zelinda et Lindoro de Carlo Goldoni que je mettrai en scène.
Allez vous continuer le travail avec les compagnies d’ici : Miranda, la Massue, BAL, Tandaim, Arketal… et sous quelles formes? Représentations, ateliers?
Muriel Mayette-Holtz Nous aurons à nos côtés pour la saison entière 6 comédiens qui formeront la troupe du TNN : 4 jeunes issus d’écoles nationales dont 2 de l’ERACM et 2 comédiens plus confirmés que sont Frédéric de Goldfiem et Jonathan Gensburger, acteurs du territoire. Le CDN continuera à accompagner les compagnies locales et régionales comme il l’a toujours fait, selon les différents projets des directeurs successifs. Pour la saison 2020-21, nous coproduisons la Cie du Dire-Dire avec son nouveau projet, qui se créera au TNN, et nous accueillerons la cie d’À côté dont le spectacle sera créé à Grasse. Nous allons continuer les ateliers et les projets pédagogiques dans les établissements scolaires, les compagnies et les acteurs du territoire en seront les intervenants, pour le TNN.
J’ai rencontré à mon arrivée plus d’une centaine de comédiens du département afin de pouvoir les associer à mes créations et je continuerai à aider les compagnies du territoire en les coproduisant et en accueillant leurs spectacles.
Pour terminer sur l’espoir, je voudrais citer ce que disait Ariane Mnouchkine récemment dans Télérama : « Quand je vous par le la société, je vous parle du théâtre ! C’est ça, le théâtre ! Regarder, écouter, deviner ce qui n’est jamais dit. Réveler les dieux et les démons qui se cachent au fond de nos âmes. Ensuite, transformer, pour que la beauté transfigurante nous aide à connaître et à supporter la condition humaine. Supporter ne veut pas dire subir ni se résigner. C’est aussi ça le théâtre ! »
Relier théâtre et société. Je crois en une société qui a le courage d’élire comme président de la République un Vaclav Havel. Une société, qui, par son choix, met au premier plan ni la finance, ni l’ordre, ni la sécurité… mais la culture.
[…] A celui des 350 directrices et directeurs de lieux culturels ont fait écho la lettre ouverte de Muriel Mayette-Holtz, directrice du Théâtre National de Nice, et le communiqué commun du Syndicat national du théâtre privé (SNDTP) et de la Fédération […]
[…] un artiste généreux. Mais on ne peut pas être artiste sans être généreux. » – Muriel Mayette-Holtz (Directrice du Théâtre National de Nice) : « C‘était un enfant de la balle ! Donc il […]