Livre/ La fugue du kabbaliste, de Frank Lalou

Frank Lalou, né le 14 février 1958 à Marmande, est écrivain, illustrateur et calligraphe. (La calligraphie est, étymologiquement, la belle écriture, l’art de bien former les caractères d’écriture manuscrite. Ce mot provient des radicaux du grec ancien κάλλος (kállos, « beau ») et γραφεĩν (grapheîn, « écrire »).  Les parents de Frank Lalou s’installent en 1956 à Marmande, petite ville du sud-ouest de la France, après avoir quitté le Maroc. Dès sa petite enfance il est plongé dans l’atmosphère tranquille de la Gascogne près de la Garonne. En 1965, ses parents en quête de soleil, quittent l’Aquitaine pour aller vivre à Nice. En 1970, il découvre la culture juive et la beauté des lettres hébraïques. Mais, l’étroitesse d’esprit et l’enseignement démodé des rabbins de l’époque, ne l’invitent pas à approfondir sa pratique juive.
Sa grande rencontre en 1967 avec l’œuvre de Jean Sébastien Bach* (prononcez Barrh) est déterminante. Sa passion pour ce musicien sera la source de toutes ses recherches. En 1970, il commence l’apprentissage du piano et taquine ses professeurs car il ne veut jouer que du Bach. C’est à cette période que commence sa longue amitié avec le compositeur et comédien Didier Douet qu’il retrouvera sur les planches dans la plupart de ses productions liées au théâtre et à la musique. Au demeurant, c’est – entre autres- à ce dernier qu’est dédiée sa Fugue du Kabbaliste Une fugue, c’est l’action, fait de s’enfuir momentanément du lieu où l’on vit habituellement. Mais, au sens musical du terme, c’est une composition musicale écrite dans le style du contrepoint et dans laquelle un thème et ses imitations successives forment plusieurs parties,  née au XVIIème siècle, du nom de fuga (du latin : fugere, « fuir »). On retombe sur ce que l’on pourrait appeler le sens commun. Et qui est considéré comme un maître insurpassable de la fugue? Vous l’aurez deviné, Jean Sébastien Bach (prononcez Barrh).
La Kabbale (est une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la « Loi orale et secrète » donnée par YHWH (Dieu) à Moïse sur le mont Sinaï, en même temps que la « Loi écrite et publique » (la Torah).
Quid de ce roman passionnant, mêlant le fantastique, l’enquête quasi policière, les déplacements de Paris et de la Cour carrée du Louvre, à Venise, à Londres, à Dresde, à Leipzig? Fuite, fugere, fugue? On se perd à loisir mais on est happé.
En 1727 et 2031 le même fléau touche la Terre, le vortex la protégeant s’est entrouvert et laisse passer à chaque pleine Lune des populations entières d’êtres surnaturels, le plus souvent malveillants. L’humanité est en danger. Seules quatre villes sont épargnées : Venise, Londres, Dresde et Leipzig. En 1727, le grand théologien Dom Calmet, premier auteur d’un livre sur les vampires, convoque dans la ville des Doges le plus puissant kabbaliste, Hayim Moshé Luzzatto, rejeté de sa communauté tellement sont pertinentes ses visions, l’éminente femme savante, disciple et traductrice d’Isaac Newton, Émilie de Chastelet, et enfin, car une bonne lame peut toujours servir, le mousquetaire Louis de la Côte Beaupuits. En comprenant par la Kabbale, la théologie chrétienne et les sciences pourquoi ces cités sont épargnées, nos trois experts espèrent découvrir le moyen d’endiguer le fléau.. En 2031, Gabriel, étudiant en histoire de l’art, décèle dans le Louvre, tout juste restauré, un personnage étrange dans un tableau de Guardi au pied de l’église de la Salute. Quand le jeune homme réalise que cet être n’est pas de notre monde, une série d’aventures et une rencontre amoureuse avec une jeune violoncelliste au Carré du Louvre, le mènent à enquêter sur l’origine du mal et au moyen de renvoyer dans leurs enfers les entités qui attaquent la planète. Tous les héros du roman ont existé, tout est historiquement véridique.
Et ce qui est passionnant dans ce livre, c’est qu’il est à la fois un mélange de haute érudition, d’une connaissance infaillible de l’Histoire, et d’un sens d’une écriture j’allais dire du suspense, d’une maîtrise qui fait que l’on ne le lâche guère, toujours en train de se demander : « Et maintenant, que va t-il se passer ? ».  Et la solution, c’est  Jean Sébastien Bach (prononcez Barrh), bien entendu. Un polar, en somme, un polar de haute tenue.
Bien sûr, s’aborde « concrètement » la problématique du Golem. Je ne peux éviter de citer Borges : Mais comment désigner la rude créature ?/ Le cabaliste- Dieu la surnomma Golem/ Tout ce que je rapporte est constant et figure/ En quelque endroit du docte ouvrage de Scholem** (Le Golem, 1958, traduction Ibarra).
Voila. Courrez vite, les librairies sont ouvertes. Je vous rappelle qu’un livre d’achète dans une librairie. Et  nulle part ailleurs. Au demeurant,  la loi n° 81-766 du 10 août 1981 relative au prix du livre, dite loi Lang, instaure le prix unique du livre en France.  Vous achèterez donc au même prix cet ouvrage dans une librairie, ce que je vous recommande vertement que sur la plateforme d’une entreprise de commerce électronique dont je ne veux pas me souvenir du nom.
Un bel ouvrage pour se déconfiner l’esprit.
La fugue du kabbaliste, Frank Lalou chez Dervy, 22€

Jacques Barbarin

*Il n’est pas innocent de savoir que Jean Sébastien Bach (prononcez Barrh)  né en 1685, est mort à … Leipzig, en 1750
**Gershom Scholem est un historien et philosophe juif, spécialiste de la kaballe et de la mystique juive (Berlin 1897 – Jérusalem 1982)

 

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