Danse / Prejlocaj – Gravité

Cette purification par laquelle l’âme s’épure peu à peu…  Bossuet, Lettres à  Corneille. Vous savez, l’épure, rendre plus pur. C’est ce mot qui m’est venu à l’esprit devant Gravité, la dernière chorégraphie d’Angelin Préjlocaj. Le TNN plein jusqu’au combles. Et not’ bon maire veut le rayer de la carte pour le remplacer par un théâtre de 500 places ? C’est un Centre Dramatique National, pas un Théâtre Municipal… Nice est une ville de 400.000 habitants, pas une sous préfecture. Mais je rougnes, je rougnes…


Le travail chorégraphique d’Angelin Preljocaj est très imprégné de l’histoire des ballets classiques, mais est, néanmoins, résolument contemporain. La danse de Preljocaj se caractérise par une forte base de techniques néo-classique et moderne associées au langage contemporain propre au chorégraphe fait de lyrisme teinté d’une forte sensualité.
Les ballets d’Angélin Preljocaj sont venus à 4 reprises au TNN, je les ai tous vu. J’ai même vu Les  Noces, ballet sur la pièce musicale éponyme de Stravinski, en 1989. C’est vous dire si j’attendais celui-là. Et j’ai pas été déçu. Parodiant Nougaro : Dés l’premier instant, j’ai senti le choc…
Le rideau se lève sur une douzaine de corps étendus, certains indistincts et entremêlés. Une première main s’élève de la masse inerte, puis une deuxième, suivies d’un bras entier et d’un autre. Peu à peu dans une lumière rasante, les danseurs se redressent et, au ralenti, commencent à bouger… Dans un ballet fascinant, ils respirent ensemble comme un seul et unique organisme. Marie-Valentine Chaudon La Croix.
J’avoue que la danse, tout au moins sa technicologie, si vous me passez l’expression, j’y cappiche niente. J’espère avoir un peu plus d’expertise en théâtre, c’est à la fois ma madeleine, ma tasse de thé et mon verre de vodka. De la danse je  ne pourrais pas dire, telle Roxane dans Cyrano : Mais il n’en parle pas, Monsieur, il en disserte !
Non, je reviens sur cette idée d’épure. Toutes les figures que subliment ces danseurs, cette lumière pâle (Eric Soyer) qui travaille picturalement sur le clair-obscur, la lenteur des gestuelles qui nous plonge dans le cœur, dans le sens même –excusez le choix du terme- des « mots » que cette danse nous envoie… Je ne sais pas ce qu’est, en matière chorégraphique, le classicisme, le  néo-classicisme, le moderne, le contemporain mais ce que je sais lire, c’est l’émotion.

Et puis les musiques. C’est le grand bain : Ravel, Bach,  Xenakis, Chostakovitch, Daft Punk, Philip Glass, 79D (compositeur travaillant avec Preljocaj). Mais toutes ses sonorités composent – si je puis dire- l’unicité d’une bande son, où sonorités et gestes sont à l’unisson, l’apogée en étant l’utilisation du Boléro : les danseurs s’entrelacent dans des rondes qui se resserrent, contractent, et se dilatent sans fin. L’attraction joue à plein tandis que l’œuvre musicale emporte le spectacle vers l’horizon d’un rituel intemporel et vibrant.
Les dernières images sont bouleversantes : dans le silence, tous les danseurs sont étendus à terre, ne reste qu’à la verticale qu’une danseuse, le bras levé comme dans un dernier effort pour s’arracher à cette gravité, puis toujours avec cette lenteur, retrouve la position initiale.

Et la boucle est bouclée. Gravité, un éloge de la lenteur ? En tout cas un moment de grâce de cette saison qui en a déjà comporté et qui en comportera d’autres. Monsieur le maire, vous arrive t-il d’aller au TNN ? Il y certainement des travaux à faire, mais qui veut noyer son  chien l’accuse de la rage.

 

Jacques Barbarin

 

Gravité Chorégraphie Angelin Preljocaj
Avec Baptiste Coissieu, Margaux Coucharrière, Mirea Delogu, Léa De Natale, Antoine Dubois, Matt Emig, Clara Freschel, Florette Jager, Erwan Jean-Pouvreau, Tommaso Marchignoli, Victor Martinez Cáliz, Nuriya Nagimova
Musiques Maurice Ravel, Johann Sebastian Bach, Iannis Xenakis, Dimitri Chostakovitch, Daft Punk, Philip Glass, 79D costumes Igor Chapurin lumière Éric Soyer assistant & adjoint à la direction artistique Youri Aharon Van den Bosch assistante Cécile Médour choréologue Dany Lévêque

Photos : J.C. Carbonne

Tournée

20 février 20h30 Pavie (Italie) Téâtro Fraschini
23 février 20h30 Parme (Italie) Téaro Régio
2 avril 21h La Rochelle Théâtre en Dracénie
4 avril 20h La Ciotat La Chaudronnerie
7 avril 20h30 Miramas Théâtre La Colonne
14 au 17 avril (14 et 17 20h30 15 et 16 19h30) La Rochelle Scène Nationale La Coursive
28 et 29 avril 20h Saint Brieux Scène Nationale La Passerelle
6 mai 2h30 Sartrouville CDN Théâtre Sartrouville Yvelynes
15 au 17 mai 20h45, 17 17h Sceaux Scène Nationale Les Gémeaux
19 mai 20h30 Colombes L’Avant-Seine
27 au 29 mai 19h30
29 mai 20h30 Lieusaint Théâtre Senart

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