Adapté librement du roman de Dominique Missika , le récit méconnu , de la liaison entre Leon Blum et Janot Reichebach au cœur de la tourmente de l’occupation. Grandes et petites destinées, rapports des individus avec l’histoire , thèmes favori du cinéaste qui renoue, après une trop longue absence, avec le grand écran …

Il a été l’assistant de Bertrand Tavernier et de Michel Drach , avant de passer à la réalisation avec La Question ( 1977 ) et la dénonciation de la torture lors de la guerre d’Algérie . les trafics d’influences politiques dans Le Mors au dents( 1979) , et le terrorisme , avec : il faut tuer Birgit Haas ( 1981) …ou le thème des clandestins dans Un aller simple ( 2001 ) qui sera son dernier film cinéma . Contraint de se tourner (pour cause de producteurs cinéma frileux ) vers la télévision y poursuivant en complément des séries ( Maigret , l’instit, série noire ..) , son travail sur l’histoire et la politique avec notamment de belles réussites : René Bousquet, ou le grand arrangement ( 2006) , un Homme d’honneur ( 2008 ) sur Pierre Beregovoy , ou La rupture ( 2013) relatant les relation conflictuelle entre le président Giscard d’Estaing et jacques Chirac son premier ministre . Puis-, enfin, trouvant producteur à son projet d’adaptation du livre de Dominique Messika , pouvant renouer avec le grand écran , dont on devine par le soin apporté à la réalisation et à la direction d’acteurs , le désir trop longtemps bridé de pouvoir le concrétiser qui irrigue, le récit de cette passion irrépressible qui va lier, deux êtres dans la tourmente de l’occupation. Nous somme en effet , en Juin 194O l’occupant Allemand commence à étendre son emprise sur le pays , la ligne de démarcation devient fragile et menacée, de même que les destinées des hommes politiques jugés dangereux . Comme le deviendront ceux du pouvoir d’hier considérés désormais ennemis de l’occupant qui veut les faire juger et déporter , mais aussi du régime de Vichy et du Maréchal Pétain qui tergiverse et finira par céder aux désirs , de l’occupant . Période tourmentée, décrivant la rivalité des mouvements de résistance , et également au sein de la collaboration de ceux qui – au nom du pays et de la patrie – refusent de voir le pays livré aux occupants . A cet égard, le film est passionnant par le regard qu’il porte, refusant toute simplification sectaire , notamment concernant les rapports entre Léon Blum… et son ancien adversaire de droite d’avant-guerre, Georges Mandel ( incarné par un Jérôme Deschamps , épatant) qui se retrouveront unis dans « l’idée de la défense de la république Française ….et ce, malgré le régime de Vichy , comme l’ont démontré formellement les historiens », relève le cinéaste qui en brosse un magnifique portrait solidaire dans l’épreuve , dont témoigne la séquence de leur détention en Allemagne près du camp de concentration de Buchenwald….

Le soin apporté à la description d’un contexte confus est au cœur du récit , permettant dès lors de mettre en lumière , ce que dans celui-ci , peut s’y révéler en miroir comme complexité des sentiments et des comportements. En même temps qu’il devient le révélateur des fortes personnalités qui s’y dégagent de ces hommes et de ces femmes qui ne lâcheront rien de leur convictions inébranlables . celle des femmes fortes « Renée Blum a bru bien sûr, mais aussi Béatrice Bretty, la compagne de Georges Mandel, Madeleine Zay dont le mari est en prison, la chanteuse Cora Madou… sont les plus connues. Mais nous avons aussi voulu esquisser quelques portraits, notamment la patronne de l’auberge d’Urdos près du fort du Portalet qui veut faire évader Blum, et Augusta Brüchlen, la compagne de Léon Jouhaux, qui voyagera, avec Janot vers l’Allemagne… ». Personnalités fortes dont le cinéaste , on vous le laisse découvrir , par petites touches décrit le courage et l’abnégation au cœur de la tourmente qui pourrait à tout moment, les faire basculer . Tandis que d’autres y montreront le visage de la lâcheté et surtout celui de la bassesse des dénonciations sans vergogne à l’ennemi… des suspects politiques ou résistants . De la même manière qu’ils le feront pour les dénonciations racistes envers les juifs, dont les déportations dans les camps se multiplieront avec les « raffles » systématiques dont celle du « Vel d’Hiv’ » deviendra le symbole . En parallèle , des groupuscules extrémistes de droite , eux se singulariseront dans les assassinats ,visant certains hommes politiques considérés comme traîtres …. tandis que dans la zone occupée , les massacres et autres crimes de guerre commis par l’occupant se multiplient ( 96 civils exécutés par la Panzerdivision à Aubigny en Artois … et 80 assassinés à Oignies dans le Pas -de-Calais ) . La Zone libre de plus en plus menacée et fragilisée, . l’exil par lequel certains doivent en passer , devient de plus en plus complique et l’ horizon qui s’assombrit …

Au cœur de ce contexte, on y découvre donc Janot Reichenbach ( Elsa Zilberstein ) au centre du récit portée par sa passion sans bornes pour cet homme politique , Léon Blum ( Hippolyte Girardot ) , dont elle s’est éprise depuis l’adolescence . Lui , veuf et de vingt sept ans son aîné, et homme politique du front populaire désormais honni par l’occupant et le Maréchal Pétain qui a institué , en Juillet 194, la cour suprême de Justice dans le but de rechercher , les hommes politiques responsables de la guerre et les faire condamner !. Le récit nous invite à suivre, au coeur de ce lord contexte , celui de cette passion qui conduira la jeune femme , marié et mère, à refuser de partir en exil aux Usa avec sa famille , choisissant et de rester désormais auprès de celui qu’elle aime et sans lequel et ne veut plus vivre . Assumant son choix , renversant tous les obstacles , celui de l’âge et du scandale envers les mœurs qui se manifestera , par l’attitude hostile de la belle -fille ( Emilie Duquenne ) de Blum …hostilité , qu’elle réussira habilement , à retourner en complicité ! . L’inébranlable détermination et de Janot deviendra même un atout pour un Léon Blum fragilisé qui voit ses amis emprisonnés ou tomber assassinés , et va l’aider à affronter une situation et un contexte , qui pourrait le faire sombrer. Toujours présente dans les coups durs, et la possible condamnation qui le vise. Constamment en visite et soutien moral lors des différentes arrestations et transferts . Au château de Chateron où il sera interné suite à son arrestation en Septembre 1940 , puis à Bourassol .et ensuite A Riom , où il sera traduit devant la cour de Justice où son avocat très efficace réussira à faire suspendre le procès . Au fort de Portalet dans les Pyrénnées où il sera emprisonné , puis , pris en otage par les Allemands qui, en Mars1943 l’amèneront au camp de Buchenwald , mais hors de l’enceinte de celui- ci … dans le bâtiment réservé aux prisonniers politiques . Où Janot, n’hésitera pas à le rejoindre, forçant , pour ce faire , habilement l’autorisation de Pierre Laval ( Philippe Torreton ) , afin d’aller y sceller pour ce faire … leur mariage !. La libération des camps par les alliés en 1945 , marquant la fin du calvaire , leur permettra de rejoindre la France et , cette fois , continuer à y vivre en paix.

Laurent Heynemann en construit un beau récit, édifiant à plusieurs titres, où hommes d’honneur et femmes fortes y sont donnés en exemple , revoyant à certains démons et souvenirs d’un passé douloureux , l’humanité et la droiture des comportements , dont sa fresque romantique se fait l’écho. Portée par un superbe travail sur les costumes et éléments des décors d’époque , mis en valeur par l’opérateur de la photographie : Jean-François Robin, et une bande sonore épatante , signée par Bruno Coulais en complice : « …une vraie création qui emmène l’intrigue vers le tragique comme dans un tourbillon…ce qu’il a réalisé est magnifique !» , relève le cinéaste . Et que dire du « trio » de comédiens qui , eux nous gratifient, d’une interprétation de haut vol !.
( Etienne Ballérini)
JE NE REVE QUE DE VOUS de Laurent Heynemann – 2019 – durée : 1 h 44.
AVEC : Elsa Zilberstein, Hippolyte Girardot , Emilie Dequenne, Mathilda May, Grégori Derangère, Thomas Chabrol , Stéphane Bissot, Phulippe Torreton , Jérôme Deschamps …
LIEN : Bande-Annonce officielle du film : Je ne rêve que de vous, de Laurent Heynemann – Durée : 1’52 – Rézo films Distribution –
[…] Avec André Treton, Martin et François Lartigue, Michel Galabru. Ciné+Famiz à 20h50– Je ne rêve que de vous de Laurent Heynemann (Drame historique – 2019 – 1h40). Juin 1940. Alors qu’elle envoie son […]