
Du 13 au 18 décembre, le TNN programme en coproduction J’ai rêvé d’un cafard, une création écrite et interprétée par Sonia Belskaya. Elle naît en Russie et arrive en France à l’âge de sept ans. Enfant, elle suit les ateliers dirigés par Janine Berdin au Studio du Petit Théâtre de Poche de Lyon.
Après des études de sciences politiques et d’anthropologie des migrations à l’Université Paris Diderot, où elle fait des ateliers de théâtre social avec la Fabrik, elle intègre les Cours Florent. Elle y rencontre Georges Bécot, avec qui elle travaillera à l’occasion du spectacle Dans les bois et du festival de Mouilleron-en-Pareds.
En 2014, elle travaille avec Marcus Borja, et participe à la création du projet Théâtre au CNSAD, qu’elle jouera par la suite avec la compagnie Interpréludes. Sonia est également interprète dans la première création de la compagnie In Carne.
Elle intègre la promotion 2016 de l’Atelier Cité au Théâtre de la Cité – CDN Toulouse Occitanie, formation à la suite de laquelle elle travaille avec les compagnies toulousaines Tabula Rasa et Compagnie Créature. Aussi, elle écrit et met en scène J’ai rêvé d’un cafard, la première création de sa compagnie Groupe Géni.e.
Elle raconte l’histoire de son père, qui un jour, en rentrant de son travail se fait agresser dans la rue, tout près de son immeuble, par plusieurs hommes qui le frappent et l’insultent. À la suite de cette surprenante rencontre, en rentrant chez lui, déboussolé et boiteux, il apprend que sa femme l’a quitté et à cet instant précis de cette surprenante journée, il perd tout espoir et se met à courir. Et le récit se met aussi à courir, à s’emballer, à tournoyer, s’arrêtant un temps à une terrasse de café, un coin de rue, entrant par la fenêtre d’un appartement, s’attardant dans une cour. Il entrouvre les portes d’autres histoires, d’autres gens, rêvant d’amour, d’espoir et de liberté.

Un jour mon père était dans la rue, il était tard, enfin tôt, il rentrait de son travail, il marchait dans la rue et il était très fier et même un peu joyeux. Sa journée de travail, sa nuit de travail, s’est très bien passée. Une journée bien passée c’est une journée où on vend ses services en ayant la sensation de les rendre.
Sonia Belskaya porte son premier texte au plateau et nous fait parcourir la Grande Histoire par le prisme du souvenir et d’histoires personnelles. Un vrai talent d’écriture dramatique transposée au plateau avec sincérité. Le texte se construit comme un voyage. Démarrant à l’histoire du père, il navigue d’humanités en humanités croisées au hasard du chemin, plongeant dans certaines et en effleurant d’autres.
Quelques questions à Sonia Belskaya.JB A quoi renvoie le titre de votre œuvre* ?
SB Le titre de la pièce fait référence à deux notions, celle du rêve et donc de l’imaginaire, d’un souvenir déformé par le fantasme et la mémoire émotionnelle, ainsi que le symbole de l’insecte « cafard », qui, désignant des humains, réfère au dégoûtant, au sale, à celui dont on ne veut pas.
JB Vous écrivez dans votre dossier de presse : Cette création vient du désir de raconter les histoires de gens qui, sans être les héros de la Grande Histoire, sont des héros de vie, de leurs vies. Raconter l’histoire non pas les dates, les grands événements, mais par le vécu des gens?
SB Je suis très curieuse des récits, romans, nouvelles et contes qui prennent racines dans un espace de quotidienneté. Dans « j’ai rêvé d’un cafard… » les personnages sont des figures que chacune et chacun de nous peut à la fois imaginer croiser dans la rue ou connaître dans son cercle proche et qui par leurs attaches terriennes sont d’autant de personnages de fiction qui traversent des questionnements, des épreuves et des quêtes.
JB Sur le plateau, un angle de cuisine ; deux murs, un plancher, définissant un intérieur chaleureux, bien que non habite. Un tabouret, un coin de table, certainement un pot de plantes grasses, des étagères remplies de livres et de bibelots… L’intime raconte t-il mieux le monde?

SB La scénographie représente un pan de mur, comme une bribe de souvenir, mélangeant des éléments d’intérieurs d’une cuisine/salle à manger, qui constitue l’écrin de ces histoires qui se racontent comme une confidence, permettant de faire naître un conte sans morale, un conte de vies.
JB Qu’avez-vous recherché avec l’écriture de ce texte ?
SB Cette création est l’envie de faire entendre des histoires personnelles qui, dans leurs singularités, éclairent le sens de nos rapports humains ; l’envie de les raconter comme on se confierait à un ami, à cœur ouvert, lorsque le plus intime fait surface : les parents, les amours, les doutes, les hontes, les origines, les rêves.
J’ai rêvé d’un cafard : une création qui ne va pas manquer de nous interpeller : 4 représentations, les 13, 14,17 et 18 à 20h30, salle Michel Simon, et le 17 à 14h représentation scolaire
Lumière Rafael Barbary vidéo Romane Metaireau collaboration artistique & dramaturgie Tristan Rothhut production Théâtre de la Cité – CDN Toulouse Occitanie coproduction Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur, Compagnie Zlata avec l’aide à l’écriture théâtre de l’association Beaumarchais – SACD
Jacques Barbarin
* La majorité des interprétations des rêves de cafards disent que le subconscient essaie de faire voir au rêveur qu’il a besoin de renouveler sa vie, de se défaire de ce qui est vieux et de chercher de nouvelles aventures.
Photos : Romane Métaireau