Nouvelle saison de TNN, un peu particulière, mais pas tant que ça. Un peu particulière, parce que « de transition » entre Irina Brook et la nouvelle directrice, Murielle Mayette-Holtz. Bon.

©Tristan Jeanne-Valès
Tout a été dit sur son arrivée. Juste signaler qu’elle est comédienne et metteur en scène, qu’elle est la première femme à avoir dirigé la Comédie Française, dont elle a été administratrice générale, de 2006 à 2014 et aussi la première femme à avoir dirigé l’Académie de France à Rome – Villa Médicis entre septembre 2015 et septembre 2018.
Mais, disais-je, pas tant que ça : cette saison a été « concoctée » par Thierry Tordjman, directeur adjoint d’Irina Brook, actuellement directeur par intérim et Ella Perier, secrétaire générale du TNN. Ces deux personnalités connaissent fondamentalement le théâtre et le porte chevillé au corps. Et leur programmation, plus que de développer des thématiques, cherchent des « temporalités ». C’est une saison « éclectique » où vont se croiser des occurrences.
En même temps – comme dirait l’autre- 2019, c’est tout simplement 50 ans après la première sison de ce qui s’appelait le Centre Dramatique National Nice Cote d’Azur, dont la programmation avait commencé le 14 novembre 2019 avec « La route étroite vers le grand nord » d’Edward Bond. Mais retrouvons nous 50 ans plus tard.
Je parlais d’occurrences. L’une d’entre elle est le sport, avec quatre spectacles dont l’un sur la rencontre – réelle- entre Marguerite Duras et Michel Platini, un autre avec comme protagoniste André Agassi. Et n’ayez crainte, c’est du théâtre, à l’instar du sublime forcement sublime « Italie 3 Brésil 2 ».

Et puis un peu plus de spectacles consacré à la danse, avec entre autres Josette Baïz, et le sublime forcement sublime – non, ça c’est déjà pris, Angelin Prejlocaj avec « Gravité » que ça me démangeait de voir enfin.
La musique, aussi, et en particulier le jazz, puisque nous auront régulièrement des concerts, entre autre celui de Kyle Eastwood..
Autre rencontre musicale, Jean François Zygel, qui est à l’improvisation ce que Bach est au contrepoint. Concerts, mais aussi carte blanche sur des rencontre avec des poètes.
Et le théâtre, dans tout ça ? Oh, minute, papillon ! Un axe central des CDN, c’est la production et la coproduction.
« L’une de nos missions premières est d’accompagner les artistes dans leurs créations, soutenir leurs projets, financièrement, techniquement ou administrativement, en leur offrant des espaces de travail et les possibles aides humaines et logistiques nécessaires à la création. », Ella Perrier et Thierry Tordman l’écrivent dans leur dossier de presse. Dont acte
Dans les productions, Samuel Charieras met en scène « 20 novembre » de Lars Noren, un des plus grands dramaturges contemporains dont nous avons vu à Nice Catégorie 3-1, Crises, bref du théâtre qui chamboule et ça fait d bien.

Production aussi avec Linda Blachet, la compagnie Hanna.R avec Killing Robots. Accompagnée de trois comédiens et d’un musicien, la metteure en scène reconstitue le parcours d’un robot auto-stoppeur, dont le corps démembré a été retrouvé aux abords d’une forêt. Aller sur les traces des derniers jours du robot, parler à ceux qui l’ont rencontré pendant son voyage et retranscrire ce qu’il a vu des hommes, nourriront la dramaturgie de ce road-trip exaltant.
Toujours dans les productions, « André » mise en scène et écriture Marie Rémond. Celle-ci nous raconte avec fantaisie André Agassi, le champion de tennis, pour construire une pièce originale et percutante. Le texte permet de comprendre la difficulté d’un destin programmé malgré soi : André Agassi déteste le tennis !
Quant aux compagnies locales – qui ne sont après tout que les compagnies comme les autres, B.A.L avec « Polis comme des galets », ARKETAL avec Hermès le Dieu espiègle d’Arnaud Beaujeu mise en scène de Sylvie Osman, La Machine, qui a présentéDon Quixotte l’invincibleen 2017 avec La vie trésorrifique du grand gargantua et donc Hanna R. avec Killing Robots
J’entends les ronchons : et le classique ? Rassurez-vous, il y en aura : la programmation commence avec Georges Dandin ou le mari confondu. Mais ce qui m’intéresse, ce n’est pas de le re-re-revoir, mais que la mise en scène est de Jean Pierre Vincent. Et puis reste à savoir ce que l’on désigne par classique. Mais cela est un autre débat.

Je ne vais peut être pas vous énumérer les 45 spectacles, mais on commence avec Georges Dandin du 9 au 12 octobre, puis la première des Nice Jazz Festival Sessions, le 12 octobre, Portrait de ludmilla en nina simone, texte et mise en scène de David Lescot (Mon fric décembre 2016) du 16 au 18 octobre, Ce que la vie fait à la politique, d’après Pierre Bourdieu, L’insoumission en héritage, mise en lecture Mohamed El Khat (Stadium Février 2019), 19 octobre, Killing robots du 6 au 9 novembre.
Pour le reste, www.tnn.fr et deux fraises sur le Paris-Brest (deux cerises sur le gâteau) : Dan Jemmet et, vraiment très hors les murs (Toulon) Bartabas.
Madame Murielle Mayette-Holtz, avec Ella et Thierry, et avec tout le personnel de votre nouvelle maison, vous avez là, pour reprendre le titre du film de Duvivier, une belle équipe.
Jacques Barbarin