Un bijou du cinéma français…

Je vous parlais au cours de ma deuxième chronique sur la dernière quinzaine des réalisateurs Cannoise , du long métrage français particulièrement jouissif – c’est si rare que cela mérite que l’on s’y arrête- « Perdrix ». D’une finesse infinie, le film est une des choses les plus enthousiasmantes et accessoirement du cinéma d’auteur français actuel. Non, ce n’est pas un film sur la chasse. Quoique. Ce n’est pas l’oiseau qu’on chasse, mais un drôle d’oiseau, ou, pour rester dans la tonalité mockienne, un drôle de paroissien. Ou plutôt de paroissienne. Perdrix –réalisé intégralement dans les Vosges- est un régal. C’est un inventaire à la Prévert : un capitaine de gendarmerie mélancolique, dont le nom est Perdrix (Swann Arlaud le prix d’interprétation du « meilleur acteur » dans « Petit Paysan » César 2018), son frère biologiste spécialiste des lombrics, au caractère on va dire insociable (Nicolas Maury), sa fille qui ne rêve que de partir en pension, la mère (Fanny Ardant) animatrice radio d’émission de nuit, à la Macha Béranger, qui ne pense qu’à s’émanciper, à vivre sa vie ; elle en a plus qu’assez des repas sous le portrait du marie mort il y a quelques années, un village, un camp de nudistes, pas spécifiquement pénibles, mais dérangeant pour le calme ordre établi du paisible village vosgien, un peu activistes dans l’âme, et parfois dans l’action… Et où est le raton laveur ? C’est Juliette (Waud Miler).

C’est une tornade. On en tomberait amoureux. Elle déboule dans la calme tranquillité de ce lieu endormi sur lui-même, telle à la fois une Zazie dans le village, mais aussi une sorte de Mary Poppins. Elle surgit de nulle part dans une voiture rapide de style Lamborghini, de couleur orange, qu’elle se fait piquer, sans doute par une nudiste, et vient à la gendarmerie porter plainte. Et comme une tornade, elle va semer le désir et le désordre dans l’univers du placide capitaine, obligeant chacun à redéfinir ses frontières, et à se mettre enfin à vivre. Mais tout va t-il changer ? C’est un film à la tonalité du cinéma fantastique tel celui de Delvaux, mâtiné d’un humour caustique dans lequel peut-être Mocky n’est pas loin, mais où se hume le fumet d’un surréalisme, je n’ai pas cité Prévert et Delvaux pour rien. Plus que le récit, c’est la manière de conduire le récit qui importe. On y rencontre des blindés, serait-on en guerre ? A qui, à la perdrix ? Que nenni, il s’agit de la célébration de je ne sais plus quelle bataille, les habitants du village sont revêtus d’uniformes, venu des surplus, et lis viennent semer leur pataquès dans une intrique qui avait bien besoin de ça.
Dans les séquences particulières consacrées aux membres de la famille, apparaît que chacun d’entre eux sont comme presque « poussés » par une force qui les dépasse, comme les personnages de « Théorème ».

la fin, telle Mary Popins, sa voiture retrouvée, Juliette prend la poudre d’escampette. Mais elle aura tout tourneboulé. Quoique Il faut que tout change pour que rien ne change disait Don Fabrizio, prince de Salina, dit « le guépard »
La perdrix est un oiseau sédentaire terrestre, qui vit en petites bandes, sauf en saison de reproduction. Elle peut effectuer de petites migrations locales pour fuir une météorologie difficile avant de regagner son habitat.
Offrez-vous ce plaisir, un Délicatessen rare. C’est un film qui nous accompagne bien au delà une fois la séance finie, par sa poésie modeste qui illumine ses personnages. Un film d’Erwan Leduc digne d’entrer dans une cinématographie.
( Jacques Barbarin )
PERDRIX d’Erwan Le Duc – 2019- Durée : 1 h 39
AVEC : Swann Arlaud, Maud Wyler , Fanny Ardant , Nicolas Maury…
Bande annonce du film http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19584084&cfilm=190322.html
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