Moi vous m’connaissez ? J’aime –entre autres- le jazz, la photo et la Cave Romagnan. Alors quand les trois se marient le temps d’une expo sublime, forcement sublime, comme dirait Marguerite, je biche grave.
L’artiste, c’est Laurent Thareau, photographe professionnel, qui exerce ses nombreux talents en particulier dans le monde de l’art contemporain, œuvrant pour les musées, galeries et artistes majeurs dans ce domaine. Puis à l’occasion d’une transatlantique à bord d’un voilier il fut bouleversé. La liberté de ces voiliers sur l’eau l’inspire certainement lorsque son œil capture les images des auteurs de la musique la plus libre qui soit, à savoir le jazz, flottant au gré de leur inspiration tels des navires sur les flots, jazz qu’il a aussi photographié et que retrace cette exposition..
Portraits saisis au plus prés dans l’intimité de ces artistes de jazz avec leur instruments, ces photos, pour la très grande majorité en noir et blancs, prises au Nice Jazz festival et au Jazz à Juan, m’empoignent et me laissent pantois. Elles me font faire des wip, des clip, des crap, des blang, des zip et des vlop !
Deux d’entre elles me « parlent » particulièrement.
Celle d’Esperanza Spadling (née en 1984 à Portland) contre bassiste, bassiste, chanteuse, dont la révélation a été de voir à la télévision, à l’âge de 4 ans, un concert du violoncelliste Yo Yo Ma. Sur la photo, elle est en totale fusion avec son instrument, il y a son visage quasi extatique et le rythme de ses mains, le modelé du travail de ses muscles. L’œuvre donne plus la sensation d’une peinture que d’une photo comme si elle avait ce coté « sfumato », ce modelé vaporeux cher à la peinture de Da Vinci. Esperanza ou Mona Lisa ?
Passons à celle de Walter Blanding (saxophoniste (né en 1970) et de Roy Hardgrove (trompettiste, 1969-2019). Et surtout ce qui me « point », comme dirait Roland Barthes dans « La chambre claire »n c’est leur comparaison. J’ai parlé des nuances de gris – je ne crois pas qu’elles soient 50- concernant la photo se Spadling, nous passons au superbe noir et blanc contrasté de celle de Blanding et Hardgrove. Concentration dans le travail chez la première, repos –ou attente- chez nos deux « cuivres ». Qu’attendent-ils, ces ceux-là ? De commencer leur set ? Se reposent-ils après leur prestation ? Seul Laurent connait la réponse. Je remarque le profil parfait de Walter Blanding, le regard pensif (la position du penseur y aide) de Roy Hardgrove, les cinq points lumineux autour d’eux, comme une constellation…
A regarder attentivement chacune ce ces œuvres exposées à la Cave Romagnan, chacun peut trouver à y nourrir son propre imaginaire.
J’écrivais plus haut : « jazz qu’il a aussi photographié ». C’est exact. Plus que des instrumentistes – fussent-ils au repos- c’est leur musique qui se trouvait au bout de son objectif.
Photos de Laurent Thareau, Cave Romagnan, 20 rue d’Angleterre NICE jusqu’à la fin juin http://caveromagnan.free.fr/
Jacques Barbarin
Magnifiques clichés.