Quinzaine des Réalisateurs / Troisième temps avec la Chine, la Suisse, l’Italie

Nous terminions le précédent article avec le film d’un autrichien, l’envoutant Lillian. Partons en Chine avec Huo zhe chang zhe (Vivre pour chanter),  du réalisateur Johnny Ma. Là aussi tout part du réel et le film mêle documentaire et fiction.

Huo zhe chang zhe

Zhao Li mène une troupe d’opéra du Sichuan qui vit et se produit dans un théâtre délabré de la périphérie de Chengdu. Quand elle reçoit un avis de démolition, elle cache la nouvelle, par peur que celle-ci sonne le glas de la troupe. En même temps, leur vie est de plus en plus difficile…Mais quelles alternatives pour eux ? Pour sauver sa « famille » du théâtre, Zhao Li se met à la recherche d’un nouveau théâtre où ils pourraient vivre et chanter.
A l’origine, un documentaire tourné par un journaliste, relatant la vie au quotidien d’une troupe d’opéra chinois. L’opéra chinois ou théâtre chanté traditionnel chinois est synonyme de théâtre chinois jusqu’au XXème siècle. Il existe une  forme de spectacle théâtral populaire,  l’art des conteurs, des chanteurs et des bateleurs.
Le film mêle ces images sur le quotidien de la troupe et des images de représentation d’opéra, représentations faites  surtout pour montrer l’importance populaire de cette culture, en y invitant « le directeur » afin d’essayer d’enrayer la destruction. Mais, à l’instar de Godot, le directeur « n’a pas dit ferme qu’l viendrait ». Bien sûr tout est détruit, mais tout est perdu, fors l’honneur.
Parabole sur Chine ancienne et Chine nouvelle ? Pas si simple que ça. En tout cas, questionnement sur la culture et ses valeurs que l’on voudrait pérenne et le « nouveau » qui s’amorce bien souvent par la destruction et entre les deux… Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres (Gramsci)

Les Particules

La Suisse, à présent, avec Les Particules,  de Blaise Harrisson. Pays de Gex, frontière franco-suisse. P.A. et sa bande vivent leur dernière année au lycée. A 100 mètres sous leurs pieds, le LHC  (Large Hadron Collider, Grand Collisionneur de Hadrons) accélérateur de particules le plus puissant du monde, provoque des collisions de protons pour recréer les conditions d’énergie du big bang, et détecter des particules inconnues à ce jour. Tandis que l’hiver s’installe et que P.A. voit le monde changer autour de lui, il commence à observer des phénomènes étranges,…
Ce film prend l’air d’un film documentaire sur la vie des ados, mais faussement, je dirai que l’on est presque dans une atmosphère de fantastique : une vie ordinaire, un lycée, la grande ville pas loin (Genève), une nature superbe, et à 100 mètres sous terre, la présence en quelque sorte du futur, l’accélérateur de particules. Cette étrange conjonction entre les questionnements sur la vie, sur l’utilité des choses, qu’exprime volens nolens  le monde adolescent.
Le ton du film est lent, mais il est  opérant sur la rencontre de ces deux univers. Quand nous sommes à l’intérieur du CERN (Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire), les images de ce lieu, les couloirs d’ordinateurs, les images de collision de particules, avec une création sonore prenante, m’ont fait penser à l’avant –dernière séquence de 2001 Odyssée de l’espace, Au-delà de Jupiter. Mais, comme l’on dit, c’est mon ressenti. Film étrange, prenant, prégnant,  du fait même de la rencontre de ces deux mondes qui se rejoignent peut-être dans la dernière image. Il vous faudra attendre de 5 juin
J’avais commencé ma deuxième livraison par un court métrage, je finis par un autre. Après tout, un court métrage n’est pas un petit film, il est une œuvre cinématographique en soi. Voici donc
Quello che verrà è solo una promessa (ce qui va arriver n’est qu’une promesse). Ce film n’es pas l’œuvre d’un réalisateur mais de  Flatform , collectif d’artistes basé à Milan et Berlin et actif depuis 2006. Les œuvres de Flatform ont été présentées en compétition dans les principaux festivals de film.

Quello che verrà è solo una promessa

Nous sommes à Funafuti, un atoll des Tuvalu, État-archipel d’Océanie. Au cours d’une longue et lente prise de vue de Funafuti, sécheresses et inondations apparaissent à un rythme constant et ininterrompu. Le flux des deux événements se reflète dans les lieux et les actions des habitants, donnant l’impression que les phénomènes extrêmes de l’île sont familiers : l’air est troublé par l’attente et la suspension. Le film se présente  comme un long plan séquence, un travelling latéral où s’enchaine des séquences somme toute anodine (des gens qui marchent le long de la plage, un jeune homme à mobylette) sauf que la route, le chemin, la plage qu’ils empruntent sont entièrement recouvertes d’eau puis asséchés.
Cette ile est devenue depuis quelques années le théâtre d’un phénomène unique. En raison du réchauffement anormal de la mer, de l’eau salée s’infiltre dans le sous-sol à travers le terrain poreux, provoquant des inondations qui mettent en péril l’avenir de la vie sur cette île.
On comprend le sens du titre Quello che verrà è solo una promessa : ce que l’on voit à Funafuti, risque de nous advenir. Allons-nous nous habituer à ce phénomène, qui n’est qu’une conséquence de nos comportements ?

Jacques Barbarin

Illustrations :
Huo zhe chang zhe ImageXProductions
Les particules
Quello che verrà è solo una promessa

 

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