La  quinzaine… Elle démarra le 9 mai 1969 sous la houlette de son fondateur, Pierre Henri Deleau, – qui y est resté 30 ans- et sous les auspices de la SRF (Société des Réalisateurs de Films).
Mais qui donc à trouvé ce nom?  C’est Jean Gabriel Albicocco, réalisateur du Grand Meaulnes qui voulait  « un nom aussi con et facile à retenir que Société des Apiculteurs du Var ». Et c’est lui qui a proposé Quinzaine des Réalisateurs des Films parce que ça devait durer deux semaines et que c’était des films choisi par des réalisateurs. Comme le dit PHD (Pierre Henri Deleau à Bruno Ischer dans son livre La quinzaine des Réalisateurs- Les jeunes années. Mais cela a été l’objet d’un autre article.
La Quinzaine des Réalisateurs, dite aussi  « Quinzaine », est une sélection parallèle du festival de Cannes. Elle est totalement indépendante du festival de Cannes, créé à l’origine pour le concurrencer et montrer aux spectateurs des films de tout horizon, réalisés par des cinéastes inconnus. Elle permet de découvrir de faire découvrir les premiers fils de Spike Lee, Martin Scorsese, Rainer Werner Fassbinder, Nagisa Oshima, Michaël Haneke…et tant d’autres.

Ont succédé à Pierre Henri Deleau  comme délégué(e) général (e) Marie Pierre Macia  (1999 – 2003), François Da Silva (2003 – 2004), Olivier Père (2004 – 2010), Frédéric Boyer (2010 – 2011), Edouard Waintrop (2011-2018) et depuis 2019, Paolo Moretti. Outre la Quinzaine, ce dernier est délégué général du festival international du film de La Roche sur Yon. De 2008 à 2011, il a été adjoint du directeur et conseiller de programmation de la Mostra de Venise.
La Quinzaine  est non compétitive. Cependant, certains prix sont remis par des partenaires :
Art Cinéma Award remis par la Confédération internationale des cinéma d’Art et Essai
Label Europa Cinéma
Prix SACD de la quinzaine des réalisateurs
Prix du court métrage
Carrosse d’Or
Pour la petite histoire, un réalisateur canadien, pour sa première  participation en 2009 remporte 3 prix, c’est Xavier Dolan avec J’ai tué ma mère. Depuis, il a remporté une palme d’or et il n’est pas le seul« issu de la quinzaine » à avoir remporté ladite palme
Parmi les réalisateurs de chaque quinzaine, ceux qui présentent leur premier film participent de facto à la Camera d’Or, récompense cinématographique remise lors du Festival de Cannes pour encourager de jeunes artistes au talent prometteur en récompensant le meilleur premier film. La récompense fut créée en 1978.
Cette année, de A à Z, 23 longs métrages. 7 films français, dont le premier par ordre alphabétique commence par A (Alice et le maire) et le dernier par Z (Zombi Child). Le réalisateur de ce denier n’est pas un inconnu puisqu’on lui doit le film Saint Laurent (2014) : Christian Bonnello. Et, comme d’habitude, la  variété des sujets sera au rendez-vous, avec des films qui abordent les thèmes de société et politiques, mais font également la part belle aux sujets plus intimes, de la même manière que la variété de styles et de récits (fiction, documentaire, réalisme, genres..) sera révélatrice des formes employées par les cinéastes pour chercher à interpeller ou toucher le cœur du public.
Ne pas oublier la présentation de dix courts métrages. Je donne personnellement le prix du meilleur titre à «  Les extraordinaires mésaventures e la jeune fille de pierre ».
Le film d’ouverture, projeté en première mondiale, sera « Le daim », de Quentin Dupieux (France), avec Christian Dujardin
Une forte initiative : en 2010, la Quinzaine des Réalisateurs a initié dans le quartier prioritaire de Cannes la Bocca un dispositif d’accès à la culture et d’éducation à l’image. Son objectif premier était de rendre le cinéma et le Festival de Cannes accessibles au plus grand nombre en accueillant les habitants en exclusion sociale aux projections de la Quinzaine des Réalisateurs.
Dès  la rentrée 2010 a été  mis en place avec les acteurs sociaux du quartier (associations de quartier, missions locales, centres sociaux, centres de formation et établissements scolaires en zone prioritaire …) des rendez-vous culturels participatifs à travers des projections/débats et des ateliers.
Depuis 2010 le dispositif s’est développé et consolidé. Il est dorénavant bien identifié, ancré dans le quartier et plébiscité par les participants. Les actions ont par ailleurs été saluées à plusieurs reprises par le ministère de la Culture et de la Communication
Aujourd’hui le dispositif, qui s’appelle dorénavant La Quinzaine en Actions, s’adresse aux jeunes déscolarisés, aux primo arrivants, aux femmes en grande difficulté, aux habitants et aux scolaires des quartiers prioritaires.
Petit détail non inutile à savoir : Les projections de la Quinzaine des Réalisateurs se déroulent au Théâtre Croisette du JW Marriott, là où se situait l’ancien Palais des Festivals –je vous parle d’un temps…)
Mais tous les films de la sélection sont repris parallèlement dans les salles partenaires cannoises : Les Arcades, l’Olympia, La Salle Alexandre III, Le Théâtre La Licorne, le Studio 13 à la MJC Picaud et le Cinéma Le Raimu.
Et, cherry on the cake (cerise sur le gâteau) trois installations e réalité virtuelle de Laurie Anderson et Hsin Chien Huang. Laurie Anderson est une musicienne, réalisatrice, écrivaine, artiste multidisciplinaire, pionnière de l’art numérique et finalement  raconteuse d’histoire (en français storyteller). En 1987 elle lie son histoire à celle de la Quinzaine des Réalisateurs en y présentant sa première réalisation, Home of the Brave. Elle présente à la quinzaine l’ensemble de ses récentes réalisations en réalité virtuelle, qu’elle co-signe avec le créateur en nouveaux médias, Hsin-Chien Huang. Mais rassurons-nous, la culture n’a rien de virtuel, tout au moins l’espéré-je.
Pour tous renseignements, téléphone du 15 au 25 mai 2019 : 09 70 75 54 30
Si vous voulez les détails du programme :
https://www.quinzaine-realisateurs.com/edition/2019/

Jacques Barbarin

Illustrations :

Affiche de la quinzaine
Paolo Moretti
Affiche de l’exposition