Histoire /    Nice, un accident tragique sur la carrière de Rauba-Capèu en 1872

Ami lecteur vous connaissez tous le monument aux Morts de la Grande Guerre inauguré en janvier 1928 par le Maréchal Foch et construit sur l’emplacement d’une ancienne carrière creusée dans la colline du Château de Nice.Un monument provisoire, une pyramide en bois, avait été édifié peu après la fin du conflit en attendant celui, définitif, œuvre de Roger Séassal, Grand Prix de Rome.

En 1748, les édiles niçois décident de créer le nouveau port de Nice dans l’anse de Lympia, abandonnant ainsi l’antique port des Ponchettes devenu totalement inadapté au trafic maritime moderne. L’ingénieur piémontais Nicolis de Robilante posera la première pierre du môle le 18 juillet 1751. Les travaux vont être alors menés bon train sous la direction des deux ingénieurs sardes De Vincenti et Borra mais vite interrompus entre 1755 et 1770 par manque de financement puis repris laborieusement par la suite. Au bassin primitif va succéder un autre plus au nord creusé en 1898, nécessitant la démolition de certains immeubles (les maisons Abudharam et Gustavin entre autres).

Ce nouveau port va être construit en grande partie par des bagnards et les pierres nécessaires à son édification vont être prélevées dans une carrière toute proche, dans l’ancienne colline du château, côté est, visible sur les iconographies anciennes d’époque (cartes postales entre autres).

Le jeudi 25 janvier 1872 vers 17h, un grave accident va survenir dans cette carrière toujours exploitée car les travaux du port n’en finissent pas de finir : la partie située en face de la jonction entre les rues Emmanuel-Philibert et Ségurane va être brutalement dévastée par la chute de trois énormes blocs blessant plusieurs passants et occasionnant de gros dégâts dans l’immeuble d’habitation au dessous, la maison Baudoin d’où on retirera 6 victimes dont une femme de 84 ans décédée le lendemain des faits. Tout laisse à penser que cinq victimes gisent encore sous les ruines.

De fait, une sixième victime sera découverte le dimanche 28 janvier, Mlle Joséphine Galleani (22 ans).Un témoin de l’évènement, Dominique Tordo va laisser de ces évènements un témoignage émouvant écrit en mai 1872. A la lecture du texte il ressort d’ailleurs qu’il n’a pas été le seul à produire ce document: on y voit effectivement deux écritures différentes décrivant la catastrophe. Le deuxième rédacteur doit être le dénommé Auguste Balestre qui accompagnait Tordo lors de leur descente du chemin venant du sommet de la plateforme du château. Ils auront échappé de justesse à la mort! Le célèbre revue «L’Illustration» se fera l’écho de l’évènement dans son numéro du 3 février 1872 publiant seulement la gravure principale montrant l’effondrement sur la voirie. La presse niçoise, par contre, par la voix du journal «Le Phare du Littoral» va informer très vite le public de cette catastrophe.

Rapidement, les secours affluent avec le maire Auguste Raynaud en tête, la gendarmerie, les soldats du 27eme de ligne et les pompiers bien sûr. Tout le monde est sur le pont.

Rauba Capeu vers 1914

Le 27 janvier à 10 heures, ont lieu les obsèques dans l’église du Port des cinq victimes retirées des décombres. La cérémonie est présidée par Mgr Sola qui prononcera lui-même l’absoute, au milieu d’une foule compacte au premier rang de laquelle figurent les autorités civiles et militaires dont le maire de Nice.

Finalement cette tragédie va faire neuf victimes, de nombreux blessés et des dégâts matériels considérables

 

Yann DUVIVIER

Sources: Journal «Le Phare du Littoral», revue «L’Illustration».

 

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