Cinéma / LES ETERNELS de Jia Zhang-Ké.

Présenté en compétition Officielle au Festival de Cannes 2018, le nouveau film du cinéaste Chinois sort cette semaine sur les écrans . Ne manquez pas son portrait et constat amer sur le  » libéralisme » en marche de la société Chinoise et ses dégâts collatéraux, créant tensions sociales et brisant des destinées humaines …

Fan Liao et Zhao Tao dans Les Eternels de Jia Zhang-Ké.( Crédit  Photo: Ad Vitam Distribution )

Habitué de la sélection Cannoise où il présentait Au delà des montagnes en 2014 , le cinéaste Chinois y revient avec son neuvième long métrage , Les éternels situé dans la Chine des années 2000 en pleine mutation et changements économiques . Le cinéaste y poursuit sa radioscopie du Pays avec son style particulier composant ses récits souvent en chapitres distincts, lui permettant de l’un à l’autre de changer aussi son regard et son traitement cinématographique . Ici le film noir se décline comme un récit dont la toile de fond entraîne ses personnages dans le tourbillon , est justement cette mutation du pays qui va changer leurs destins . Durant prés de deux heures trente , il nous convie à un récit à la fois haletant et passionnant où s’inscrit la gravité, la tragédie et la noirceur . Au cœur de celui-ci , un superbe portrait de femme combative qui malgré les déboires vécus ne baissera pas les bras . Dans la première période on y découvre donc nos deux héros principaux Bin (Zhao Tao ) et  Qiao (Fan Liao ) dont la relation amoureuse se déroule au cœur du milieu mafieux et de la voyoucratie où influences et trafics sont le quotidien au cœur d’une atmosphère de rivalités et de concurrence effrénée , où les codes d’honneur d’antan ne sont plus respectées . Bin, en fera les frais qui va se retrouver piégé par l’une d’entr’elle et échappera à la mort grâce à Qiao qui ,sortant un arme  , fera entendre raison aux assaillants. Cette dernière se sacrifiera , refusant d’impliquer Bin , et fera 5 ans de prison pour port prohibé d’arme à feu . Cut .         A sa sortie , en quête de celui qu’elle a sauvé, et qui – peu reconnaissant – s’est lié à une nouvelle compagne et s’est investi dans des affaires industrielles. Qiao accuse le coup et se retrouve seule à devoir refaire sa vie . Elle ne manquera pas d’audace pour s’en sortir,,ayant retenu la leçon , elle bernera sans scrupules quelques « cobayes » huppés, afin de pouvoir reprendre les activités de jeu , comme à ses débuts et retourner dans sa  région natale , pour s’y imposer en se montrant à  son tour implacable…

Zhao Tao est Qiao – Crédit Photo : Ad Vitam Distribution-

La suite réservant des surprises qu’on vous laisse découvrir , elle vous permettra de goûter la mis en scène du cinéaste avec ses digressions humoristiques ( la rencontre de l’inconnu  dans le train…) , voire ses envolées poético-fantastiques . Et puis il y a surtout la toile de fond : la description de la mutation du pays avec l’immense chantier du barrage des « trois gorges » ( où travaillera , un moment Bin ..) , et les multiples chantiers de construction d’immeubles , les déplacements de populations, ainsi que les fermetures d’usines qui ne sont plus rentables et ceux qui se retrouvent sans travail. Le cinéaste portraitise admirablement le Libéralisme en marche et sa loi impitoyable qui fera dire à Qiao dans une conversation avec l’homme du train : «  nous sommes prisonniers de ce monde ». Constat amer !. En effet, le couple Bin et Qiao au cœur du récit symbolise tous ces marginaux et laissas pour compte d’une société dans laquelle ils sont contraints de se battre pour survivre , comme le souligne le cinéaste : «  le couple du film vit en marge de la société. Ils survivent en s’opposant à l’ordre social conventionnel. Je n’ai pas cherché à les défendre mais plutôt à les comprendre dans leurs malheurs. D’une certaine façon, cela m’a rappelé mes premières années de réalisateur, alors qu’il était risqué de faire des films qui exprimaient clairement nos idées et nos sentiments profonds sur la société. Je me suis donc jeté dans l’écriture de ce scénario comme s’il s’agissait d’une traversée dans mes émotions : ma jeunesse perdue et mes rêves d’avenir. Vivre, aimer et être libre ». Jia Zhang-ké, signe un grand film,qu’il faut voir …

(Etienne Ballérini )

LES ETERNELS de Jia Zhang-Ké- 2018, sélection officielle, Cannes-  Durée : 2h 15

AVEC : Zhao Tao , Liao Fin, Xu Zheng, Casper Liang….

LIEN : Bande-Annonce du Film Les Eternels de Jia Zhang-Ké .

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