Vraiment, l’année 2018 ne se termine pas tranquillement. 28 décembre. Décès d’Amos Oz, c’est peut-être un détail pour vous. Vous ne le connaissez pas ? Je vous rassure,
moi non plus, jusqu’au mois d’octobre 2016, où j’achetais son dix huitième roman, qui sera hélas son dernier : Judas
Amos Oz est né en 1939 à Jérusalem où il grandit rue Amos dans le quartier de Kerem Avraham. Il est le fils unique de Yehuda Arieh Klausner et Fania Mussman, des immigrants d’Europe de l’Est fuyant l’antisémitisme grandissant. Son père avait étudié l’histoire et la littérature à Vilnius. Ses parents émigrent en Palestine mandataire (Palestine sous mandat britannique) au début des années 1930. Son père travaille comme bibliothécaire à Jérusalem et sa mère donne des leçons d’histoire et de littérature.
Amos Oz et sa famille entretenaient une certaine distance à la religion dont ils méprisaient l’irrationalité. De nombreux membres de la famille d’Amos Oz s’inscrivaient dans le courant du sionisme révisionniste.
Amos Oz, sioniste de plus en plus séduit par la gauche, rejoignit le kibboutz de Houlda à l’âge de quinze ans. C’est à cette époque qu’il adopta le nom d’« Oz » qui signifie « force » en hébreu. C’est à Houlda qu’il commence à écrire, et qu’il gagne progressivement le droit de consacrer quelques journées par semaine à ses livres et qu’il gagne progressivement le droit de consacrer quelques journées par semaine à ses livres Il est le cofondateur du mouvement La paix maintenant et l’un des partisans les plus fervents de la solution d’un double État au conflit israélo – palestinien.
Oz a écrit 18 ouvrages en hébreu, et près de 450 articles et essais. Ses œuvres sont traduites en trente-neuf langues différentes. Il a obtenu quelques-uns des prix les plus prestigieux en Israël et dans le monde. En novembre 2008, l’écrivain annonce qu’il rallie la « Nouvelle gauche » (parti de la gauche sioniste favorable à un partage territorial) pour contrer le Likoud (droite nationaliste), dirigé par Benjamin Netanayahou.
Comme je l’écrivais plus haut, je le découvre en lisant ce qui sera son dernier roman. Il a aussi écrit près de 450 articles et essais. Ses œuvres sont traduites en trente-neuf langues.
Il a obtenu 17 prix littéraires dont le Femina étranger en 1988, le prix Méditerranée étranger en 2010, les prestigieux et les prestigieux pris Goethe e prix Franz Kafka en 2013. Il obtient en 2015 le prix international de littérature, décerné par la Maison des Cultures du Monde à Berlin pour Judas
Outre une personnalité forte et un engagement vrai, Amos Oz est un immense écrivain – ses récompenses le prouvent à l’envi. Amos Oz milite pour une lecture lente de la littérature, qui permet de retrouver ce qu’il appelle un bonheur tranquille. Plutôt que la dissection et l’analyse à outrance du texte, il encourage la recherche du simple plaisir de la lecture et la bonne compréhension du texte, notamment par la participation active du lecteur au contrat introductif du début de chaque livre.
Cette ouverture donne la tonalité et les couleurs à venir, elle en donne le cadre, éveille notre curiosité et notre appétit. Dans le contrat introductif de « Judas », nous savons le lieu et l’époque du roman qui va venir, la description physique et psychologique du personnage central, de ses défauts, de son caractère, de ses options politiques… bref, nous ne savons pas grand-chose si ce n’est que « on y parle d’une erreur, d’un désir, d’un amour malheureux et d’une question théologique inexpliquée » En quelque sorte, une ouverture d’opéra.
Il y a de cela quelques semaines, je me trouvais Place de la Préfecture, à Nice, où tous les samedis matin sont les bouquinistes. Et nous étions un samedi matin. Moi, vous m’connaissez ? Je résiste à tout sauf à la tentation. Un petit livre d’Amos Moz me tendait les bras, une nouvelle intitulée Les Héritiers. Dans ce livre, il n’y a que cette nouvelle, mais vous retournez le livre et vous avez le texte original, en hébreu, ce qui fait donc de ce recueil d’une seule nouvelle un livre rare.
L’inconnu n’était pas un inconnu. Quelque chose dans son apparence repoussa et attira Alrich Zehik au premier regard, en admettant que ce fût effectivement le premier. Le ton est donné, le mystère est là. La mécanique précise par laquelle est décrite l’intrigue est digne d’une nouvelle de Borges. Mais en même temps –comme dirait l’autre – nous ne sommes pas loin, dans la construction, de la névrose obsessionnelle présente dans les nouvelles de Gogol.
Profitons-en pour « lister » l’œuvre romanesque d’Amos Moz, paruue chez Gallimard :
Ailleurs peut-être (1966), Mon Michaël (1968), Toucher l’eau, toucher le vent (1973), Sous cette lumière flamboyante (1979), Une paix parfaite (1982), Dans la terre d’Israël (1983) La boite noire (1986 en hébreu ; 1988 en français) 1988 Connaître une femme (1989) La Troisième Sphère (1994), Ne dis pas la nuit (1994), Une panthère dans la cave (1995), Un juste repos (1996), Seule la mer (2002), Une histoire d’amour et de ténèbres (2003), roman autobiographique, Soudain la forêt profonde (2005), Vie et mort en quatre rimes (2007 en hébreu ; 2008 en français), Judas (2014 en hébreu ; 2016 en français).
Bon, les gilets jaunes, c’est important, l’affaire Benalla, capital ,mais
Parfois plus connu sur la scène internationale pour ses prises de position politiques que pour ses écrits, ce porte-parole de la gauche sioniste israélienne n’en laisse pas moins une œuvre littéraire remarquable et maintes fois primée, riche d’une vingtaine de romans et de recueils de nouvelles, auxquels s’ajoutent une demi-douzaine d’essais et d’innombrables articles de presse.
Ariane Singer in https://www.lemVonde.fr/disparitions/article/2018/12/28/l-ecrivain-israelien-et-militant-pour-la-paix-amos-oz-est-mort_5403235_3382.html
Jacques Barbarin
Illustrations
Amos Oz photo Dan Balilty/AP
Amos Oz discute avec des Palestiniens après la récolte d’olives à Aqraba, en Cisjordanie, le 30 octobre 2002 AFP, Menahem KAHANA