A la naissance de sa petite sœur, Kun, voit en elle une rivale qui accapare l’amour de ses parents. Jaloux, replié sur lui-même, il se recrée un « monde » fantastique, qui lui ouvrira les portes de la réconciliation. L’auteur de Ame et Yuki les enfants loups (2012) , nous offre un nouveau chef- d’oeuvre animé…

Surnommé « l’explorateur du quotidien » par le critique de cinéma Japonais Hikawa Ryusuke , Mamoru Hosoda s’est rapidement fait une place dans l’animation du Pays du soleil. Révélé par des premières réalisations aux tonalités avant-gardistes ( Digimon 1 et 2 / 1999/ 2000 et La Traversée du temps / 2006 ) il est considéré comme le successeur du grand Hayao Miyasaki . Adaptant Mangas , récits populaires Japonais (La Traversée du Temps / 2006) ou sur les dérives virtuelles ( summer wars / 2009) , au cœur desquels on retrouve la thématique de la famille et de l’enfance qui va prendre avec , Les enfants Loups une plus grande place encore dans son œuvre . La création de son propre studio ( studio Chizu ) lui ouvrant la liberté et l’opportunité d’aller plus loin dans l’exploration de ses thèmes « grâce au potentiel de l’animation , je veux repousser les limites du cinéma » , dit-il .Cinéma inspiré de sa propre expérience , qui irrigue ses récits : hommage à la famille, expérience de paternité et transmission, on les retrouve ici au centre de son nouveau film qui se décline sur la thématique de la fraternité . Le prisme de la jalousie que suscite l’arrivée dans la famille de la petite sœur Miraï qui « vole » à Kun l’attention de ses parents, permet au cinéaste de brosser en miroir, un portrait de transmission inter-générationnel . Le passé , le présent et le futur s’y télescopent, pour explorer « la chaîne de la vie ». La filiation à l’épreuve du temps …

« À travers une maison, un jardin et une famille ordinaire, je voudrais évoquer le grand cycle de la vie et la boucle de cette vie que tisse chacun de nous » , dit-il . En somme , comment vivre dans un société en constante transformation et mutation , et y inscrire sa propre histoire ?. C’est l’expérience que Kun, va être amené à apprendre au cœur de l’intimité de la cellule familiale , où il va devoir apprendre à devenir le grand frère . Au cœur de la ville moderne vue du ciel , on plonge ensuite au niveau du sol et découvre la maison où la petite Miraï attendue par le frère derrière la fenêtre, rentrant avec ses parents de la maternité. Moments de grâce , Kun découvre cette dernière, le petit corps protégé par les couches dont seul le visage et les yeux vifs et déjà curieux, le scrutent . Mais c’est vers elle que toutes les attentions des parents, des voisins et amis , vont se focaliser. Des parents déjà débordés de travail qui doivent composer avec le nouveau quotidien à gérer avec cette nouvelle créature, contraints de se partager la tâche. Père au foyer et inexpérimenté , tensions naissantes … Hosoda en décrit le nouveau quotidien sous le scalpel du regard Jaloux de Kun , se sentant de plus en plus délaissé . Par le biais du reflet- miroir que leur renvoie Kun dans une maison qui devient le théâtre de ses colères , et le jardin celui de ses jeux ( avec le chien) où se trouve aussi l’arbre-refuge symbolique de ses échappées vers le passé et le futur. L’imagination débordante de Kun se muant en mise en scène prolongée par le point de vue du cinéaste en repoussant les limités ( espace-temps ) pour les remplir des questionnements qui vont permettre à Kun de faire « le lien » , afin de trouver sa place dans l’arbre généalogique familial …

Parcours similaire à celui du circuit de son jeu de chemin de fer et des trains lancés sur les rails , sillonnant le trajet jusqu’à l’arrêt de l’immense la gare centrale, où l’on peut se perdre ( cauchemar consécutif au refus de partir en vacances en famille!) … y devenir un objet trouvé et y être destiné au rebut ! . Heureusement , in extremis , il sera rattrapé par la main de la petite soeur qui a grandi,…pour des retrouvailles dans un futur réconciliateur ! . Les magnifiques idées de va -et- vient dans l’espace-temps , comme itinéraire d’apprentissage illustré. Le livre d’images des rencontres que l’on y fait . Du grand-père revenu blessé de la grande guerre et de la grand-mère qu’il a séduite donnant naissance à la mère de Kun et Miraï qui vont en perpétuer le flambeau, dans ce futur où se projettent déjà Miraï en collégienne, et Kun ayant désormais -lui- appris par ces « voyages spatio-temporels » , les choses de la vie . Celles que tous deux , frère et sœur, vont devoir perpétuer , en rencontrant les difficultés de tous pères et mères… de futurs enfants . Mamoru Hosoda nous offre un récit d’apprentissage servi par un superbe travail sur l’animation à laquelle aux détails des traits de l’expressivité des personnages , s’ajoute l’inventivité visuelle et colorée des univers ( passé / futur ) , complétée par un message personnel de partage du cinéaste destiné aux familles :« QUELQUE PART DANS LE MONDE, UNE AUTRE FAMILLE TRAVERSE LES MÊMES JOIES ET PEINES QUE LES MIENNES EN CE MOMENT... », dit-il . Nous , quand le cinéma est partage, on aime !..surtout s’il se conjugue avec un merveilleux film, pour enfants de tous âges.
MIRAï , MA PETITE SOEUR de Mamoru Hosoda – 2018- Durée : 1h 38.
FILM d’Animation Japonais .
LIEN : Bande annonce du film MIRAï , Ma petite sœur de Mamoru Hosoda .