La mort de sa sœur dans un attentat va bouleverser la vie de David qui va devoir s’occuper de sa petite nièce devenue orpheline. Autour du sujet du deuil et de la tragédie individuelle résonnant en écho de celle collective, le cinéaste signe un magnifique et bouleversant film aux accents universels. Du très grand cinéma…

Le deux précédents longs métrages , Mémory Lane ( 2010) et Le sentiment de l’été (2015 ) avaient révélé le jeune cinéaste Français élève diplôme de la FEMIS qui s’était fait remarquer pas ses courts métrages ( notamment Montparnasse présenté à la quinzaine des réalisateurs en 2009 qui avait obtenu dans la foulée le prix Jean Vigo . On retrouve dans son nouveau film qui vient de sortir sur les écrans, son approche singulière des individus dont il « ausculte » les vibrations de la vie quotidienne et des événements qu’ils traversent. A la dimension mélancolique du deuil , du poids de l’absence qui animait les souvenirs de jeunesse des héros de ses deux longs métrages cités, c’est au cœur du présent- ici- que le drame s’invite. Dès lors, la perte de l’être cher et du deuil à faire y trouve une double résonance où l’intime et le collectif se font l’écho de la tragédie d’un présent de la sidération renvoyant aux traumatismes collectifs ( Charlie Hebdo, le Bataclan, L’hyper Casher, Nice …) ressentis par une communauté Nationale . La force du film est là. D’autant que Mikhaël Hers a choisi un traitement cinématographique volontairement débarrassé de toutes les images d’actualités qui pourraient illustrer, alourdir et venir se sur-ajouter. Le basculement dans l’horreur qui va remettre en question le quotidien de David ( Vincent Lacoste ) et de sa petite nièce Amanda ( Isaure Multrier , émouvante ) devenue orpheline, et tous ceux amis et proches qui les entoure , renvoie à cette dimension collective évoquée , au cœur d’une ville désormais métamorphosée , où la présence sécuritaire renforcée laisse entrevoir que désormais « rien ne sera plus jamais comme auparavant » …

D’autant que c’est vers une certaine harmonie que le film s’ouvre, avec le duo frère-sœur : Sandrine ( Ophélia Kolb) et David , auquel s’ajoute la petite Amanda 7 ans fille de Sandrine. Ils vivent tous trois en harmonie même si les parents de Sandrine et David absents ( Père mort et mère ayant quitté le foyer pour aller vivre en Angleterre ) et le quotidien n’est pas toujours facile. David ( Vincent Lacoste , émouvant, son plus beau rôle à ce jour )travaille comme élagueur pour la Mairie de Paris et complète son salaire avec des petits boulots, et vient de se trouver une petite amie , Léna (Stacy Martin ). Sandrine , sa soeur est mère célibataire enseignante en Anglais, doit composer avec l’aide de David ,et celle de leur tante (Marianne Basler), pour s’occuper en son absence,de sa fille. Ils ont même le projet d’une excursion Londonienne pour assister à un tournoi de Tennis à Winbledon , sport dont David qui l’ a pratiqué dans sa jeunesse est friand. Juste avant le départ , un pique-nique au bois de Vincennes est prévu, en allant y rejoindre Sandrine et Léna , David découvre un champ d’horreur. La scène très courte vécue presque comme un cauchemar, laisse place à la sidération qui suit car au nombre des victimes figure Sandrine !. La vie bascule il va lui falloir affronter la difficile épreuve du deuil à faire, et désormais s’occuper de sa petite nièce, Amanda devenue et orpheline . Pour David qui vivait un peu au jour le jour sans se prendre la tête et se projeter dans l’avenir , tout à coup il va lui falloir pendre des responsabilités et se préoccuper de l’avenir : est-il prêt à devenir son tuteur…ou même plus tard à adopter Amanda ? En parallèle, il y a aussi les proches qui sont touchés par le drame dont Léna blessée grièvement au bras droit dont on ne sait s’il pourra redevenir valide ou s’il restera des séquelles. Celle-ci déboussolée et dépressive ne sait plus quoi faire , malgré son attachement à David ; et il y a cet ami Axel (Jonathan Cohen) lui aussi blessé gravement à la jambe droite meurtri cherchant à refaire surface se métamorphosant le temps d’une superbe scène en consolateur de David en pleurs en train de craquer ne supportant plus de voir sa petite nièce souffrir , le bel élan de réconfort de David , sera complété par celui apporté par Maud (Marianne Basler) la tante bienveillante. La pudeur distante du traitement des scènes en redouble le ressenti du vécu intérieur de chacun cherchant à apporter à l’autre, le nécessaire déclic pour faire que le cours de la vie puisse continuer, aussi en mémoire des chers disparus..David réussira petit à petit à chasser et surmonter la douleur , comprenant que son devoir et sa responsabilité est de rendre à Amanda,la joie de vivre. Il se multipliera dans les sorties et jeux en commun , et trouvera même la force de revoir Léna pour tenter de la ramener à lui. Autres scènes magnifiques dont on vous laisse le plaisir de la découverte et , surtout, d’en mesurer la pudeur de la délicatesse de traitement que Mickhaël Hers leur imprime , visant juste …
Le traitement de la reconstruction de chacun et du possible « retour à la vie » . C’est l’idée magnifique du final , qui viendra sceller définitivement les multiples tentatives pour en cicatriser la douleur. Celle du voyage prévu à Londres qui se concrétisera, scellant les retrouvailles avec la mère , Alison ( Greta Scacchi ) que Sandrine souhaitait pour lui présenter sa fille . Au coeur de celles-ci , les éclaircissements sur le passé qui viendront apporter l’apaisement des rancunes, Amanda qui en goûte la chaleur , va voir s’y raviver la douleur de l’absence de la mère. Amanda y découvrira l’emblématique écho d’espoir dans le match de tennis, via l’exploit du joueur malmené revenant dans le jeu, ravivant en elle les mots de la mère lui expliquant dans l’une des première scènes du film le sens de l’expression anglaise: « Elvis has left the building » destinée à ses fans qui continuaient à le réclamer à l’issue de ses concerts . On vous laisse découvrir ce superbe final dont le mot libérateur va permettre de panser les plaies d’Amanda et de continuer à vivre avec le souvenir , comme moteur du réconfort pout le chemin de son futur …
(Etienne Ballérini )
AMANDA de Mikhaël Hers – 2018- 1h 47.
AVEC : Vincent Lacoste, Isaure Multrier, Stacy Martin, Ophélia Kolb, Marianne Basler, Jonathan Cohen,Greta Scacchi …
LIEN : Bande-Annonce du film Amanda de Mikhaël Hers
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