Cinéma / YOMEDDINE de A.B Shawky.

Au sortir de la Léproserie qui l’a recueilli enfant,soigné et guéri, Bashay, décide de traverser l’Egypte pour retrouver sa famille et ses racines. Premier et émouvant long métrage du jeune ( 32 ans ) cinéaste Egyptien, il a été présenté en compétition au festival de Cannes 2018, et sort dans les salles. Ne le manquez pas.Une scène du film Yomeddine de A.B Shawky- Crédit Photo : Le Pacte distribution –

Le récit nous entraîne dans le sillage du parcours de son héros,où s’inscrit un regard à la fois documentaire et en forme de constat , auquel s’ajoute le récit du combat quotidien de la quête de la dignité dans le monde qu’il découvre. Beshay (Rady Gamal, remarquable ) 40 ans, désormais seul, après la disparition de son épouse, ressent le besoin de retrouver des repaires et décide d’aller en quête de ses racines. Avec comme seul bagage ses vêtements et objets personnels réunis sur une vieille charrette tirée par son âne sur laquelle il s’installe et va traverser l’Egypte pour retrouver les membres encore vivants,de sa famille . Au long de l’itinéraire fait de désillusions et de belles rencontres, le cinéaste dans son approche inscrit la réflexion et nous interpelle sur le ressenti de Beshay, et sur le regard extérieur et le réflexe d’exclusion que cette maladie – pourtant aujourd’hui, guérissable – , suscite encore , à cause des défigurations  sur le corps. Et il le prolonge en un constat plus global sur la thématique de l’exclusion liée aux apparences de toute nature et de toutes sortes, suscitant le rejet et le refus de considérer l’autre ( le différent ) , comme son égal. Comme un être humain à part entière. « Avec YOMEDDINE, je voulais raconter l’histoire du mauvais cheval, l’outsider, le « moins-que-rien » qui grandit pour comprendre les rouages d’un monde qui refuse de l’accepter », dit le cinéaste …

Beshay ( Rady Gamal ) et Obama( Hamed Abdelhafiz ) – Crédi Photo: Le Pacte Distribution-

Dans l’une des très belles scènes du film, celle de la rencontre avec le jeune gamin orphelin Nubien ( Hamed Abdelhafiz ) …nomme Obama !, que Beshay prendra sous son aîle protectrice . Le périple prend une dimension ludique qu’accompagne les facéties du gamin , mais la gravité n’est jamais loin complétée  par une certaine forme de dérision et refus de s’apitoyer sur son sort. Comme le souligne la belle scène où, à l’adresse qu’on lui a donnée Beshay « triste » de ne pas y avoir retrouvé sa famille , répond à Obama «  au moins on aura vu le monde ! » » , car l’espoir subsiste encore de  retrouver un jour ceux qui ont survécu. Dans ce monde en forme de «  cour des miracles » symbolisé par la rencontre d’autres exclus et éclopés ( cul-de jatte, nain , clochards …) rencontrés en chemin et  qui vont « adopter Beshay et Obama ». Lorsque le dialogue s’installe sur le regard porté sur «  ces monstres que nous sommes ! :», dans la belle réplique finale qui en dit long, fuse  « au jour du jugement dernier, nous serons tous égaux !». comme verdict de  l’un d’entr’eux. D’ailleurs , le titre du film Yomeddine, en arabe signifie : « jour du jugement dernier » . Et au tout au long du périple, c’est ce vécu et cette quête de dignité dont la Léproserie l’avait jusque là préservé , dont Beshay fera le constat . Mais , au delà de ce qui en ressortira , c’est sa combativité et sa force de résistance aux épreuves dans lesquelles le « soutien » du jeune garçon et de certaines autres belles rencontres et mains tendues, lui feront oublier ses cauchemars.La mise en scène est accompagnée d’un choix fort du cinéaste refusant de « tricher » dit-il , réalisme et refus de l’apitoiement comme credo et choisissant de travailler avec des comédiens dont le vécu reflète leur parcours de vie : Beshay a vécu dans la Léproserie d’Abu Zaabal en Egypte , le personnage du cul- de jatte est un vrai accidenté de la vie. A l’évidence cette authenticité offre au récit et au film , sa belle force dramatique.

(Etienne Ballérini  )

YOMEDDINE de A.B Shawsky.-  2018- Durée: 1h 37.

AVEC: Rady  Gamel et Hahmed  Abdelhafiz…

LIEN : Bande -Annonce  du Film : Yomeddine de A.B. Shawsky.

 

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