Le héros, Le flic ripou, l’innocent, la dissimulation, le mensonge, la culpabilité, la justice, la réparation, le désir d’émancipation. La forme du polar décryptée par le burlesque et l’absurde, et celle du conte humaniste empreint des poésie. Le plaisir du divertissement, et du cinéma. Un petit bijou , à voir d’urgence…
bruit , violence et fureur . La scène d’ouverture nous immerge dans une descente de police spectaculaire à l’Américaine où le flic héroïque ( Vincent Elbaz) qui dégomme les méchants finit par se faire tuer ! . le » héros » aura sa statue , mais on apprendra vite que c’était un ripoux!. Sa femme Yvonne ( Adèle Haenel) inspectrice de police qui le croyait intègre en est toute retournée . Portée par sa haine de l’injustice elle est décidé à réparer le tort fait à celui qui a été envoyé en prison par son mari. Mais aura-t-elle le courage de dire , aussi , la vérité à son fils qui idolâtrait ce père, héros vénéré ?. En trois séquences Pierre Salvadori distille les thématiques citées ci-dessus sur lesquelles ses films sont construits, et nous invite à perpétuer avec lui le plaisir du cinéma et du récit dont l’imaginaire vagabonde. Comme l’illustrent magnifiquement les séquences où Yvonne elle raconte et invente à l’intention de son fils demandeur avant de s’endormir, les exploits de son héros de père à qui elle n’ose pas dire la vérité. Pierre Salvadori se mue en conteur, et , à l’image des grands cinéastes des comédies populaires Américaines, il distille au cœur de ses récits habilement, la dimension de l’improbable et de l’absurde révélateur des états d’âme de ses héros déboussolés, perdant pied et se débattant face aux malentendus qui s’accumulent…

Ce qui est magnifique dans le déroulé que propose au spectateur le cinéaste, c’est cette capacité d’écriture et de mise en scène à nous immerger immédiatement au cœur de chaque séquence et de nous laisser porter. Et la magie opère !, comme l’illustrent les récits d’Yvonne tentant de faire comprendre la vérité à son fils, ce dernier qui finira par s’en emparer, pour inventer et se raconter ses propres récits libérateurs. Ou encore ces superbes scènes qui a plusieurs reprises se reproduiront avec les autres héros du récit empêtrés dans leurs enjeux et défis multiples, aux dérapages contrôlés… ou pas ! . L’absurde ou la poésie qui s’en font les révélateurs d’une quête impossible, se pare aussi des artifices y compris ceux du travestissement du masque ou du mensonge, derrière lesquels l’intime et les sentiments se protègent. La réalité à affronter est parfois très dure, les dérapages en témoignent qui vont devenir le lot des concernés qui finiront tous par s’y confronter comme passage obligé pour ne pas perdre la raison! . La raison justement Antoine ( Pio Marmaï ) l’accusé- innocent « tout le monde le dit, mais moi je le suis vraiment! ) qui sort de prison et veut se venger du tort qui lui a été fait, multipliant agressions et autres forfaits auto-destructeurs. Tandis que la culpabilité vécue par Yvonne qui l’entraîne dans l’engrenage du mensonge ne pouvant révéler à Antoine qui elle est…et sera précipitée dans des situations incontrôlables avec son repris de justice qu’elle cherche à protéger. Pierre Salvadori, dans le registre des quiproquos amoureux, joue également la partition à merveille avec Yvonne qui aime Louis ( Damien Bonnard) le flic ami de son mari, mais se fait consolatrice pour Antoine, qui en tombera amoureux. Ce dernier ,dès lors, partagé entr’elle et Agnes ( Audrey Tautou ) son amoureuse maladroite …qui l’a tant attendu !. La subtilité des séquences, au delà de la confusion , offre une magnifique perspective au réenchantement du couple , qu’illustrent deux très belles séquences. Celle des retrouvailles entre Antoine et Agnès à sa sortie de prison où ce dernier arrivé plus tôt que prévu, l’a surprise, et celle-ci qui lui demande de « rejouer « , pour qu’elle puisse la goûter une nouvelle fois! . Plus tard, les mêmes gestes seront accomplis et répétés par Louis et Yvonne suite à la mésaventure vécue . Ces deux séquences jumelles, faisant contrepoint à celle de la scène nocturne où Antoine et Yvonne , alors en pleine crise sur leur avenir respectifs, soliloquent, leur mal-être à haute voix voix…

Il faut vous dire aussi, qu’au delà du beau travail sur les dialogues co-écrits avec Benoit Graffin, la place que la poésie ( la scène du jardin justement… ) , ainsi qu’un certain langage littéraire revendiqué des dialogues y occupe une belle place, accompagnant le style elliptique de la mise en scène, où l’ironie s’insinue. Et puis, il y a ce rythme irrigué par les cascades de situations qui s’enchaînent accompagnées d’un foisonnement d’intrigues et de situations improbables. Au long de celles-ci, les masques de monstres ou de héros y reflètent l’état d’esprit , ou mental des personnages. Tout comme la dynamique drolatique des dialogues habille de son ironie, celle de la parodie de la violence . A l’image de la superbe scène du cambriolage en tenue sado-maso de la bijouterie que les vigiles regardent les yeux rivés à leur écran de surveillance vidéo, en spectateurs subjugués mangeant du pop-corn, en commentant l’action !. Et puis encore , dans le rocambolesque, ces instants improbables où les policiers traquent de criminels imaginaires!. De la même manière, ce commissariat de police d’une autre dimension où l’on se désintéresse des prévenus , et où un étrange psychopathe dit avoir assassiné sa tante , se présente avec les restes de celle-ci dans sacs en plastique comme preuve …et à qui l’on dit de revenir plus tard !. Le charme du Cinéma de Pierre Salvadori depuis ses débuts ( Cible émouvante, Les apprentis, Après vous, Hors de prix, Dans la Cour...) est dans cette approche là. Elle est originale et surtout elle distille un plaisir de tous les instants, avec les décalages de l’humour , de l’absurde et des superbes instants d’humanité qu’elle révèle en miroir des artifices dont elle se pare …pour tenter de fuir la réalité » la culpabilité est un ressort de film merveilleux. Dans le cas d’Yvonne, c’est d’autant plus intéressant qu’elle porte les fautes d’un autre. Elle comprend qu’elle a vécu avec un inconnu, mais sait-on jamais à qui on a affaire ? » dit le cinéaste, qui utilise merveilleusement cet espace , pour nous entraîner dans le sillage de ses personnages. On jubile…
(Etienne Ballérini)
EN LIBERTE ! De Pierre Salvadori -2018- Durée : 1h 47.
AVEC : Adèle Haenel, Pio Marmaï, Damien Bonnard, Vincent Elbaz, Audey Tautou …
LIEN / Bande-Annonce du film : En Liberté ! de Pierre Salvadori .
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[…] avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky, Edouard Baer. Canal+Cinéma à 20h50– En liberté ! de Pierre Salvadori (2017 – 1h45).Yvonne raconte chaque soir à son jeune fils les exploits […]
[…] fait scandale. Avec Marion Cotillard et Louis Garrel. Festival de Cannes 2016.Arte à 20h55– En liberté ! de Pierre Salvadori (Comédie – 2017 – 1h45).Yvonne raconte chaque soir à son jeune fils […]
[…] (Leïla Bekhti – La lutte des Classes) et Damien (Damien Bonnard – En liberté !, Les Misérables) forment un couple de bourgeois bohèmes heureux. Elle restaure des meubles […]
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