Au coeur de l’Europe de l’après-guerre et de la guerre froide,  un couple d’artistes rebelles, va devoir  affronter  la clandestinité.  Le nouveau film du cinéaste Polonais, a obtenu le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2018…

Le  cinéaste Polonais s’est révélé aux cinéphiles du monde entier par le magnifique  Ida (2014) couronné par de nombreux prix et surtout l’oscar du meilleur film étranger. Son nouveau film , Cold War se déroule sur la période de l’après guerre et jusqu’au milieu des années 1960. Le titre révélateur du contexte dans lequel on va retrouver les personnages que l’on découvre au cours de l’année 1949 dans la Pologne de l’après guerre. le cinéaste s’est inspiré de l’histoire de ses parents, dont ils  portent le nom  : Wiktor ( Tomas Kot ) et Zula (Joanna Kulig ). Les premières séquences relatant leur rencontre lors d’auditions faites par Wiktor et sa collaboratrice ( Agatha Kulesza), travaillant sur l’enregistrement des chansons traditionnelles des régions Polonaise. la jeune Zula qui  s’ y présente impressionne Wiktor à la fois par la qualité de sa voix, ainsi que par sa volonté de s’imposer.  Elle sera prise et lors du travail en vue des représentations publiques chants et danses, elle se montrera, une des meilleures .Wiktor , plus âgé la pend sous son aîle pour la faire progresser,et finit par tomber follement amoureux d’elle. Pourtant tout semble les séparer, leur passé, leurs caractères et même leurs idées politiques , mais les coups du sort, les réuniront . Dans la Pologne communiste de l’après- guerre, le spectacle monté par Wiktor et son assistante , plaît au public et  attire l’attention des responsables politiques cherchant à l’utiliser comme moyen de propagande. Wiktor  refusera la soumission au Régime, et Zula  le suivra, ils envisagent de quitter le pays clandestinement.  De Berlin à Paris , en passant par Zagreb et d’autres villes , on va suivre leur  exil …

Le cinéaste construit un  portrait sous forme d’ellipses du parcours tumultueux du couple qui se déchire sur certains choix de vie et de carrière. Il  le décline au  coeur des difficultés de l’exil , de  disputes en séparations, de rencontres en aventures sentimentales vécues  séparément, mais se retrouvant toujours dans un élan irrépressible qui les uni malgré tout: « c’est la femme de ma vie! » dira Wiktor. Ces épisodes sont aussi l’opportunité pour chacun de découvrir d’autres exilés et de nouer des amitiés et ( ou) collaborations artistiques fructueuses, qu’illustrent de très belles séquences , notamment celle de la découverte du bouillonnement cultuel  Parisien. La romance mouvementée de ce « couple incapable de vivre ensemble  »  est magnifique, face au danger elle devient le refuge qui la renforce. Superbes scènes de leur retrouvailles secrètes, habilement concoctées afin d’échapper  à la surveillance, le cinéaste les sublime par un superbe travail sur les images d’un noir et blanc  somptueux dont les nuances et le choix des cadrages, restitue admirablement la tension de ces instants  intimes. De la même manière que le montage trouve la dimension musicale       ( gros plans, dé-cadrages, travellings  ou plans-séquences …) pour accompagner le couple dans son tourbillon de la vie. Tandis  que le choix de la partition sonore  accompagne toutes les étapes de leur périple. De la musique traditionnelles et folklorique du groupe Mazowsze qui ouvre le  film et illustre la séquences des  chanson traditionnelles ,en passant par la scène du cabaret Parisien et de l’improvisation  délirante « jazzy », de Wiktor au Piano. Ou encore , la superbe scène à l’envolée érotique où Zula, chante la mélodie de Gershwin . C’est le plaisir du récit et du cinéma que le cinéaste  distille   par sa  mise  en scène  couronnée par  un prix mérité .  Ne manquez pas, ce  superbe Film…

(Etienne Ballérini )

COLD WAR  de Pawel Pawlikovski – 2108 – Durée : 1h27.

AVEC: Joanna Kulig, Tomasz Kot, Agata Kulesza, Borys Szyc …

LIEN: Bande-Annonce du  Film , Cold War  de Pawel Pawlikowski.