Théâtre / Link Link

C’est  avec une légende qu’Irina Brook Irina Brook ouvre la saison du TNN. Soyons sûrs qu’il y en aura bien d’autres, autant que sous la période webérienne (15 ans soit 5 mandatures).Weber a été un grand directeur, Benoin un habile gestionnaire, Irina Brook un souffle nouveau.Alors, cette légende ? J’y arrive, j’y arrive. Rien de moins qu’Isabella Rossellini. Légende par ses parents (Ingrid Bergman et Roberto Rossellini. Elle débute au cinéma comme habilleuse sur les films de son père. Elle entame ensuite une carrière de journaliste à la télévision italienne tout en acceptant de petits rôles pour des cinéastes comme  Vincente Minnelli et les frères Taviani – excusez du peu-  avant de faire du mannequinat notamment pour la marque Lancôme
Peu à peu, elle s’impose au cinéma comme actrice en acceptant des rôles situés aux antipodes  du « glamour » du monde des cosmétiques : Blue Velvet et Sayor et Lula, de David Lynch, Les vrais durs ne danse pas de Norman Mayler. La encore excusez du peu. Elle  préside le Jury du Festival de Berlin en 2011 et celui de la sélection Un certain regard –Festival de Cannes – 2015.
Et c’est peut-être ce certain regard qu’elle possède qui fait d’elle une légende. Elle n’a pas une « carrière », elle a un parcours, parcours de vie fait de ses propres choix, définissant ses trajectoires. On la dit actrice excentrique, mais c’est une force qui va, comme dirait Totor. Isabella Rossellini est également une femme engagée pour la protection de la nature et des animaux et là nous en venons au vif du sujet, c’est-à-dire Link Link.
Cette fois-ci, l’esthétique est circassienne, le plus petit cirque du monde, dit-elle, revêtue d’un costume de maître de cérémonie savamment déstructuré (conçu par Fanny Karst) Accompagnée de Pan, son chien savant, Isabella Rossellini s’interroge sur ce qui fait de nous des humains, nous distingue des « brutes » et fait le point depuis Darwin jusqu’aux dernières découvertes scientifiques. Avec ses déguisements cocasses et ses films bricolés, l’iconoclaste nous éduque  sur l’intelligence qui lie l’homme à l’animal.
Elle commence par la façon dont les animaux différencient les sons et poursuit par une brève analyse historique des attitudes à l’égard de leurs pensées – en fait, s’ils les ont ou non pour commencer. Le philosophe français René Descartes, par exemple, a avancé que les animaux n’ont pas d’âme, donc qu’ils n’ont pas d’esprit, donc qu’ils sont comme des machines. Dans le Livre VIII de l’Histoire des Animaux, Aristote pensait aussi que les animaux pouvaient être classés selon une échelle graduée de perfection de la nature, la Scala naturæ, allant des plantes à l’être humain.
Au centre du spectacle, cette question : « Qu’est-ce qui fait de nous des humains et nous distingue des brutes ? ». En découle une proposition artistique aussi atypique que drolatique, entre fantaisie et vraie réflexion.

On peu parler de performance avec cet acte théâtral d’une heure et quart. Cet acte théâtral commence par un rejet puisque elle entre en criant et s’enfuit de l’autre coté de la scène, derrière les rideaux, comme pour exprimer son refus justement d’entrer en scène. Et son costume désaxé de Mr Loyal  ainsi que la scénographie– une sorte de piste de cirque  un tambour – nous « pistent » vers la caractérisation de la typologie de son travail : la jonglerie, comme on la trouve chez Dario Fo, cette capacité à passer à l’instant même d’un état à un autre, d’une émotion à une autre, voire d’un personnage à un autre, c’est-à-dire la capacité à dessiner, avec son corps, avec ces mimiques, donc avec son non-verbal, ce passage.
Je m’écarte un peu, mais pour bien faire saisir ce passage, la fin du Journal d’un Fou, de Gogol, en quelque sorte, l’explique. Etat initial : le repliement sur soi, la souffrance intérieure Maman ! Prends en pitié ton petit enfant malade Nouvel état : la fantaisie Hé, savez-vous que le dey d’Alger a une verrue juste en dessous du nez ?  Au demeurant une occurrence accrédite cette thèse : Dans le texte, Isabelle nous emmène, via un théologien, au Moyen-âge, période où les jongleurs se produisaient sur les places publiques. Terminons avec Isabella Rosselini herself :
Je ne peux pas amener sur scène tous les animaux dont je vais parler dans la pièce, et par conséquent Pan et moi allons nous déguiser et vous interpréter différentes espèces animales.
Link Link est en fait une sorte de petit cirque. Pan et moi allons vous exposer les découvertes scientifiques les plus récentes sur le mental, l’intelligence et les émotions des animaux. Je me transformerai également en Aristote, René Descartes, un théologien médiéval, le Professeur de Harvard F.S. Skinner et Charles Darwin, pour mieux vous entretenir de l’essence de ce qui fait un être humain, et de ce qui nous distingue des “brutes”. 
De toute façon, comme le dit Darwin, nous sommes tous des animaux. A propos d’animaux, méfiez vous des canards…

Jacques Barbarin

Link Link avec Isabella Rossellini et son chien Pan scénographie Rick Gilbert,costumes Andy Byers animations Andy Smetanka, Courtney Puredirecteur technique & lumière Alberto Rodriguez chef costumière Fanny Karst dressage animalier Bill Berloni marionnettiste & dresseur sur scène Schuyler Beemanaccessoires Gina Freedman

Tournée :
16/10/2018 – Narbonne (11) – Le Théâtre
19 & 20/10/2018 – Athènes – Megaro Mousikis Athens
23 & 24/10/2018 – Londres– Southbank Centre
31/10/2018 – Belfast  – Grand Opera

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2 commentaires

  1. Isabella n’est pas la fille d’Ingmar mais de Ingrid Bergman et de Rossellini. La GPA n’existait pas quand Isabella est née. Amitiés . Jany Pedinielli

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