Musique/ Charles Aznavour, une légende, comme ils disent

Aznavour à l’Olympia 17 janvier 1963 (photo AFP)

Charles. Pour moi, t’es un scénar, chacune de tes chansons. Tavernier me disait, dans une interview, que s’il aimait le cinéma américain, il donnait dans les premières images, le temps, le lieu et l’espace.
J’habite seul avec maman /Dans un très vieil appartement /Rue Sarasate  Voilà. Ca y est. On y est. Précisons que la la rue Sarasate est une rue du 15eme arrondissement.. . J’ai pour me tenir compagnie /Une tortue, deux canaris /Et une chatte. Et voilà pour l’atmosphère. Est-ce que j’ai une gueule…
Mais pour être précis dans la description, il faut avoir le verbe précis, le mot juste : Je range, je lave, j’essuie /A l’occasion je pique aussi /A la machine. Range, lave, essuie, à l’occasion. Précisions des mots, pourtant des mots simples, tranquilles : l’image est là. Chaque mot est clair,net, entendu. Tu est à la chanson ce que la ligne claire est à la BD.
Mais mon vrai métier, c’est la nuit/ Que  je l’exerce, travesti /Je suis artiste. Voilà. La problématique est posée. Après la situation initiale, l’exposition du thème. Et le mot sans le geste n’est rien. Tes gestes – seul tes bras « parlaient »-  avaient un coté décidé, énergique, irrésolu, brownien, irrationnel. Tu semblais joindre la parole au geste (et non l’inverse)

Tirez sur le pianiste

Et ce bras, comme nourri de sa propre vie, il exulte quand  tu chantes Emmenez-moi . il a son autonomie mais en même temps –comme dirait l’autre – il est la conscience du texte. A lui seul il est cet ailleurs improbable que dit la chanson.
Puis viens la voix, ta voix.Ce voile sur le palais que tu avais, Paul Carrière, le puissant critique du Figaro, raconte Bertrand Dicale dans la biographie Tout Aznavour,  écrit : « Comme s’il s’avouait enfin qu’il ne sera jamais, avec le moulin à poivre qui lui sert de gosier, ce qu’on appelle encore un chanteur ».
Moi j’y vois l’âme du violon tzigane
 Deux tziganes, sans répit,/grattent leurs guitares,/ranimant du fond des nuits :toute ma mémoire/…/ E kh raz, is cho raz, is ch mnaga mnaga raz/e kh raz, is cho raz/ is cho mnaga mnaga raz (Hey, encore une fois, rejouez/Encore et encore et encore et encore/Rejoue-le) Ou alors le son d’une trompette bouchée.
Tout a été dit sur toi. Que puis-je rajouter ? Il y aura même une autopsie.

Le Tambour

Aznavourian, tu peux partir tranquille. Les Arméniens sont une ancienne nation dont les fils et les filles ont marqué l’histoire humaine de leur empreinte. Que ce soit dans les sciences, l’art, la politique, la finance… vous aurez de la peine à trouver un domaine dans lequel des femmes et des hommes arméniens, n’aient pas excellé. Leur talent a permis de rendre notre monde un endroit meilleur.  Et en France, n’ai crainte, on en a.  Simon Abkarian, acteur, metteur en scène, dramaturge, Robert Guedidjian, cinéaste.
Tiens! A propos de cinéma, tu as tourné dans 80 films .En 1960, tu tiens  le rôle principal dans le film Tirez sur le pianiste, de Truffaut. . En 1979 tu joues dans Le Tambour, de Schlondörff, tu y es sublime d’émotion T u joues avec Michel Serrault dans Les Fantômes du Chapelier, de Chabrol.. En 2002, tu tournes dans le film Ararat.

Et  n’oublions pas Manoukian Quand tout sera fini, plus tard, en Erevan (Louis Aragon, L’affiche rouge)

Que c’est triste Venise : désormais nous ne vieillirons pas ensemble

Jacques Barbarin

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