Cinéma / O GRANDE CIRCO MISTICO de Carlo Diegues.

Le nouveau  film du grand cinéaste Brésilien présenté hors compétition en séance spéciale au dernier Festival des Cannes , viens de sortir sur les écrans. C’est une belle fresque , qui retrace sur cinq générations d’une même famille , les avatars d’un cirque, de son apogée à sa décadence . Au mysticisme du titre , la réalité et l’imaginaire y ajoutent , la dimension poétique et foisonnante…

Le chapiteau du Grande Circo Mistico – Crédit photo : Bodega Films-

Carlos Diegues est l’un des cinéastes Brésiliens les plus importants , il fut de cette génération des années 1960 qui , s’inspirant du néo-réalisme italien , révolutionnera le cinéma de son pays. Avec ses amis , Rui Guerra , Nelson Pereira Dos santos, Glauber Rocha, Anselmo Duarte , il créa le mouvement dit «  cinéma novo » s’inscrivant dans le sillage des « nouvelles vagues »  d’alors , dans de nombreux pays du monde . L’influence du « Cinéma Novo » s’étendit dans d’autres pays d’Amérique Latine  créant l’élan, même si , comme ce fut le cas pour le Brésil suite au coup d’état de 1964 , la Dictature qui sévit contraignit certains à l’exil . Mais l’élan était là, et les cinéaste exilés ou pas , surent garder la flamme qui le rendit populaire dans le mode . Carlos Diegues en a été  un des exemples dans les années 1979/ 80 en proposant de superbes fresques où la culture populaire et musicale est révélatrice d’une toile de fond , politique et sociale . Ses films devenus « culte » , comme : Xica Da Silva          ( 1976) , Bye Bye Brésil ( 1979) et Quilombo (1984 ) entr’autres , furent des succès internationaux . C’est dans cette veine que s’inscrit aujourd’hui son nouveau film. Adapté de Jorge De Lima poète et écrivain ( 1895-1953) dont la liberté d’écriture le fit qualifier de « surréaliste et imagiste » . Le film porte le titre du poème de ce dernier ,  dont il est inspiré  qui fut adapté en 1983 en comédie musicale au théâtre  par Naum Alves De Souza, et dont les compositeurs de la musique sont les célèbres Chico Buarque De Hollanda et Edu Lobo. On retrouve bien sûr leurs compositions dans le film ,dont les mélodies sont devenues partie du patrimoine National Brésilien …

Celavi ( Jesuita Barbosa ) le Monsieur Loyal du Circo Mistico ( Crédit Photo : Bodega Films-

Donc, nous voici conviés à cette fresque qui suit le parcours du « grande circo mistico » et de la génération familiale des  Kieps . Dans les années 1910 on retrouve l’impératrice exilée au Brésil qui a dû fuir les révolutions de son pays . Celle-ci, appelée l’impératrice « vierge »  y vit désormais , avec son fils «  illégitime » , beau jeune homme tombé amoureux d’une jeune fille qui rêve de devenir artiste de cirque !. Ce dernier à qui la mère demande ce qu’il souhaite comme cadeau d’héritage , lui répond : un cirque !. Et voilà que l’amour donne donc lieu à la naissance de ce qui deviendra le fameux et célèbre « grande circo mistico ». l’histoire racontée par le poète , Jorge De Lima dont on retrouve dans le « bagage » du spectacle , le reflet des éléments de « l’idéal » de la créativité artistique revendiquée par ce dernier. On pense – dès les première images dont les héroïnes féminines et leurs amours sont au centre du récit des jeux du cirque – à celle qui fut au centre du film , la Lola Montes de Max Ophûls dont le cinéaste revendique d’ailleurs la référence esthétique de l’image         ( superbe travail de Gustavo Adba) et son foisonnement de couleurs . Carlos Diegues ,           l’ inscrivant en même temps dans la dimension libertaire, dont les accents font écho à la dimension baroque des traditions culturelles Brésiliennes , comme prolongement de la dimension surréaliste du poème . La dimension sociale de la culture , ainsi inscrite comme toile de fond artistique du cirque  cherchant à résister au fil du temps aux mutations économico- historiques , qui deviennent l’enjeu de la « survie » d’une « identité » culturelle , dont le récit raconte les multiples soubresauts  vécus au fil des générations . Le cirque devient alors , métaphore des relations humaines, du pays , du monde , de la création artistique et de la survie quotidienne d’une troupe de cirque traversant au fil du temps , les années de succès , de drames et déboires …

Beatriz ( Bruna Linzmeyer ) la ballerine, révélation du film ( Crédit Photo: Bodega Film –

C’est ce foisonnement là , que Carlos Diegues  propose,  avec comme « lien » le personnage de Celavi ( Jésuita Barbosa ) de meneur de revue dont la jeunesse traverse sans rides les années, comme le faisait un certain Dorian Gray (Le portait de Dorain Gray d’Oscar Wilde ). Reflétant , l’éternelle jeunesse et sa fougue , celle bousculant les codes et les habitudes , dont doit faire preuve la créativité artistique afin de résister aux tempêtes de toute sortes . Dès lors, emportés par le foisonnement des images on se laisse bercer au fil des amours déçues , des jalousies et trahisons , des drames qui ponctuent certains destins, ou des difficultés traversées par le cirque et sa troupe . Cirque -vaisseau de créativité avec sa troupe  qui ne sera pas épargnée par les tempêtes de l’histoire . On en vient à regretter que le film et la fresque ne soit pas plus longue, qui nous aurait permis de mieux suivre certains personnages ou certaines de périodes historiques évoquées trop rapidement . Mais tel quel , le récit et le film , nous propose suffisamment d’émerveillement visuel et de fantaisie , ainsi que jolis portraits . A  l’image de celui magnifique de Célavi toujours enjoué et souriant jusqu’à la surprise finale . On s’attache aussi personnage de Beatriz ( Buna Linzmeyer ) nouvelle figure montante du cinéma Brésilien, superbe, en ballerine . Comme à Margarete    ( Mariana Ximenes, star de TV et du cinéma Brésilien ) en Trapéziste exécutant le saut de la mort . Ou encore , au joli personnage masculin de Ludwig ( David Ogrodnik ,révélé dans Ida de Pavel Pwlikowski ) qui vient s’ajouter à la distribution Brésilienne, comme élément d’un casting International , auquel ont été conviés nos deux comédiens Français : Catherine Mouchet ( l’inoubliable Thérèse d’Alain Cavalier ) en Impératrice vierge , et Vincent Cassel   ( Jean-Paul Moreau  ) en aventurier s’intégrant à la famille et dont le rôle sur deux générations ne sera pas très profitable aux affaires du cirque …mais comme le dit le meneur de revue «  c’est la vie ! » . Celle de la famille du cirque , de ceux qui s’y dévouent , et ceux qui s’y perdent pour des passions , des trahisons , ou malversations. Tandis que l’histoire et le temps , font aussi leur travail de sape ( argent , concurrence… ) pour en déserter les gradins .

(Etienne Ballérini)

O GRANDE CIRCO MISTICO de Carlos Diegues – 200- Durée : 1h 45.

AVEC : Jesuita Barbosa, Bruna Linzmeyer, Mariana Ximenes, Catherine Mouchet , Vincent Cassel , Dawid Ogravnik , Rafael Lozano , Juliano Cazaré…

LIEN: Bande -Annonce du film : O Grande Circo Mistico de Carlo Diegues.

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