Histoire / Nice et son Comté: La malédiction de Jeanne 1ère comtesse de Provence et reine de Naples .

Malediction? Heaven and hell! Et dans nos terres ! Damned ! Qu’est-il donc arrivé à cette pauvre Reine Jeanne pour qu’elle prononce cette terrible malédiction ? Et comment peut-elle être à la fois comtesse de Provence et reine de Naples ? Et surtout, que faisait-elle donc dans la région de Nice ?
Jeanne Ire de Naples, dite la Reine Jeanne, est née vers 1326 à Naples, morte le 27 juillet 1382 à Naples  assassinée sur ordre de son cousin Charles de Duras. Petite-fille, par son père, du roi Robert d’Anjou, Jeanne lui succéda en 1343. Fiancée en 1333 à André de Hongrie, elle l’épousa dix ans plus tard et le fit sans doute assassiner en 1345.                         La reine Jeanne était reine de Jérusalem, de Naples et de Sicile, duchesse de l’Apouille, princesse de Capoue, comtesse de Provence, de Nice et du Piémont. Elle avait donc épousé André de Hongrie. Pourchassé par la haine de la famille de Hongrie qui lui reprochait la mort de son époux, mais également par les tensions de l’époque autour du comté de Nissa, aujourd’hui Nice, elle se réfugia à Rocasparvièra, un village fortifié à côté la vallée du Paillon, au dessus du village de Coaraze. C’était à l’époque une région au commerce florissant. Elle était là pour protéger son bien le plus précieux, ses héritiers, des garçons encore trop jeunes pour régner ou faire valoir leurs droits. Et c’est là que tout commence.
Car, les espions à la solde de ses ennemis eurent tôt fait de la retrouver et de se mêler au village.

Ruines de Rocca Sparaviera

C’était l’époque de Noël et les espions mirent à profit la fête pour enivrer le prêtre si bien qu’il ne pouvait pas célébrer la messe de minuit. La Reine, pieuse, ne pouvait se permettre de rater cette messe. Encouragée par sa cours et sa garde, elle descendit en grande pompe à Coaraze afin d’y suivre la messe de Noël, confiant ainsi ses petits à ses nourrices et quelques gardes, au château de Rocasparvièra.. Cependant, alors qu’elle était à l’office, elle entendit une voix qui lui dit :
« La regina en venant de la messa, troverà taula messa.» (La reine en rentrant de la messe, trouvera table mise.)
Affolée par cette prédiction, elle quitta précipitamment l’église pour revenir au château. Lorsqu’elle rentra chez elle, Jeanne retrouva ses enfants assassinés, disposés dans des plats comme des porcelets. La Reine folle de douleur maudit la vallée et ses habitants avec ces mots : « O ròca, ròca roquina, un jorn vendrà que sus li tieu cimas canterà plu ni gal ni galina, mas solets lu esparviers e autres aucèus sarvatgiers ! » (Roche sanglante, un jour viendra où sur tes cimes, ne chantera plus ni coq ni poule, mais seulement les éperviers et autres oiseaux sauvages !).

Reine Jeanne 1ére ( Crédit Photo: Païs Nissart )

On raconte que la reine Jeanne se jeta dans la vallée du paillon en la maudissant mais que jamais son corps ne fut retrouvé. Qu’elle hante encore les lieux pour s’assurer que les villages alentours ne se relèvent jamais de sa malédiction.
Bon, cela c’est la légende. La vérité oblige à dire que Jeanne n’eut pas d’enfants de ses trois premiers maris et ne vint jamais dans la vallée. Mais, comme le disait John Ford, « Si la légende est plus belle que l’histoire, imprimez la légende ! » Quant au Comté de Nice, lui, il n’existe qu’à partir de 1388. Au fil du temps, les frontières du comté de Nice ont évoluées. Il correspond aujourd’hui à peu près à l’arrondissement de Nice.
Jeanne est morte étouffée sous des oreillers le 27 juillet 1382 à Muro Lucano, pour faire croire à une mort naturelle, sur ordre de son cousin Charles de Duras. Tout cela méritait bien une légende ! En tout cas, ce qui est sûr c’est que le village de Coaraze fut quasiment détruit en 1564, puis fortement endommagé en 1612 et 1618 par des séismes violents. Et ce qui est fou c’est que la vallée du Paillon était aurifère. Les chercheurs d’or déposaient des peaux de mouton pour piéger les particules d’or. Ils n’avaient plus ensuite qu’à laver la peau dans un petit récipient pour récupérer les paillettes. Mais depuis le tremblement de terre, il n’y a plus une once d’or dans cette rivière! Finalement, la population déserta le village qui dépérit peu à peu.

Emile Lagier : La reine Jeanne reçue par la Pape Clément VI – Huile sur toile 1887 ( Photo: domaine Public )

Plus tard, pendant les guerres de la Révolution, les Barbets (résistants niçois), réfugiés dans les ruines, feront manger à des soldats français le cœur de l’officier meurtrier de l’un de leur père. Le village, dominé par les restes de son château, s’accroche sur une crête rocheuse surveillant le col, passage obligé d’une voie inter-vallée.
Le nom de Rocca Sparvièra qui apparaît pour la première fois dans l’Histoire dans deux chartres du XIIème siècle recensant les paroisses dépendantes de l’évêché de Nice. Le 6 mars 1271, un des membres de l’illustre famille niçoise des Riquier prête hommage au souverain, ils seront co-seigneurs de Rocca Sparvièra. En 1271, le village compte 150 habitants son église paroissiale est déjà dédiée à Saint Michel (Sant Michele). Et maintenant il ne reste que les éperviers…..

( Jacques Barbarin )

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