Je vous ai parlé souvent de cette artiste qui, avec bonheur pour nous, est intégralement « romagnanisée », une certaine Lazaza. Attention ! Si j’emploie le mot artiste, c’est que c’est ! Ce n’est pas comme ceux qui s’auto-désignent artistes parce qu’ils ont pondu une m….. Oui, je m’autocensure, mais il y a un précédent sartrien « La P…. respectueuse ». Comme le disait un dadaïste du début du siècle dernier : Je ne descends plus dans la rue, il n’y a que des artistes !

Bon. Revenons à notre expo. Lazaza est une artiste qui m’étonnera toujours. Son expo Encres et Mémoires (mai -juin 2017) m’avait déjà interloqué. C’était un bain dans lequel je plongeais. J’ai un irrésistible désir de plonger dans ses bleus, chaque œuvre où cette couleur appert décline une nuance voire 2 (pas 50 !) de cette radiation. Le grain du papier dont l’artiste se sert est élément à part entière du sens, non pas réflexion mais émotion, écrivais-je alors ?
Puis il eût « Encres et Mayas » en octobre 2017 où elle exposait en compagnie d’Henri Legendre. Elle, c’était la partie Maya. J’y retrouvais des absoluïtés – bon, le mot n’existe pas, et alors ?- des plongées en apnée dans la couleur : Chez Lazaza, la couleur est un langage. Je sais que cela peut paraître une tautologie d’écrire cela, mais rappelons que le langage est la capacité d’exprimer une pensée et de communiquer. Couleur et langage chez Lazaza me font immanquablement penser à ce vers de Rimbaud : A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu…

Cela est d’autant plus évident, j’allais écrire lumineux avec son dernier opus, Empreintes et Variations. Il me semble que le fil bleu –oui je sais ; en général c’est un fil rouge mais là il est bleu- des œuvres qui nous sont ici présentées serait l’écriture dans la peinture : la couleur, son intensité, la nervosité de son écriture est langage, les illustrations vous le prouveront. On pourrait même parler de calligraphie. Regardons attentivement cette œuvre où sur un fond bleu nuit s’illumine une flamme d’or : il y a quelque chose de kabbalistique, d’appel au sacré. Tous nous empoignent, nous font jaillir hors de nous même. L’affiche nous donne un grand coup de poing dans le cœur. Nous sommes dans le lyrique d’une abstraction. Nous avons la sensation que le cheval jaillit du tableau Guernica, et tente de fuir le sang, le feu, la colère.

Empreintes et variations, afin de donner justement une variation du travail de l’artiste, comporte également quelques tableaux, mais qui sont du même langage, de la même urgence, de la même exigence, de la même eau. Quel beau titre. Cela pourrait être le nom d’un morceau de musique.
Donc c’est une peinture abstraite ? Qu’est ce que vous êtes rationaliste ! Ce qui définit le travail de Lazaza c’est l’alliage du sens et de la sensualité. Cela passe par une écriture nerveuse, voire virulente, et en même temps – comme dirait l’autre – proche du magique. Des Mayas.
C’est jusqu’au 25 Août à la Cave Romagan. Comment Vous ne savez toujours pas où c’est ? Allez, je veux bien être bon prince. C’est au 22 de la rue d’Angleterre, à Nice, dans le quartier Notre Dame- 9h30 à 14h et de 16h30 du lundi au vendredi et le samedi de 10h30 à 14h et de 17h à 22h . Il faut chaud, en août. Venez vous baigner dans le poème.
http://caveromagnan.free.fr/
( Jacques Barbarin )