Adapté du roman de Ian Mc Ewan : l’intérêt de l’enfant , abordant la question « sensible » des convictions religieuses concernant le refus d’une intervention médicale pouvant sauver la vie d’un adolescent . Le film du cinéaste Britannique servi par une interprétation magistrale fait « mouche » , interpelle sur la responsabilité individuelle…et collective.

Le roman de l’écrivain Britannique ( publié aux éditions Gallimard en 2015 ), lui a été inspiré suite a des témoignages qu’il a lui- même recueillis auprès des juges confrontés à des refus de transfusion sanguine liés a des convictions religieuses . Celles-ci se retrouvant confrontées au « The Children Act Children » instauré par la justice Britannique en 1969 , signifiant désormais que « l’intérêt de l’enfant doit toujours être supérieur à tous les éléments du dossier ». Le sujet qui fit débat , dont la presse s’empara d’ailleurs, posait un réel problème : les convictions intimes et le droit , se retrouvaient au centre d’un dilemme mettant en jeu les responsabilités individuelles et les conséquences qu’elles peuvent avoir . Le cinéaste dont les œuvres ont souvent abordé des sujets de ce type où les individus se retrouvent confrontés à des situations extrêmes mettant leurs vies , ou avenir, en jeu . Comme l’illustrait sa Chronique d’un scandale (2006 ) évoquant la liaison d’une enseignante avec un des ses élèves, une relation mal perçue contraignant cette dernière , à céder à un chantage. Ici , c’est une question de vie et de mort qui est en jeu à laquelle la juge de la haute court Britannique, Fiona Maye ( Emma Thompson ) , va être confrontée et sur laquelle elle va devoir trancher . En jeu , la question du droit et de la loi , et face à elle l’intime conviction religieuse des parents radicaux témoins de Jehovah , refusant la transfusion sanguine qui pourrait sauver leur fils , atteint de leucémie . Ce dernier, mineur , qui dit la refuser lui aussi par dit-on conviction , est-il influencé par le contexte parental , et ( ou ) celui de la collectivité religieuse ?. Sachant que les actes de manquement à ces principes, pour cette communauté sont l’objet de sanctions (exclusion…) lourdes sur les individus qui seraient amenés à s’‘y soustraire . C’est la question délicate que la juge va devoir trancher en respect du « droit supérieur » évoqué , et non pas sur des témoignages et autres interventions susceptibles de peser sur la fibre émotionnelle…

Pour cela , après avoir entendu les parents et les avis des défenseurs du droit des enfants , elle décide d’enfreindre à la procédure habituelle , et d’aller à l’hôpital pour y entendre de sa propre voix les raisons du jeune homme, Adam ( Fionn Whitehead) . Scène capitale qui lui permettra de se faire son « intime conviction » , et pouvoir trancher. car » la vie est plus précieuse que la dignité … », dit-elle . La grande subtilité du roman et du film auquel l’écrivain Ian McEwans a participé de près à l’élaboration du scénario afin de maintenir la finesse psychologique des enjeux et d’une approche , où les convictions morales , religieuses , intimes et émotionnelles des uns et des autres , se retrouvent imbriquées . Celles-ci dont le début du film, se fait l’écho des drames familiaux du quotidien , auxquels tout un chacun , un jour , peut être confronté et dont la vie privée va se retrouve impactée . Ces exemples d’affaires dont Fiona dans son rôle de juge de la haute cour spécialisée dans les affaires familiales , voit chaque jour devant ses yeux la manifestation des déchirements qu’elles révèlent. A l’image de cette histoire emblématique mettant en jeu la destinée de deux frères siamois … dont il va falloir décider de les garder attachés ou séparés !. Tous deux mourront dans le premier cas , et l’un survivra sain et sauf dans l’autre !. Le choix du sacrifice , la douleur des parents , le choix d’une vie à sauver . Le droit et les sentiments en question, pour Fiona passionnée par son travail et refusant de se laisser emporter par ses émotions dans les jugements …mais dont l’écho ne peut que lui parvenir par les réactions publiques qu’ils provoquent. Avant que l’événement de la « transfusion » en question ne survienne , on la voit accaparée par son travail mettant en péril sa vie privée sur laquelle son mari , Jack ( Stanley Tucci) tente , en vain, de l’alerter . Ce n’est qu’en suscitant sa jalousie qu’il réussira , enfin , à la faire réagir . Mais le travail et les affaires qui se multiplient reprennent leur droit pour la Lady, dont insensiblement l’alerte lancée par son mari , même si rejetée avec véhémence , finira par ouvrir des brèches…

La force du film repose sur une écriture au couteau de ce drame humain aux accents mélodramatiques dont le suspense psychologique , est magnifiquement mené et entretenu. A la fois par la mise en place de la dramaturgie dont les implications sociales sur les vies humaines se retrouvent au cœur , portées par la cohérence d’une mise en scène sobre refusant les effets et allant à l’essentiel , servie par une interprétation remarquable de comédiens à l’unisson, au service du sujet .Emma Thompson y est prodigieuse, toute en subtilité d’émotions, gestes ou mots précis en osmose d’un ressenti intime. Suivie par un Stanley Tucci , mari aimant et provocateur cherchant à la ramener dans son nid . Et le jeune Adam au cœur de l’enjeu du droit et des convictions religieuses , campé par Fionn Whitehead ( vu dans Dunkerque ) est remarquable ici aussi en survivant découvrant par les vers et mots du grand poète et dramaturge Irlandais William Buttler Yeats , soif de vivre et espoir . Ce sont eux, les comédiens qui donnent corps, vie et émotion à l’approche de cette réalité complexe dont le récit entretien jusqu’au bout le suspense qui – lui- amène le spectateur à s’interroger sur ces affaires douloureuses auxquelles le droit qui protège l’enfance , peut souvent être amené à se retrouver confronté à des convictions religieuses comme ici , mais aussi morales , éthiques. Voire liées à des contextes sociaux et des choix politiques , qui, dans certains pays les privent des droits élémentaires ( droits aux soins, à l’éducation…à la dignité ) et se retrouvent souvent victimes d’abus et de violences de toutes sortes dont témoignent par exemple , l’exploitation sexuelle et celle du travail . En pointant , ici , « l’intérêt de l’enfant comme supérieur à tous les autres » qui doit leur être opposé , les auteurs du roman et du film , ont le mérite de mettre en avant tout le travail qui reste à faire , afin de faire tomber ces réticences dont les enfants qui sont l’avenir de nos sociétés et de notre planète , se retrouvent encore trop souvent , victimes d’enjeux qui les dépassent ….
(Etienne Ballérini )
MY LADY de Richard Eyre – 2018- Durée: 1h45-
Avec : Emma Thompson, Fionn Witeheahd , Stanley Tucci, Ben Chaplin, Jason Watkins…
LIEN : Bande-annonce du film My Lady de Richard Eyre .
Merveilleux et beau film merci pour cette
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