L’ appel au secours d’une femme victime d’un enlèvement, brutalement interrompu… comment retrouver sa trace et lui porter secours ?. Pour le policier en service , son intuition et le téléphone sont ses deux seules armes . Le premier film du cinéaste Danois superbement maîtrisé , est une prouesse de suspense en huis -clos . Frissons garantis…
Le huis-clos est un superbe cadre de « climax » dont les cinéastes aiment se servir comme éléments permettant à l’imagination du spectateur de vagabonder . Il oblige ,en effet , à faire appels aux éléments du hors -cadre ( ou hors champ) extérieur , dont les éléments sonores viennent ajouter … ou alimenter l’intrigue. Comme c’est le cas ici , de ces voix des multiples des appels qui parviennent au centre d’appels d’urgence de la police , dont chacune invite le spectateur à remplir l’espace des éléments (du danger…ou de l’exagération ) qu’elle donnent à entendre . La preuve en est faite par les premières séquences du récit où le policier en service Asger ( Jakob Cedergren , excellent ) chargé d’y répondre , nous immergent dans son quotidien où les appels , s’accumulent . De la femme tombée de son vélo exigeant intervention d’urgence , en passant par cet automobiliste en virée nocturne dans un quartier «chaud » se disant victime d’un vol , jusqu’à ce jeune homme sous emprise de drogue, qui panique . Asger qui est en service , doit faire preuve à la fois d’écoute et de diplomatie pour faire le « tri » des vraies urgences. Savoir déceler au cœur de l’incohérence de certains propos , le mot , qui va déterminer la nécessite de l’intervention pouvant éviter le pire . On le voit attentif et réactif , agacé par certaines exagérations …mais voici, que de l’un de ces appels , émerge une voix angoissée – entrecoupée de bruits et de silences comme si elle appelait en secret – et à demi -mots , lui signifie qu’elle est victime d’un enlèvement ! . La soudaine coupure de la communication confirme le danger , mais le voici sans éléments lui permettant de situer le véhicule et porter secours à cette dernière. Asger , sortant de la « routine » va se mobiliser et faire preuve d’intuition, d’imagination quitte à devoir s’écarter de ses prérogatives ….

Le cinéaste inscrivant d’emblée le cadre du huis-clos , le remplissant des éléments réalistes du quotidien ( la plupart sont la retranscription de ceux recueillis et retranscris , par l’équipe du film …) d’un centre d’appel d’urgence . Et y implique le personnage de son récit dont la complexité de sa situation personnelle , ajoute crédit à l’investissement dans cet « espace » d’appels nocturnes , dans lequel il a été muté . On y devine un investissement en forme de quête rédemptrice dont le cinéaste se sert habilement ( on vous laisse découvrir … ) comme élément de dramaturgie permettant de faire basculer le récit et la mise en scène , dans un double suspense . A celui, réaliste, dans lequel s’inscrit cet appel qui va le faire sortir du cadre strict de ses responsabilités pour tenter de retracer le véhicule et porter secours à la femme enlevée . Le cinéaste y ajoute , le suspense psychologique et la responsabilité avec laquelle il s’investit dans cette affaire dont témoignent les rebondissements des événements qu’il va provoquer et en devenir responsable . La force du récit est là , dans cette dimension du récit où la claustrophobie – physique et mentale – y sont magistralement déclinées . Par l’interprétation du Comédien Jakob Cedergren dont le cinéaste par ses gros plans capte les moindres vibrations du corps, des gestes et du regard , comme celles de ses mots et des intonations de sa voix . Mais aussi via le « climax » des différents échanges téléphoniques révélateurs des multiples reversements de situations, dont la mise en scène rebondit sur les rapports de forces qu’elle révèle , en même temps qu’elle resserre la description du cadre large des lieux de travail du début, vers le bureau isolé dans lequel Asger s’enferme, impliqué et concentré dans son double combat…

L’habileté de la mise en scène est révélatrice de cette complexité qu’elle traque . Celle dont les mots des appels au secours se font l’écho, révélateurs d’une humanité en détresse. Et puis , aussi , de ces mots ou comportements révélateurs de la fragilité des jugements sur la culpabilité ou l’innocence , dont le titre du film ( The Guilty / Coupable ) , ouvre par les multiples bouleversements de l’intrigue , à la réflexion . Celle à laquelle le cinéaste renvoie , le spectateur par la belle phrase de sa note d’intention : « Au cinéma, on est assis dans une pièce avec d’autres personnes et ça devient l’extension de cette pièce sur l’écran. J’aimerais qu’en regardant le film, on se sente dans la même pièce que les personnages » , destinée à inviter le spectateur à s’y impliquer . Et pour ce faire, utilisant les archétypes du genre (le héros , le bien et le mal..) trop souvent utilisés par un certain cinéma , afin de lui faire- ici- entrevoir cette : « zone grise , d’une réalité bien plus nuancée… ». Celle qui ouvre à l’interrogation sur nous mêmes et nos propres réactions, face à des faits similaires dont on pourrait être témoins . Aller sonder cette « zone grise » qu’est l’âme humaine, et s’interroger sur tout ce qu’elle peut renfermer comme incertitudes sur les « apparences » de l’innocence et (ou ) de la culpabilité. Les préjugés pouvant conduire à un jugement définitif pourraient bien se révéler hasardeux … quel suspense !
(Etienne Ballérini )
THE GUILTY de Gustav Möller – 2018- Durée : 1 h 25.
AVEC : Jakob Cedergren , et les voix de Jessica Dinnage, Johan Olsen, Omar Shargawi .. ;
LIEN : Bande-Annonce du Film , The Guilty de Gustav Möller .
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