Elle est militante et professeur de chant . Déterminée à faire plier les raisons d’état et de l’économie mondialisée qui bafouent la transition écologique , elle part en guerre contre les pollueurs. Le Cinéaste Islandais remarqué par Des chevaux et des hommes ( 2013 ), nous offre une superbe comédie débridée en forme de fable politico-comique , sacrément efficace .

On découvre Halla , en héritière de la tradition millénaire qui a fait de son pays une nation restée longtemps profondément attachée à la terre et à la nature . Mais voilà qu’aujourd’hui la terre des ancêtres souffre d’un « mal » aussi dangereux que le cancer, dont l’inexorable conduit à la mort . La terre des ancêtres malmenée par les effets d’une politique économique qui ne tient pas compte du respect de la nature et des possibilités offertes par celle-ci d’une possible , transition propre. Les conséquences de celle-ci qui se concrétisent par le dérèglement climatique dû à « l’effet de serre » provoquant désastres et dévastations dans le pays , comme un peu partout dans le monde , ainsi que l’extinction de nombreuses espèces animales et végétales . Voilà sa bonne terre d’Islande qui en ressent, aujourd’hui , les effets et risque de les voir encore se prolonger par des négociations ouvertes entre le gouvernement Islandais et une multinationale Chinoise, en vue de la construction d’une nouvelle fonderie d’Aluminium. Hella ( Halldora Geirharosdottir , épatante!) militante de l’environnement n’en pleut plus de voir malmener, ces hautes terres qu’elle aime ! . Elle va se muer en une sorte de « Robin des bois » féminin solitaire . Sous le pseudonyme de la « femme de la montage » , elle va défier par des actions de plus en plus audacieuses l’industrie locale de l’Aluminium et le gouvernement Islandais . Ses actions de « sabotage » vont en faire l’ennemi « numéro un » recherché par toutes les forces policières du pays …auxquelles, même les Américains vont venir prêter main forte, pour tenter d’arrêter la « terroriste » et ses actes de sabotage industriel !…

La cadre défini , le cinéaste a choisi d’en faire une fable politique dont la forme du « conte héroïque » va se muer en récit d’aventures empreint de poésie et d’une belle dérision comique . La volonté du divertissement étant l’alibi destiné à offrir le « doux » habillage décalé et satirique à la dimension Politique . A l’image des séquences des actions d’Halla que vient constamment accompagner , à la manière du rituel du « choeur » de la tragédie grecque, un orchestre s’immisçant dans le plan de chacune d’elle . L’effet de la distanciation comique qu’il distille sur l’instant , finit par se muer en « commentaire » des actes de cette dernière , en un habile « effet » de comédie , interpellant le spectateur . Habile mise en abîme aussi , destinée à insuffler « courage , pouvoir et bonnes idées à notre héroïne » , dit le cinéaste . D’ailleurs le prénom de celle-ci : Halla vient ajouter la dimension de la référence historique et culturelle Islandaise, celui du couple « Halla et Eyvindur » célébres bandits des hautes terres Islandaises du XVII ème Siècle qui défièrent les autorités, et dont le cinéaste Suédois Victor Sjöström en 1918 , raconta la légende dans son film , Les Proscrits. A cette dimension historique , fait écho la modernité du quotidien de la vie de Halla quinquagénaire d’aujourd’hui , menant parallèlement une vie tranquille de professeur de chant avec autant de passion et de volonté de transmission . De la même manière que cette volonté cherchera à se concrétiser par son désir de maternité, via adoption d’une petite orpheline Ukrainienne. Dès lors , après une longue attente, sa demande acceptée voilà que le double combat de sa vie , va peut-être se concrétiser , via le « double » symbolique (?) d’une sœur jumelle…

Par cet autre doublement habile « effet » de scénario , le cinéaste qui n’hésite pas à casser les codes narratifs , préférant en exploiter les différentes directions , afin d’explorer les possibilités dramatiques qu’elles ouvrent . Et surtout, l’opportunité d’aller au bout d’une dramaturgie : « Pour moi, il s’agit bien d’avantage de chercher l’histoire, la mission, la souffrance ou toute notion abstraite qui vont rendre le projet et l’histoire excitants. Avec mon co-scénariste , nous sommes tous les deux férus de dramaturgie, l’essence même de toutes les bonnes histoires », dit-il . Et , ici , la bonne histoire se décline avec jubilation dans les directions qu’elle emprunte : de la comédie , de la satire , du drame , du film d’action , ou du thriller politique. Chaque espace narratif y trouvant son prolongement au niveau de la psychologie des personnages , ou de l’analyse des enjeux auxquels ils se retrouvent confrontés. A l’image de Halla , qui , a cent lieues des héros (ou héroïnes) des Blockbusters, va devoir mener désormais de front un double combat d’activiste et de mère adoptive . C’est non pas l’extraordinaire de celui -ci auquel les blockbusters s’attachent , mais ici « l’ordinaire » qui fait la richesse du récit et de son personnage par la thématique du double qui y insuffle l’humanité nécessaire , celle des choix de vie à faire . Ceux si difficiles auxquels, la vie et nos propres aspirations profondes nous amènent à nous confronter et trouver des moyens de se battre pour ( tenter?) de changer le cours des choses …et de « l’avenir réservé à notre planète et à nos enfants » …
C’est la belle séquence finale , les pieds dans l’eau du déluge provoqué par le changement climatique , qui en rappelle la nécessité. Et c’est également à cet acharnement dont Halla fait preuve afin de contrecarrer celui des autorités mobilisées pour la traquer et la mettre hors d’état de nuire … à laquelle le cinéaste renvoie – en fil rouge – la note d’humour inattendue de ce touriste Sud-Américain portant le tee-shirt du « Che » dont on vous laisse découvrir le rocambolesque sort qui lui est réservé !. Un sacré film jubilatoire , à découvrir d’urgence !.
( Etienne Ballérini )
WOMAN AT WAR de Bénédikt Erlingsson – Durée : 1h 40 – 2018-
AVEC : Halldora Geirharosdottir , Johann Siguroarson, Jörandur Ragnersson, Charlotte Baving, Juan Camillo Roman Estrada, Björn Thors, Jon Johannsson …
LIEN : Bande-Annonce du Film, Woman at War de Bénédikt Erlingsson.
LIEN : Le Projet du film présenté par le cinéaste Bénédikt Erlingsson.
[…] A LA RECHERCHE D’INGMAR BERGMAN de Margarethe von Trotta (Cannes 2018) AMANDA de Mikhaël Hers BURNING de Lee Chang Dong (Cannes 2018) COLD WAR de Pawel Pawlikowski (Prix de la mise en scène – Cannes 2018) CRO MAN de Nick Park DILILI A PARIS de Michel Ocelot DOGMAN de Matteo Garrone (Prix d’interprétation masculine – Cannes 2018) DOMBASS de Sergueï Lonitza (Prix de la mise en scène – Un Certain Regard – Cannes 2018) EL PRESIDENTE de Santiago Mitre (Cannes 2018) EN GUERRE de Stéphane Brizé (Cannes 2018) EN LIBERTE ! de Pierre Salvadori FLEUVE NOIR d’Eric Zonca FOXTROT de Samuel Maoz GIRL de Lukas Dhont (Caméra d’Or – Cannes 2018) HEDY LAMARR : FROM EXTASE TO WIFI de Alexandra Dean HEUREUX COMME LAZZARO de Alice Rohrwacher (Prix du Scénario – Cannes 2018) JUSQU’A LA GARDE de Xavier Legrand L’APPARITION de Xavier Giannoli L’HOMME FIDELE de Louis Garrel LA FORME DE L’EAU de Guillermo Del Toro (Lion d’Or – Venise 2017) LA MORT DE STALINE d’Armando Iannaci LE MONDE EST A TOI de Romain Gavras (Cannes 2018) LE POIRIER SAUVAGE de Nuri Bilge Ceylan (Cannes 2018) LES CHATOUILLES d’Andrea Bescond et Eric Métayer (Cannes 2018) LES FRERES SISTERS de Jacques Audiard LETO de Kirill Serebrenikov (Cannes 2018) MADEMOISELLE DE JONQUIERES d’Emmanuel Mouret MALA JUNTA de Claudia Huaiquimilla MEKTOUB MY LOVE d’Abdellatif Kechiche MES PROVINCIALES de Jean-Paul Civeyrac MY LADY de Richard Eyre PARVANA de Nora Twomey PHANTOM THREAD de Paul Thomas Anderson PUPILLE de Jeanne Henry RAZZIA de Nabil Ayouch TESNOTA – UNE VIE A L’ETROIT de Kantemir Balagov THE GUILTY de Gustav Möller THE RIDER de Chloe Zao TROIS BILBOARDS, LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE de Martin McDonagh TROIS JOURS A QUIBERON de Emily Atef UNE AFFAIRE DE FAMILLE de Hirokazu Kore-Eda (Palme d’Or – Cannes 2018) UNE PLUIE SANS FIN de Dong Yue VERS LA LUMIERE de Naomi Kawase WOMAN AT WAR de Benedikt Erlingsson (Cannes 2018). […]
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