Le 71 ème Festival de cannes et son jury présidé par Cate Blanchett ont attribué la prestigieuse Palme d’or kate blanchettau grand cinéaste Japonais Hirokazu Kore-Eda pour Une affaire de famille . Pas de prix pour les films Français . La libanaise Nadine Labaki dont Capharnaüm a ému le public Cannois a décroché le Prix du Jury et Spike Lee Le grand prix de ce même Jury pour son Blackkklansman . Jean -Luc Godard s’est vu honorer d’une palme d’or Spéciale pour son Le livre d’images …

Les pronostic comme d’habitude allaient bon train pour la Palme à l’issue d’une compétition qui pouvait offrir des surprises d’autant que la qualité au rendez-vous d’une bonne dizaine de films , pouvait laisser présager une surprise parmi ceux qui étaient les favoris de la critique et ceux qui ont touché peut-être plus le cœur du public . Mais au bout de la ligne droite des Onze jours de compétition , c’est un palmarès qui reflète la diversité des regards et surtout des thèmes abordés qui décrivent l’état du monde qui s’est dessiné . Par tous les sujets abordés , les films des cinéastes ont fait la part belle à tous ceux ( femmes , hommes , enfants …) qui subissent les injustices . Dans ce cadre le thème de la famille du cœur ,celle que l’on se choisit du film de Kore-Eda , une affaire de famille est d’une certaine manière emblématique . Il est de ceux que l’on a beaucoup aimé comme on l’a souligné dans notre compte-rendu quotidien . Et la palme qui lui échoit après cinq présences en compétition , est d’une certaine manière la récompense logique et elle nous réjouit par la qualité et surtout l’humanité de son cinéma dont ses films ( Nobody Knows , still walking , tel père tel, fils… ) empreints de bienveillance, comme ici, sur ces enfants maltraités , recueillis par un couple vivant pourtant dans la pauvreté . Le cinéaste Il succède à son compatriote Shoheï Imamura qui avait obtenu la Palme , en 1997 pour l’Anguille …
Le Palmarès dès le début d’une certaine manière annonçait la couleur par la voix de Cate Blanchett , la présidente du jury tenant à apporter son soutien aux deux cinéastes assignés à Résidence dans leur pays : le Russe Kirill Serebrenikov et l’Iranien Jafar Panahi . La Présidente du Jury s’est félicitée également de la différence des regards et des « voix diverses » que la compétiotion a donné à voir « les gens invisibles , sans droits et sans espoir on les a écoutés ». Et cette écoute , le choix de jury de la Caméra d’or , l’entérinait récompensant Girl de Lukas Dhont qui aborde le choix de l’identité sexuelle et le corps qui se libère . Le ton était donné , et poursuivi par le prix d’interprétation féminine à Samal Yeslyamova réfugiée Khirghize sans papiers en Russie, magnifique combattante pour garder sa dignité dans le film Ayka de Sergeï Dvortsevoy, le confirmait . Suivi par celui de l’interprétation Masculine pour l’excellente performance de Marcello Fonte , persécuté par un petit mafieux sans scrupules , dans Dogman de Matteo Garrone . L’italie d’ailleurs se retrouvait également distinguée ( prix du jury ex-aequo ) avec le beau film -fable poétique d’Alice Rohrwacher , Lazzaro Félice sur les paysans exploités dans le domaine d’une riche propriétaire, renvoyant à la modernité d’aujourd’hui , des pratiques relevant du Moyen-âge . Prix auquel est associé celui de la liberté artistique bridée par le pouvoir politique qui n »empêche pas Jafar Panahi de continuer àtourner malgré son assignation à Résidence et nous offrir 3 visages , son nouveau film , comme un défi . De la même manière que le Polonais Pavel Pawlikowski ( Prix de la mise en scène ) et son travail d’orfèvre dans la composition des plans et des images , revient sur le passé et la « guerre froide » qui déchire l’avenir d’un couple , renvoyant à la Pologne d’aujourd’hui la nécessité « de rester ouverte au monde »…

L’ouverture à celui-ci et à ses injustices est au cœur du film de Nadine Labaki et du portrait de cette enfance sacrifiée , délaissée , mal aimée à laquelle son film Capharnaïm est dédié « il est important qu’on fasse entendre leur voix et leur détresse , je crois au pouvoir du cinéma pour montrer l’invisible » , a-t-elle déclaré , et prolongeant son propos , évoquant le sort des réfugiés . Grand Prix du jury, Spike Lee ,fait un retour gagnant sur la croisette avec son Blackkklansman , où l’évocation des Black Panthers d’hier et le vrai récit d’un flic black infiltrant le Klu Klux Klanc, lui sert de prétexte à une virulente satire anti-raciste saupoudrée d’humour , pour fustiger la violence raciste qui refait surface aujourd’hui , attisée par l’extrême- droite et la bienveillance du président Américain Donald Trump lorsqu’il minimise, les violences de Charlottsville . Le Livre d’images le dernier « opus » de Jean- Luc Godard et sa réflexion sur le cinéma et la violence humaine décortiquée par ses recherches formelles sur les images et sa capacité à redéfinir le cinéma: » il l’a fait avancer , il en a repoussé les limites » a déclaré Cate Blanchett , justifiant la palme d’Or spéciale qui lui a été décernée par autorisation exceptionnelle à la demande du jury . De son refuge Suisse , le cinéaste qui n’est pas venu sur la croisette mais à suivi la cérémonie, a dû apprécier …

Bilan et impressions sur l’édition 2018:
De l’avis général du côté de la presse, c’est une « édition de qualité » qui a été au rendez-vous , mais dont la faible présence des films Américains ( deux seulement… ) en compétition , continue de faire polémique, auprès des professionnels . Le retentissement mondial de la manifestation, au niveau médiatique moins mobilisateur des médias internationaux inquiète certains d’autant que celui-ci semble aussi , se répercuter sur une baisse de fréquentation du public , notamment lors des projections hors « montée des marches » . Mais la diversité du cinéma mondial et l’émergence de nombreux cinéastes du monde entier , est aussi le reflet d’une réalité à prendre en compte que le Festival a choisi de mettre en avant . Au delà des polémiques, le festival est aussi peut-être à une certaine croisée des chemins et de choix à revoir . Les nouvelles dispositions concernant les « exclusivités et des premières mondiales » ont changé les conditions de travail des professionnels dont le second film de la compétition projeté à 22 heures le soir à Debussy , les voit contraints de faire des critiques en décalage par rapport au film du jour en compétition . Impossible, compte tenu des délais de rendre le compte -rendu du film concerné pour leur journal , dont les lecteurs doivent attendre l’édition du lendemain pour le lire! … alors que le médias radio et Tv , en ont déjà largement parlé !. Dommage !.. Mais revenons aux films et à cette sélection de bonne qualité . Elle a aussi et surtout été diversifiée et reflété les grands sujets de société . Ce fut une édition très politique dont d’ailleurs la « montée » des marches s’est faire l’écho avec les femme réclamant la parité dans le cinéma , et aussi une plus grande visibilité des comédiennes de couleur . Elle le fut aussi sur l’écran avec ces thématiques qui s’y reflétaient avec de beaux portraits de femmes subissant les discriminations de toutes sortes. Mais ce sont aussi d’autres combats : La violence , le racisme , le problèmes des migrants et réfugiés, les guerres qui ici et là ensanglantent notre planète bleue dont le feu rouge reste allumé et semble même empirer au niveau des libertés de plus en plus, en péril . De la même manière que la mondialisation économique et ses dérives qui ne font qu’attiser les relents xénophobes et racistes , se sont retrouvées au cœurs des œuvres des cinéastes questionnant sur les dégâts humains qui se multiplient pour une frange de plus importante des populations défavorisées subissant le rejet de ceux qui se replient en multipliant les frontières protectrices . Les cinéastes et leurs films ont dit cela au travers des parcours d’hommes , de femmes ou d’enfants qui crient leur désespoir et leur soif de respect et de dignité . c’est le rôle des artistes et des créateurs que d’interpeller avec leurs armes , pour , à leur manière éveiller les consciences . En ce sens le Festival et les cinéastes qui ont marqué l’édition 2018 , ont donné la parole et la visibilité à ceux qui sont rejetés dans l’ombre et l’indifférence
(Etienne Ballérini )
La Compétition officielle – Palmarès :
Palme d’or : Une Affaire de Famille de Hirokazu Kore-Eda.
Palme d’or Spéciale : L e livre d’images de Jea Luc Godard.*
-Grand Prix du Jury : Blackkklansman de Spile Lee.
Prix du Jury : Capharnaïm de Nadine Labaki .
Prix de la mise en scène : Cold War de Pavel Pawlikowski .
Prix du scénario ex-aequo : Lazzaro Felice d’Alice Rohrwacher et 3 Visages de Jafar Panahi .
Prix d’interprétation Fémine : Samal Yeslyamova dans Ayka de Sergueï DVortsevoy.
Prix d’interprétation masculine : Marcello Fonte pour Dogman de Matteo Garrone.
Prix Caméra d’Or : Girl de Lukas Dhont .
Palme d’or du Court métrage : All These créatrures de Charles Williams et Mention Spéciale pour On The Border de Weï Shunjun
La Section Un certain Regard :
-Prix Un certain Regard : Gräns de Ali Abassi.
-Prix du Jury : Les morts et les autres de Joao Salaviza et Renée Nader Messora.
-Prix de la mis en scène Donbas de Sergueï Lonitsa.
-Prix du meilleur scénario : Sofia de Meryem Benm’Barek .
-Prix du meilleur acteur : Victor Polster dans Girl de Lukas Dhont .
La cinéfondation :
-Prix de la cinéfondation : L’été du lion électrique de Diego Cespédès.
-Deuxième prix de la fondation ( Ex-aequo) : Kalendar de Igor Poplauhin.
Et , Dong wu xiongMeng de Dhe DI.
-Troiséme prix de la Cinéfondation : Inanimate de Lucia Bulgheroni .
Prix Paralèlles :
-Semaine de la Critique :
-Diamantino de Gabriek Abrantes et Daniel Schmidt.
et Prix du jeune comédien pour Félix Maritaux dans Sauvage de Camille Vidal -Naquet
–Quinzaine des Réalisateurs :
-Prix cinéma Award : Climax de Gaspard Noé .
-Prix SACD : En Liberté de Pierre Salvadori
-Prix Fipresci ( Presse intérnationale ) : Burning de Lee Chang Dong et Girl de Lukas Dhont
-Prix du jury oécuménique : Capharaïm;de Nadine Labali et Mentio Spéciale à Blackkklansman de Spike Lee
(Fin )