Cannes souvenirs
Sous la pavés, pas de palme. Cette 71e édition, aura vu le retour de Jean-Luc Godard en Compétition, dans la Sélection officielle avec Le Livre d’image qui succède à Adieu au langage présenté en 2014. Petit clin d’œil du Festival avec l’affiche officielle tirée d’une photo de tournage de Pierrot le Fou. Ironie du sort, il y a 50 ans Jean-Luc Godard faisait partie, avec, entre autres, François Truffaut et Louis Malle, des agitateurs qui réclamèrent l’arrêt du Festival par solidarité avec les étudiants et les ouvriers. Il eut cette phrase célèbre (voir plus bas) et fut traité surnommé « Helvète anarchiste » par Robert Favre Le Bret, président du Festival, dans son rapport moral.
Retours. Celui de Spike Lee en Compétition officielle, absent de cette section depuis 1991 (Jungle Fever), qui revient avec BlacKkKlansman, inspiré d’une histoire vraie, celle d’un officier de police afro-américain qui réussit à infiltrer l’organisation raciste et ségrégationniste du Klu Klux Klan. Lars von Trier revient également, Hors compétition, après son exclusion en 2011, suite à ses propos tenus lors de la conférence de presse de Melancholia. Son nouveau film, The House that Jack Built, est un thriller avec Matt Dillon et Bruno Ganz.
L’un des grands regrets de Cannes. Cela restera à tout jamais l’un des grands regrets du festival et de Gilles Jacob, délégué général à partir de 1977 puis président en 2001, Stanley Kubrick n’est jamais venu à Cannes. Principale raison, sa phobie de l’avion. Deux hommages lui ont été rendus depuis sa disparition en 1999. Le 1er en 2011 avec la projection de la version restaurée d’Orange Mécanique en présence de Christiane Kubrick, son épouse, et de Malcolm McDowell. Le second a eu lieu dimanche dernier avec la présentation par Christopher Nolan de 2001 : L’odyssée de l’espace dans une copie neuve 70 mm d’un chef d’œuvre sorti il y a 50 ans.
Une autre température. Présenté hors compétition, Farenheit 451 de Ramin Bahrani. Le réalisateur avait remporté en 2015, le Prix Spécial du Festival du cinéma américain de Deauville avec 99 Homes. Quant au titre, Il s’agit bien d’une seconde adaptation du roman dystopique de Ray Bradbury, déjà porté à l’écran par François Truffaut. Ici Sofia Boutella, Michael Shannon, et Michael B.Jordan, endossent les rôles de Julie Christie, Cyril Cusack et Oskar Werner.
La photo souvenir
En quelques mots :
Liv Ullmann : « Cannes a fait vraiment partie de ma jeunesse (…) Je pense que le festival a beaucoup changé. Maintenant, ça tourne beaucoup autour du tapis rouge, des tenues, etc. Ce n’était pas comme ça avant. Quand j’étais jeune, Cannes, c’était avant tout le plaisir de rencontrer des gens et des journalistes, d’avoir le temps de parler de la vie et des films… » Actrice et réalisatrice – Présidente du Jury en 2001
Liv Ullmann : «J’ai adoré ça. Le travail consistait à voir des films toute la journée. Je n’étais pas toujours populaire auprès des autres membres du jury parce que je voulais faire des réunions tous les deux jours ». Actrice et réalisatrice – Présidente du Jury en 2001
Jean-Luc Godard : « Je vous parle de solidarité avec les étudiants et les ouvriers, vous me parlez de travelling et de gros plan : vous êtes des cons ! » Festival de Cannes – Mai 1968
Michel Hazanavicius : « Quand il s’est agi d’aller à Cannes, il était très difficile de refuser. C’est un des rares lieux où le cinéma est si important. L’ego, l’orgueil et le plaisir de montrer son film dans une telle salle (Grand auditorium Lumière, ndlr) devant un tel parterre sont des motivations suffisantes, j’imagine. » Réalisateur de Redoutable, en compétition en 2017 – « Première » décembre 2017.
Pierre-Henri Deleau : « Etre sélectionneur, c’est avoir une galerie de peintures dont on change chaque année les tableaux » Délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs de 1969 à 1998 – Ecran total n° 1187 du 9 mai 2018
Les photos du jour :



Philippe Descottes