Cinéma / Journal de Cannes 2018 , No .4.

Une journée encore bien remplie hier sur la croisette. Le beau film du cinéaste Polonais Pawel Pwlikowski : Guerre froide,  exil et un amour impossible . Une passion Gay entre un écrivain Dandy et un jeune homme de 20 ans dans Plaire , Aimer et courir vite  de  hristophe Honoré . La vie qui continue en Syrie minée par la tragédie de la guerre dans Mon tissu préféré de Gaya Jili , et l’itinéraire d’un jeune truand , avec L’ange de l’Argentin Luis Ortega…

COLD WAR ( Guerre Froide ) de Pawel Pawlikowski ( Compétition )

Une scène de Cold War ( Guerre froide )

Le cinéaste Polonais s’est révélé aux cinéphiles du monde entier par le magnifique Ida (2014) couronné par de nombreux prix et surtout l’oscar du meilleur film étranger. En Compétition il proposait son nouveau film Guerre Froide qui se déroule sur la période de l’après guerre et jusqu’au milieu des années 1960. Le titre du film est révélateur du contexte dans lequel on va retrouver les personnages que l’on découvre au cours de l’année 1949 dans la Pologne de l’après guerre. le cinéaste s’est inspiré de l’histoire de ses parents, dont les personnages principaux portent le nom de ses parents : Viktor et Zula . Les premières séquences relatant leur rencontre lors d’auditions faites par Viktor et sa collaboratrice, travaillant sur l’enregistrement des chansons traditionnelles des régions Polonaise . Zula qui   s ‘y présente impressionne Viktor à la fois par la qualité de sa voix que par sa volonté de s’imposer . Elle sera prise et lors du travail en vue des représentations publiques chants et danses, elle se montrera une des meilleures .Viktor , plus âgé qui la prend sous son aîle pour la faire progresser, finit par tomber follement amoureux . Dans la Pologne communiste de l’après- guerre , le spectacle monté par Viktor et son assistante plaît , attire l’attention des responsables politiques cherchant à l’utiliser comme moyen de propagande . La soumission ne leur plaira pas , ils envisagent de quitter le pays. De Berlin à Paris , en passant par Zagreb et d’autres . Le cinéaste construit un  portrait sous forme d’ellipses du parcours tumultueux du couple qui se déchire sur certains choix de vie et de carrière , vivant d’autres aventures séparément , mais se retrouvant toujours dans un élan irrépressible «  c‘est la femme de ma vie » , dit Viktor, ballotté aussi par le contexte politique ( le retour imposé Pologne) à ce dernier rattrapé par la police du régime . Leur romance mouvementée est magnifique , face au dangers elle devient leur refuge qui la renforce . Le cinéaste , la sublime par un magnifique travail sur le noir et blanc dont les nuances et le choix des éclairages , accompagné par un magnifique travail sur les cadrages cherchant à restituer l’humeur du moment. De la même manière que le montage trouve la dimension musicale ( gros plans , décadrages , travellings ou plans séquences…) pour accompagner le couple dans son tourbillon de la vie …

PLAIRE,AIMER , ET COURIR VITE de Christophe Honoré ( Compétition )

Une scène du film : Vincent Lacoste , Pierre Deladonchmaps ...

Ils se rencontrent à Rennes, Lui , Arthur  le jeune provincial ( Vincent Lacoste ) de 20 ans, le Dandy , Jacques ( Pierre Deladochamps) écrivain d’une bonne quinzaine d’années de plus . Belle séquence sous le signe du cinéma dans une salle . Jacques a multiplé les aventures et le Sida l’a rattrapé. Arthur lui les expérimente aussi , femmes et hommes , afin de choisir sa voie . Une rencontre-défi où ils se toisent , se jaugent par les mots , les gestes retenus et ceux qui le sont moins . Il y a  quelque chose  qui frémit , une complicité et aussi de la retenue . En tout cas Arthur tombe amoureux et décide de rejoindre Jacques à Paris . Ce dernier qui se bat contre la maladie , se retrouve confronté à un contexte difficile qui le rend parfois très dur envers ceux qui ont été ses amants comme Marco ( Thomas Gonzalez) ou même avec son voisin ( Denys Podalydès ) chez lequel parfois il se réfugie , lorsqu’il veut éviter certains rendez -vous. C’est ce qu’il fera , avant de céder , avec Arthur à qui il a caché sa maladie, et qu’il veut éviter n’osant pas le confronter à son état qui depuis a empiré.  Mais le désespoir d’Arthur qu’il voit roder près de l’immeuble , le fera céder . La romance amoureuse va se décliner dès lors dans la gravité du peu de temps qui reste . Elle est émouvante et magnifique , portée par l’énergie d’Arthur cherchant avec ses plaisanteries à détendre l’atmosphère ,dans  son rapport avec Loulou le jeune fils de Jacques , ou se muant en « accompagnateur » bouleversant dans les derniers instants ( la scène déchirante à l’hôpital ) . le film est un vibrant hommage aux disparus emportés par cette maladie , y planent les ombres de Koltès , Lagarce , Guibert et tant d’autres . La mort de Marco l’ex-compagnon est précédée d’une scène déchirante  (dans la baignoire)  d’étreinte du corps sans force . La visite de la tombe au cimetière proche de celle de François Truffaut est l’occasion d’un bel hommage au cinéma via un cinéaste dont , avec celui de Jacques Demy , Christophe Honoré perpétue une certaine parenté …

L’ANGE de Luis Ortega  ( Un Certain Regard )-

Une scène de l’Ange  de Luis Ortega

Le quatrième long métrage du cinéaste Argentin remarqué par Black Box (2002 ) , se déroule dans le Buenos Aires des années 1970 . il met en scène un jeune criminel nommé Carlitos ( Lorenzo Ferro ). Il met en scène le récit du parcours de cet «  angélique » jeune homme qui a défrayé la chronique et a été condamné en 1980 à la prison à perpétuité . Son parcours semé de vols et de près de quarante crimes  a interpellé le cinéaste  car elle  lui a sembler refléter une certaine plongée dans la folie inconsciente et insensée , révélatrice d’un engrenage irrépressible duquel il est impossible de sortir . Comme le montrent certaines séquences, en compagnie de ses complices qui ont du mal à le suivre et à comprendre ses réactions . Et puis il y a aussi chez lui comme une  fascination pour les armes , de la même manière que son  physique dont le titre du film reflète , l’aspect d’une apparence «  angélique » qui lui vaut des remarques homophobes , le fera parfois se complaire dans la provocation , revêtant perruques ou habits féminins , jouant aussi de son attirance pour concocter quelques « coups » dans les milieux Gays A cet égard son «  couple » momentané avec Ramon,acquiert  une sorte de charme vénéneux . Le film utilise justement comme argument de mise en scène cette fascination du personnage…

MON TISSU PREFERE de Gaya Jiji ( Un certain Regard )

Une scène du film : Mon Tissu Préféré de  Gaya Jiji.

La cinéaste et comédienne d’origine syrienne née à Damas , présentait son premier long métrage à la section Un certain Regard .  On  y découvre  l’heroine , Nahia ( Manal Issa ) dans une banlieue Syrienne . La cinéaste s’est inspirée de son vécu pour décrire aspirations d’une jeune femme qui cherche sa voie et sa personnalité à construire . Mais , lorsque le pays bascule dans la guerre , son destin se retrouve totalement remis en question. Le tournage du film comme  l’a indiqué aa réalisatrice , lors de la présentation publique sur la scène de la salle Debussy : « a été particulier , ça a été un défi, puisque , tourné à Istanbul avec des techniciens et comédiens d’origines très diverses ( Turcs , Anglais, Français …) qui , tous , y ont travaillé dans une belle harmonie » . Le récit se situe en 2011 , lorsque la révolution commence à s ‘installer et Nahia , qui voudrait quitter son pays se retrouve confronté à une situation difficile . Celui qui pourrait lui permettre , grâce à un mariage arrangé de quitter le pays , Samir , un syrien expatrié aux Etats -Unis , lui préfère sa sœur Myriam. Tout un jeu d’influence et de rapports  de force s’installe qui va la conduire à se rapprocher d’une voisine fraîchement arrivée dans l’immeuble …tandis que la violence éclate dans la ville et que les morts sous les balles des forces de l’ordre du régime , tombent . Les courtes scènes qui s’inscrivent au cœur du récit sont saisissantes et contrastent avec la force psychologique de Nahia , se réfugiant dans la « mise en scène » de ses histoires d’amour, et une certaine habileté à habiller de fiction ce quotidien où les tueries et les bombes éclatent tandis que la voix de maître du pays appelle ses troupes à défendre la patrie …

(Etienne Ballérini )

Les Films au programme de ce Samedi 12 Mai 2018 :

Gongjak de Yoon Jong -Bin ( Hors compétition).
Les Filles du Soleil ( Compétition)
Girl de Lukas Dhont ( Un Certain Regard )

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