Adapté du récit autobiographique de Dietrich Garstka sur l’acte solidaire des lycéens d’Allemagne de l’Est en 1956 envers les rebelles du soulèvement de Budapest en Hongrie, réprimé par les chars Russes . Après Fritz Bauer un héros Allemand ( 2015 ), le nouveau passionnant, et poignant film du cinéaste Allemand. A ne pas manquer…

Le cinéaste poursuit ici , la réflexion commencée dans Fritz Bauer , sur « la vie en Allemagne après les troisième Reich », dont le récit abordait la question des crimes Nazis , et s’interrogeait « sur comment le pays avait pu aller de l’avant , après un tel cataclysme , et comment il a tenté de se frayer un chemin vers un avenir nouveau »… s’appuyant sur le code pénal Allemand ayant « négligé » , dit-il , d’abroger certains paragraphes de textes litigieux !. Ici, au milieu des années 1950 , c’est le vécu et le ressenti quotidien des populations de l’Allemagne Démocratique de l’Est et son régime communiste, qui y sont explorés, via le récit autobiographique cité. Dans un cadre , où onze ans après la fin de la guerre , la population est confrontée à un régime qui se durcit dans un contexte de guerre froide , où le jeu des influences politiques, est plus que jamais dépendant des relations tendues , Ouest- Est . D’autant que les contestations se font jour dans le camp des pays appartenant au « bloc » Soviétique , où le pouvoir se durcit et y traque les opposants . En République Populaire de Hongrie justement , cette année là , d’importantes manifestations ont lieu dans la Capitale Budapest . La répression des troupes soviétique y sera sanglante , suscitant émotion et réprobation dans le monde entier. Et, en République Démocratique Allemande qui a rejoint le bloc de l’Est , les jeunes lycéens découvrent – via une radio clandestine – les événements que la presse du pouvoir attribue « à un complot fasciste… » , décident de se solidariser , à la « minute de silence » observée dans le monde de entier pour rendre hommage aux victimes …

A l’époque le » mur de la honte » n’était pas encore construit ( il le sera en Août 1961 ) , et les contrôles étaient sévères , mais permettaient aux Allemands de l’Est de se rendre à L’Ouest … comme c’est le cas, ici, des deux étudiants , Kurt ( Tom Gramenz ) et son ami Théo (Léonard Scheicher), amateurs de cinéma, y vont voir les films Américains interdits à l’Est, ainsi que les actualités d’avant-programme , où ils découvrent là , les images de l’insurrection Hongroise dont parlait la Radio Clandestine . Les deux amis , réussissent à convaincre la classe de la nécessité de manifester la solidarité envers les étudiants hongrois à l’origine de la première manifestation . Crime de lèse majesté pour leur professeur qui alerte les autorités !. La classe deviendra la « cible » de celles-ci , une enquête au plus haut niveau sera diligentée , destinée à poursuivre les « meneurs » et les punir , afin de restaurer l’autorité de l’état. Un mécanisme que les autorités vont mettre en place , semblable à celui de la Stasi ( police politique secrète ), dont souvenez-vous, le film La vie des autres ( 2006 – oscar du meilleur film étranger) de Florian Henckel Von Donnesmarck , a décrit l’implacable mécanisme. On en retrouve ici les méthodes qui vont s’appliquer envers ces jeunes étudiants et qui font littéralement froid dans le dos, tant le réalisme du vécu du récit en démonte le poids de la pression psychologique sur laquelle elles s’appuient , afin de briser ces jeunes vies . Les plongeant dans une sorte « d’enfer » de pressions envers lesquelles ils se retrouvent démunis, contraints de trahir leurs convictions et leurs amis …ou pire encore, subissant le chantage qui leur est fait sur le passé de leur parents . Concernant ces derniers , c’est un constat tout aussi saisissant que le cinéaste brosse sur les multiples pressions auxquelles dans le passé ont dû se soumettre, pour rentrer dans le rang, les parents de Théo , Erik , Kurt ou de Paul . Et tous, en ont gardé les blessures profondes… que l’enquête ravive ! . A l’image de la menace que l’on brandira envers l’amie de Kurt et Théo , la belle Léna ( Léna Kelke ) , concerenant l’exil politique de sa mère à l’étranger !..

Au cœur de cette enquête, qui prend une dimension disproportionnée, c’est la question des leçons du passé qui se retrouve posée . D’autant que ces comportements indignes viennent de ceux qui ont combattu , hier , les Nazis comme c’est le cas du ministre de la culture ( qui ne manque pas de montrer, la cicatrice sur son coup, à ces jeunes révoltés inconscients, mettant en danger le régime !) , et qui de fait pourtant , finit par employer les mêmes méthodes que ceux qu’il a combattu , hier !. C’est en fait tout un système qui se dévoile, et qui se retrouvera mis au défi par les jeunes étudiants, dont l’idéalisme naissant va puiser dans l’acharnement auquel il doivent faire face . Celui qui va leur permettre de prendre la vraie mesure de ce que représente cette notion de liberté qui s’y attache , comme un bien inaliénable et précieux, à défendre face à l’intolérance . C’est la belle leçon du film dont se fait écho l’émouvante relation entretenue par les lycéens avec l’oncle Edgar , chez lequel ils vont écouter la radio clandestine , mais aussi pour apprendre… de son expérience. Celle d’un passé qui l’a vu poursuivi et persécuté par les Nazis …pour son homosexualité . Et qui , pour avoir accueilli ces jeunes rebelles , lui fait courir le risque de se retrouver à nouveau sur la sellette! . Car dans les années 1950/ 60 , comme le cinéaste le relevait déjà dans Fritz Bauer , le code pénal Allemand n’avait toujours pas aboli le paragraphe 175 inscrit par le régime Nazi , portant sur la répression de l’homosexualité !.
Autant d’injustices ressenties comme insupportables… et, face à cette forme d’inquisition, la classe toute entière dont les diversités de points de vues de chacun auraient pu se retrouver ébranlées, va les faire se réunir dans un seul élan de choix responsable. A l’image du beau personnage d’Erik ( Jonas Dassier ) qui, devant choisir entre l’intérêt particulier et celui de l’acte solidaire, saura faire le bon…

Car , c’est désormais à leur tour de prouver leur force collective , celle qui peut permettre de faire plier un pouvoir qui veut les briser, pour avoir osé le contester. Leur acte de résistance sera pour eux de ne pas renier les idéaux qui les portent , et de toujours y opposer la parade, du défi ! . Au bout du compte , au terme du bras de fer qui leur a fait prendre conscience, leur vrai acte rebelle, sera de ne pas céder aux menaces et de rester dignes…et debout. Magnifique séquence finale , les faisant lever d’un seul bloc et affronter le verdict . Un verdict, qui finira par se retourner contre le pouvoir , comme l’histoire le dira …puisque, leur réponse au rejet sera l’exil , celui là même que « le mur de la honte » érigé plus tard et qui finira par tomber , ne pourra pas endiguer !. Comme un boomerang , peut-être que le film du récit des jeunes Lycéens Allemands de la RDA qui hier ont fini par avoir raison du mur, renvoie à l’Europe d’aujourd’hui, qui se ferme en construisant d’autres barrières…comme une leçon , à retenir !.
(Etienne Ballérini )
LA REVOLUTION SILENCIEUSE de Lars Kraume – 2018- Durée : 1h 51 –
AVEC : Léonard Scheicher , Tom Gramenz, Lena Klenke, Jonas Dassier,Isaiah Michalski , Ronald Zerfeld, Carina Wiese, Max Hopp…
LIEN Bande -Annonce du Film, La Révolution Silencieuse de Lars Kraume .
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