Amateur d’Art sous toutes ses formes , critique de cinéma , réalisateur , scénariste et producteur . Ses émissions mythiques pour la télévision : Cinéastes de notre temps , Cinéma de notre temps et Cinéma cinémas restent des modèles incontournables . Il a contribué à former de nombreux cinéphiles de notre temps…

Natif d’Oloron Sainte Marie dans les Pyrénées Atlantiques en 1931 , il est décédé ce 5 Mars à Paris, il avait 86 ans. C’est dans la Capitale Française qu’André S. Labarthe passionné de culture ( art contemporain , littérature , peinture , photographie , danse , cinéma …) comme en témoignent ses nombreuses publication , que débute dans les années 1950 l’aventure cinéma pour ce passionné d’Art toutes catégories . La rencontre avec André Bazin le créateur de la revue Les cahiers du cinéma sera déterminante . C’est lui qui connaissant sa passion des arts et du cinéma , lui fera intégrer le comité de la rédaction de la revue pour y apporter une « regard » plus large et libre . Par ses contributions il apportera un point de vue critique sur le cinéma confronté aux autres arts et aux passerelles qui les relient dans l’approche des individus et du monde . Il y développera , aussi, la diversité par ses articles consacrés aux grands cinéastes incontournables mais aussi aux cinéastes ( ou cinémas…) un peu délaissés ; mais également faisant preuve de d’ouverture envers les cinématographies indépendantes ( le cinéma indépendant Américain, le free cinéma Anglais , le jeune cinéma Italien … ) , émergeant un peu partout dans le monde à la fin des années cinquante . Ces « nouvelles vagues » créatives et rebelles proposant une nouvelle approche des formes et du regard sur la société , le monde et les individus …

Dès lors au delà de ses contributions écrites , c’est l’aventure des reportages cinématographiques qui va s’ouvrir à lui au début des années 1960 à la Télévision Française ( l’ex-ORTF) et cette aventure qui deviendra mythique , consacrée aux cinéastes et au Cinéma . Une grande « première » pour la télévision , l’aventure des « cinéastes de notre temps » permettra par ses portraits de cinquante minutes , de porter un regard original et sur le cinéma, et ceux qui l’ont fait et le font . André s. Labarthe et sa collaboratrice Janine Bazin ( décédée en Mai 2003 ) ont conçu -en effet – une approche nouvelle qui permettait de mettre le spectateur dans l’intimité du créateur et de son œuvre . Instaurant , en s’effaçant derrière la caméra et en intervenant peu . Un dialogue intimiste entre le spectateur et le cinéaste racontant les multiples anecdotes de tournages et de production , mais aussi , décrivant sa propre vision du cinéma et de son travail . Tout à coup ces « confessions » deviennent le reflet du cinéma et de son histoire en train de s’écrire. Et le rapport à leurs films , au travail des comédiens , à la mise en scène et à la dimension artistique y trouve
une dimension nouvelle. On pourrait multiplier les exemples de cette « intimité » unique qui s’inscrit dans ces portraits où l’ univers des cinéastes se révèle en même temps que le contexte qui lui donne vie . Ces portraits sont exemplaires. Ils sont devenus au fil du temps des témoignages vivants de l’histoire du cinéma en train de se faire . Comment oublier en effet certains d’entr’eux ? . Celui de John Cassavetes y révélant son énergie et sa passion du détail en même temps que son obsession du réalisme quotidien et des personnages . Celui du truculent et beau parleur Jean Renoir, ses digressions sur les tournages ou politico-philosophiques…assorties d’une confrontation avec Michel Simon !. Celui de Raoul Walsh dans l’intimité de son ranch , et celui de John Ford trônant sur son lit décontracté face caméra , dissertant sur le monde du cinéma , sa passion du western et de l’action . Ou encore celui du face à face , Fritz Lang / Jean Luc Godard. Tous inoubliables ….

Après un arrêt en 1972, c’est sur l a chaîne La Sept-Arte qu’ il reprend du service en 1988 avec « Cinéma de notre temps« , formule adaptée au contexte nouveau du cinéma des nouvelles générations . Mais le regard et le dispositif reste le même s’ouvrant aux artistes , créateurs et aux nouvelles formes . Avec par exemple l’émission Cinéma, Cinémas crée en 1982 sur Antenne 2 proposant une approche originale en forme d’assemblage de séquences de films, reportages et entretiens décalés. Le producteur-cinéaste , trouvera aussi le temps de se consacrer à ses autres passions . L’écriture scénaristique ( la série Mama Rosa/ 1978) , la danse ( documentaires sur Carolyn Carlson ou william Forsythe…) , la littérature ( Sollers l’isolé / 1998 – Arthaud cité / 2001) , la peinture (Antoni Tapiès de Aà Z / 1982 ) . Il se laissera également aller, amicalement , à faire le comédien pour ses amis cinéastes : Jean- Luc Godard ( Vivre sa vie , Allemagne 90-Neuf zéro) , Jacques Rivette ( L’Amour Fou ) , Maurice Dugowson ( Adieu la vie ) et Mathieu Amalric ( Tournée ) . De nombreuses publications de ses écrits critiques et autres essais sur le cinéma ont fait l’objet de publications ( éditions Cahiers du cinéma et éditions Limelight , entre autres ) de la même manière que « la saga cinéaste de notre temps » ( Caprici éditions / 2011) .
Enfin , et ce n’est que justice : « le Grand Prix de la Télévision pour l’ensemble de son oeuvre » , lui a été décerné en 1984 par la société des gens de lettres .
Un grand Merci, Monsieur Labarthe pour tous les plaisirs cinématographiques que vous nous avez offerts…
(Etienne Ballérini)