Je sais, c’est de l’humour potache. Remarquez, j’aurais pus écrire « MANCA ? Gagné ! » (Lol). Mais au fait, MANCA ? Ma quésaco ? Je veux être bon prince. MANCA, c’est l’acronyme de Musiques Actuelles Nice Côte d’Azur. Je vous subodore quand même un chouïa perplexe. Bon. Remontons au commencement avec son fondateur, Jean Etienne Marie.
C’est un compositeur français de musique contemporaine (1917-1989). Ses premières œuvres musicales sont principalement basées sur la musique micro-tonale (utilisant des intervalles plus petit qu’un demi ton) ou la musique mixte. À partir de 1965 il s’orientera vers une formalisation mathématique de la musique. Il fonde le CIRM (Centre Internationale de Recherches Musicales en 1968 à Paris et l’implante à Nice en 1978. Il crée le Festival MANCA (Musiques actuelles Nice Côte d’Azur) en 1979. Il a rédigé plusieurs ouvrages qui sont des jalons dans l’histoire de la pensée de la musique contemporaine.
Le CIRM diffuse le répertoire de la musique contemporaine ainsi qu’il permet la découverte d’œuvres nouvelles issues de ses studios ou d’autres centres de production. Il exporte également son savoir faire technologique, en collaborant à d’autres évènements nationaux et internationaux (festivals, concerts …) témoins de la musique d’aujourd’hui.
Le CIRM organise chaque année en général en novembre – cette année en décembre-à Nice et dans sa région –cette année uniquement à Nice- le Festival MANCA. Du récital au grand concert d’orchestre, un large répertoire d’œuvres, avec ou sans électronique, y est présenté. On y rencontre les acteurs de la musique contemporaine.
De fait, les MANCA, s’ils gardent ce titre générique, s’appellent aussi « Festival International des musiques d’aujourd’hui ». Qu’est-ce qu’une musique d’aujourd’hui, qu’est-ce que la musique contemporaine ? J’avoue avoir du mal à définir ce qu’est une « musique d’aujourd’hui » : le dernier « tube » à la mode que nous ressasse les radios « à la page », est-ce de la musique d’aujourd’hui ? Vaste question. Pour approcher la musique contemporaine, c’est déjà autre chose. Cela représente les différents courants de musique savante apparus après la fin de la seconde guerre mondiale. Certains de ces courants ont emprunté des voies nouvelles en dehors du système tonal.
Il ne faut pas avoir peur du terme savant. On présuppose déjà : « qu’est-ce qu’on va se faire chier ! » Non, on ne va pas se faire « ch… ». On va découvrir. On va à l’aventure. On sort des sentiers battus. « Ouais mais votre musique savante, ça n’a rien de populaire ! » Bien ! Vous connaissez l e « Boléro » de Ravel. Vous n’allez pas me dire que ce n’est pas populaire, c’est-à-dire écouté, reconnu, admis par le plus grand nombre, non ? Mais si l’on y regarde bien, Le Boléro est un mouvement de danse au rythme et au tempo invariables, à la mélodie uniforme et répétitive et il tire ses seuls éléments de variation des effets d’orchestration, d’un lent crescendo et, in extremis, d’une courte modulation. Si ce n’est pas de la musique savante, je ne sais pas ce que sait. La musique savante est appelé à devenir populaire. La musique d’aujourd’hui, je crains qu’elle ne soit plus rien demain.. « Bon, mais musique savante, ça fait un peu élitaire, non ? ». Si élitaire, ça veut dire diffusée en portion congrue et ignorée par les médias dit « populaires », d’accord. Mais élitaire au sens où Antoine Vitez parlait de « l’élitaire pour tous ». Vitez s’exprimait par cette formule à propos du théâtre, mais le concept est assez précis pour s’adresser à bon nombre de disciplines.
J’aime bien qu’un festival ait une « ligne éditoriale ». En s’octroyant de ci-de là des « chemins de traverses. Un contre exemple parfait, c’est le « C’est pas classique ». Bon, d’accord, c’est gratos. Mais regardez le prix des places des MANCA. Les places les plus chères le sont guère que celles de cinéma. « Oui, m’sieur, mais y en a pour tous les goûts ! » Tous les dégoûts, vous voulez dire. C’est peut-être mon coté marxiste, mais je qualifierais bien ce « pâté d’alouette » d’être empreint d’idéologie petite-bourgeoise (individualisme, consumérisme et lâcheté.) Bon. Où est-ce que j’en étais ?
Le festival s’appelle cette année « Empreintes ». Les empreintes, ce sont les traces naturelles laissées par un contact, par la pression d’un corps sur une surface par exemple des empreintes de pas. C’est une image en creux. C’est une trace, une indication, une voie. L’affiche, c’est ce qu’on appelle la « face cachée de la lune ». L’invisible sans lequel le visible ne serait pas.
Bien. Revenons à nos moutons, et ne manquons point nos Manca. Louchons du coté de la programmation.
Dimanche 03 Décembre 15h00 Concert symphonique à l’Opéra de Nice. Orchestre Philharmonique de Nice, direction Fabian Panisello. Un concert d’ouverture sous le signe du recueillement et de la rêverie. Au programme : Philippe Leroux, Aban Berg et Allain Gaussin. 5 et 10€
Mardi 05 Décembre 20h00 Quatuor Diotima au musée national Marc Chagall, auditorium – Nice. Concert emblématique du passage à la modernité par le Quatuor Diotima. Au programme : Les 2 quatuors à cordes de György Ligeti et de Leoš Janáček. 10 et 15€
Mercredi 6 décembre 18 h30, Conservatoire de Nice, auditorium, FORUM DES ETUDIANTS Musiques électroacoustiques, la jeune création des étudiants en composition du Conservatoire de Nice ou d’établissements du monde entier. Entrée libre.
Jeudi 7 décembre 18h30 Conservatoire de Nice auditorium Concert KOSMA, concert dédié au violoncelle. Empreint du temps passé avec l’hommage à Benjamin Britten, ou encore celle des «contrées lointaines.
Jeudi 7 décembre 20h30, théâtre Francis Gag, OPERA POUR VOIX SEULE, Ajax de Yannis Ritsos, compagnie KHROMA, Marianne Pousseur, musique et interprétation, Enrico Bagnoli, mise en scène, scénographie et lumières. Ajax, figure masculine et guerrière, doit renoncer à sa dimension épique pour s’interroger sur son propre devenir.
Vendredi 8 décembre Palais Lascaris.
A 12h conférence musicale, « L’alto, ou le compromis impossible » de Christophe Desjardins – Entrée libre.
A 19h Récital alto solo de Christophe Desjardins, quelques une de ses dernières créations 10 et 15€
Samedi 9 décembre MAMAC Auditorium Jean Etienne Marie – Journée Art et Sciences UCA (Université Côte d’Azur), Entrée libre
De 11h à 13h, Projection-Table ronde Les Enjeux de la création musicale aujourd’hui
18h30 Spectacle-création GOLEM ou « Le mythe de la créature qui dépasse le créateur » Important : n’oubliez pas de laissez votre portable allumé pendant la représentation car vous paricipez à l’œuvre…
Dimanche 10 décembre 15h Eglise Saint Pierre d’Arène Chants de l’Amour Ensemble MUSICATREIZE, direction Roland Hayrabedian. 10 & 15€
Ah ! Concernant les tarifs, vous pouvez obtenir un Pass 3 concerts pour 24€ (Quatuor DFiotima – Ajax Musicatreize)
Billetterie : 04 93 88 74 68 – CIRM 33 avenue Jean Médecin Nice info@cirm-manca.org
Placement libre pour tous les spectacles – Possibilité location F NAC avec frais de location)
Adresses :
Opéra Nice Cote d’Azur (3 décembre) 4 & 6 rue St François de Paule 04 91 17 40 79
Musée national Marc Chagall Nice (5 décembre) 36 avenue Dr Ménard (Cimiez) 04 93 53 82 20
Conservatoire de Nice (6 & 7 décembre) 127 avenue de Brancolar 04 97 13 50 00
Théâtre Francis Gag – Vieux Nice ((7 décembre) 4 rue la Croix 04 92 00 78 50
Palais Lascaris – Vieux Nice (8 décembre) 15 rue Droite 04 93 62 72 40
MAMAC NICE Auditorium Jean Etienne Marie (9 décembre) Place Yves Klein 04 97 13 42 00
Eglise St Pierre d’Arène Nice (10 décembre) 52 rue de la Buffa 04 93 88 20 31
Laissons le dernier mot à François Paris, le directeur du CIRM et des Manca, qui voudrait qu’il soit « possible à chacun de cheminer avec plaisir en confiance, sans s’interdire de se retourner pour appréhender la cohérence de la trace. » L’empreinte. La face cachée qui nous révèle. Vraiment, les MANCA, c’est pas classique !
Jacques BARBARIN