Le Film du cinéaste Grec déjà multi-primé au festival des Cannes ( Canine / 2009), The Lobster/ 2015 ), y a é été encore à l’honneur  au  mois de Mai dernier  . Le prix du scénario  lui a été décerné pour sa plongée déroutante dans la « manipulation » et les  sacrifices moraux qu’elle peut entrainer. Morale , violence et barbarie, en questions…

Un couple Bourgeois et ses enfants . Lui, Steven ( Colin Farrell ) est un brillant chirurgien respecté . Elle , Anna ( Nicole Kidman ) ophtalmologue réputée , vivent heureux avec leurs deux enfants de quatorze et douze ans . Le cadre de vie familial dans la belle et luxueuse demeure , va être bouleversé par un jeune garçon , Martin , que Steven a décidé de prendre sous son aîle, suite au décès de son père . Martin qui va prendre de plus en plus de place dans la vie de ce dernier comme s’il voyait en lui un   » père de substitution «  . Jusqu’à ce que l’emprise de Martin sur Steven et sa famille , ne prenne une tournure menaçante … Le cinéaste Grec nous propose une « fable »  dans la continuité de sa réflexion sur les dérèglements et les dérapages dont les dimensions qu’il y inscrit , sont quelque peu déconstruites  par une sorte de fantastique décalé …. qui la rend encore plus inquiétante !. Devenant le miroir réfléchissant d’une forme de démesure manipulatrice qui rendrait tout discernement moral incapable d’y faire face ,  et pouvant conduire à l’impensable . Le suspense psychologique qui s’y inscrit , mettant à rude preuve , les « normes » des rapports humains fixées par la morale auxquels, il est semble impossible de se soustraire… .et pourtant.

Au cœur de la relation entre Steven et Martin ( Barry keoghan ) , va s’installer imperceptiblement une sorte de mystère  inquiétant . Au cœur de leurs rendez-vous secrets , puis de leurs échanges de cadeaux , ou lors des présentations réciproques aux amis et des invitations dans la famille où les « liens » se tissent . Martin fera connaissance et deviendra l’ami des enfants de Steven . Ces liens , Martin , souhaite aussi qu’ils se prolongent au cœur de sa famille dont le père est décédé , et il insiste pour que Steven rencontre sa mère.  Le quiproquo provoqué par Martin qui voudrait voir une liaison se « nouer  » enrt’eux , irrite Steven qui tente de prendre ses distances espaçant les rendez-vous avec Martin et cette proximité qui les unissait . Puis, le doute qu’installe Martin évoquant « la mort suspecte » de son père à l’hôpital qui offre un nouvelle piste de réflexion au spectateur. Martin qui insite et refuse de « couper » le lien avec Steven ,  il se fait alors menaçant  !.Le basculement qui va avoir lieu avec une préssion de plus en plus forte de Martin ,  se  montrant  décidé  à révéler des « vérités » qui pourraient mettre en danger  à la fois , la carrière de Steven  ainsi que son couple  . L’emprise  grandit dont le couple Bourgeois et ses enfants , finiront par êtres pris en otages.

Les menaces de Martin vont se « muer » en une vengeance minutieusement préparée…  et en un aboutissement en  rite sacrificiel exigé . Un sorte « d’oeil pour  oeil » qui ne peut trouver  son aboutissement que   dans la concrétisation du « sacrifice » demandé … dont on vous laissera découvrir la nature . C’est cet inexorable dont le film explore le jusqu’au-boutisme qui va mettre à l’épreuve la famille de Steven . Dans tout ce qu’elle va devoir , y sacrifier . Le malaise et la violence, s’installent et interpellent  sur le  »  jusqu’où peut-on aller ? «  . Faut -il se renier et tenter de sauver ce qui peut encore, l’être ? , confontés à la violence et la bestialité , voire la barbarie . L’enjeu pour Steven et sa famille  est de taille . Dans ses films le cinéaste propose toujours des thématiques aux enjeux drastiques et sacrificiels.  Dans  Canine ,  les enfants baricadés et protégés de l’influence du mode extérieur par leurs parents , pourront-ils sen extraire ?. Dans The Lobster , pour perpétuer l’avenir les personnes seules  sont enfermées dans un hôtel et disposent de 45 jour pour touver un partenaire et se marier , ou être transformés en animaux !.  Le sacrifice ou l’évasion comme seule alternative . Dans la Mise à mort du cerf sacré , le cinéaste complique encore un peu plus l’aternative, le choix de l’évasion ( vous verrez pourquoi…) n’est pas possible . Il n’y a pas d’ autre échappatoire.

Le cinéaste secoue le spectateur, avec une mise en scène au cordeau et un supense psychologique insoutenable dans lequel , ici , il n’y a plus de choix  que  de sauver ce qui peut l’être . Sa mise en scène et en abîme , ne ménage rien des rapports de forces ( et de classes ?..) qui s’y inscrivent. L’enfermement comme le sacrifice demandé , ne laissent plus d’autres  choix … toutes les tentatives  de Martin  pour se faire accepter  à nouveau , ayant échoué . Martin en maître et  les cartes en mains peut  désormais imposer sa loi . Le sacrifice accepté ou refusé , celui-ci  va devenir le miroir  de ce que la nature humaine qui y est soumise, peut révéler . Le prix du sacrifice  qui permet de se sauver…en condamnant l’autre . C’est la question de l’intégrité , de la morale, de la barbarie, de la loi du talion. C’est le jeu  pouvoir et de la soumission . Et du « Jusqu’où peut-on aller ? » , dans le reniement de soi et des valeurs . Ce que l’on considére « impensable » dans un cadre normal , peut-il  dans une situation extrême n nous faire basculer. Une descente aux enfers … la force du film , est là …
( Etienne Ballérini )

MISE A  MORT DU CERF SACRE de Yorgos Lanthimos – 2017- Durée : 2h 01.
Avec : Colin Farrell , Nicole Kidman , Barru Keoghan, Raffey Cassidy, Sonny Suljic…
LIEN : Bande -Annonce du film  Mise à  mort du Cerf Sacré .