Dans Happy-End, présenté au dernier Festival de Cannes , le cinéaste Autrichien doublement palmé pour Le Ruban Blanc (2009 ) et Amour (2012) , y poursuit les thématiques de son œuvre au coeur du huis -clos des relations d’une famille Bourgeoise Calaisienne , enfermée dans son aveuglement du monde extérieur . Passionnant …

A Calais donc , réunie autour de Georges Laurent ( Jean-Louis Trintignant ) qui fête ses 85 ans, la famille , fait bonne figure dans un contexte où les difficultés financières de l’entreprise familiale sont préocupantes, et les relations tendues . Textos sur téléphone portable et échanges de mails par internet, sont les éléments modernes d’une première approche des personnages où des indices du quotidien sont donnés . Notamment en ce qui concerne la situation de Thomas ( Mathieu Kassovitz ) séparé de sa femme et dont les messages érotiques, nous révèlent une liaison gardée secrète avec Claire , mais que va déceler sa petite fille , Eva ( Fantine Harduin , épatante ) doublement perturbée par les mensonges du père et une relation de « détestation » avec sa mère. Cette dernière hospitalisée, va être momentanément accueillie dans la famille Laurent . Les repas qui , comme l’anniversaire cité , les réunissent plus ou moins nombreux selon les circonstances et les occupations de certains d’entr’eux , y sont souvent l’objet de tiraillements , qui irritent le patriarche …

Comme c’est le cas de la scène , où Anne et son fils Pierre ( Frank Rogowski ) , le rebelle qui se déconsidère lui-même :« je ne vaut rien », et qui continue , à chaque occasion de montrer sa détestation d’une descendance Bourgeoise dont il rejette les atavismes de consanguinité , et surtout , la gestion du patrimoine et des affaires . Comme en témoignent sa relation tendue avec , Anne ( Isabelle Huppert) et sa gestion d’entreprise de travaux publcs . De la même manière que les « divergences » sur le futur héritage, dont l’âge très avancé du « pater familias » amène forcément la question à l’odre du jour . Sans compter les multiples situations personnelles , à l’image des relations privées de Thomas , qui font mauvaise figure , car il faut tenir son rang . Dans cette demeure luxueuse où l’hypoctisie et où les rivalités sont telles que les drames y couvent en sourdine , et même, parfois … finissent par se concrétiser en tentatives de sucides ( celle du père qui vient de la rater … et en prépare une autre!) , et d’autres qui ont abouti . Dans les coulisses, les serviteurs des maîtres , tous d’origine étrangère , dont la tâche est bien définie sont là pour tenir leur rôles , à l’image de Rachid , le Gardien ( Hassan Ghancy) et de Jamila , la cusinière ( Nabbia Akkari ) , qui se tiennent à leur place sans broncher, ni montrer quelque réaction que ce soit lorsque l’atmosphère de la maison est tendue…

Mais , un accident sur le chantier de l’entreprise familiale qui fait un mort, vient encore un peu plus perturber, et tendre l’atmosphère . « Tout autour le Monde … et nous aveugles !» , telle est la phrase -clé du récit et des événements dont Michaël Haneke , développe l’inexorable pessimisme d’un état des lieux . L’entreprise dont Anne est la PDG , qui fait faillite et l’avocat qui va tenter de sauver ( indemnisations à la clé … ) le conflit avec la famille du défunt victime de l’accident. Tandis que Lawrence ( Toby Jones), le fiancé d’Anne se démène pour la sortir du « fiasco », en faisant des « arrangements », avec les banques, et Pierre le fils rebelle en desaccord, qui sera licencié . La fille de Thomas que le « désamour » de ses parents, pousse à une tentative de suicide , et la belle séquence où la discussion avec son grand-père ,qui renvoie l’écho d’Amour, et à la réflexion sur la thématique du choix de fin de vie , que prolongera , superbement, le plan final . Le travail sur le cadre , les éclairages et les petits détails , qui inscrivent cette « glaciation émotionnelle » et ce pessimisme au cœur de l’oeuvre du cinéaste . Celle dont la phrase citée en exergue renvoie à l’inconscience aveugle d’une classe bourgeoise sur le monde qui l’entoure … et que lui rappelle le fils répudié , qui fera le geste de provocation vengeur… en invitant au festin des nantis , des hôtes ( les migrants …) dont ils ignorent les souffrances .

Le choix emblématique de Calais par le cinéaste qui renvoie , à une actualité dont la ville et les migrants qui y sont en attente , dans des conditions lamentables, espérant tenter leur passage de l’autre côté de la Manche . La réalisation minutieuse et impeccable à la fois dans le travail sur l’atmosphère, la direction des comédiens, et le choix du sujet sur , l’aveuglement d’un classe Bourgeoise qui se délite inexorablement enfoncée dans ses névroses suicidaires. Cet aveuglement pathétique , dans lequel elle se terre qui ne la protége même plus, et à laquelle le cinéaste renvoie comme un avertissement , via la provocation du fils rebelle, auquel fait écho le Happy-End ironique, du titre. C’est glaçant…
(Etienne Ballérini)
HAPPE END de Michaël Haneke – 2017- Durée : 1h 47.
Avec : Jean- Louis Trintignant , Isabelel Huppert, Mathieu Kassovitz, Fantine Harduin , Toby Jones, Franz Rogowski , Laura Verlinden, Aurélia Petit, Dominique Besnehard…
LIEN: Bande – Annonce du Film , Happy End de Michaël Haneke
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