Cinéma / Je me souviens… de Bourvil

Le 27 juillet dernier, Bourvil aurait eu 100 ans. Né en 1917 à Pétrot-Vicquemare (Seine-Maritime), André Raimbourg passe son enfance à quelques kilomètres, à Bourville, le village natal de sa mère, d’où vient le pseudonyme de « Bourvil ».

Bourvil - Rire
André Bourvil (Crédit photo : DR)

Je me souviens que Rabelais a écrit : « Rire est le propre de l’homme ». Question rire, Bourvil s’y entendait. Il aimait rire (d’un rire communicatif) et faire rire. D’ailleurs, lors d’un entretien en 1965, il déclarait : « ...il faut que je l’avoue, mon goût profond est de faire rire. Deux mille personnes qui s’esclaffent dans une salle, c’est un raz de marée qui me prend aux tripes et me donne l’impression d’être un sportif. Alors que lorsqu’on fait continuellement du cinéma on s’installe dans un dangereux confort. On vous donne un fauteuil à votre nom, vous vous empâtez, vous commencez à avoir peur de tout… » (« Le Figaro » du 19 octobre 1965).
Je me souviens que Bourvil était un artiste aux multiples talents, mais qu’il a d’abord été mitron à Rouen, avant de le devenir après avoir vu Fernandel au cirque de Rouen. Musicien (il joue de l’harmonica, de l’accordéon, du cornet à pistons ou de la trompette), chanteur, imitateur, il se produit dans les cabarets et en attraction de cinéma de quartier avant de faire des radio-crochets et du music-hall.
Je me souviens que c’est en 1945 qu’il a effectué ses vrais débuts au cinéma, dans La Ferme du pendu de Jean Dréville dans lequel il interprète un chanteur lors d’une noce. Il y chante Les Crayons. Sa carrière cinématographique est lancée mais Bourvil n’abandonnera pas pour autant la chanson et la musique, par le biais de la radio et de l’opérette notamment. Avec Les Crayons, La Tactique du gendarme, Le petit bal perdu, Salade de fruits, A bicyclette, L’eau férugineuse ou encore La ballade irlandaise deviendront des classiques.
Je me souviens du duo qu’il a formé avec Pierrette Bruno dans quatre films (Le Capitan, Le Tracassin, Pacifico, La Bonne planque) et pour de nombreuses chansons.
Je me souviens de ce personnage de Français moyen, naïf et benêt, qu’il a créé, mais aussi de biens d’autres…

 

Bourvil -Michele Morgan (2)
Bourvil et Michèle Morgan dans Le Miroir à deux faces d’André Cayatte (Crédit photo : DR)

Je me souviens qu’il a été le mari de Michèle Morgan dans Le Miroir à deux faces (1958) d’André Cayatte, et Fortunat (1960) d’Alex Joffé.
Je me souviens que Louis de Funès a été son partenaire à cinq reprises, pour Le Corniaud et La Grande Vadrouille bien sûr, mais aussi sur Poisson d’avril (1954), une comédie de Gilles Grangier, Les Hussards (1955), d’Alex Joffé, et La traversée de Paris (1956), de Claude Autant-Lara. Ils auraient dû se retrouver sur La Folie des Grandeurs, mais le destin en décida autrement.

 

Bourvil - Gabin
Bourvil et Jean Gabin dans La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara (Crédit photo DR)

Je me souviens qu’il a joué avec Brigitte Bardot, Danielle Darrieux, Marie Dubois, Sophia Loren, Magali Noël, , Simone Signoret, Jean-Paul Belmondo, Francis Blanche, Bernard Blier, Tony Curtis, Alain Delon, Fernandel, Jean Gabin, Sacha Guitry, William Holden, Jean Marais, Yves Montand, David Niven, Philippe Noiret, Lino Ventura, Gian Maria Volonte, Eli Wallach.
Je me souviens qu’il a tourné sous la direction de Claude Autant-Lara, Marcel Camus, André Cayatte, René Clair, Henri-Georges Clouzot, Jean Delannoy, Jean Dréville, Robert Enrico, Sacha Guitry, Alex Joffé, Gilles Grangier, André Hunebelle, Jean-Pierre Melville, Jean-Pierre Mocky, Jean-Pierre Melville, Terence Young.
Je me souviens que Bourvil fait rire, donc, mais qu’il sait aussi émouvoir et passer de la comédie au drame, allant même jusqu’à interpréter des individus peu recommandables voire exécrables. Il fut ainsi un mari odieux dans Le Miroir à deux faces, tout aussi odieux dans le rôle de Thénardier dans la version des Misérables réalisée par Jean-Paul Le Chanois. Il fut également Marcel Martin, chauffeur de taxi au chômage qui survit grâce au marché noir dans La Traversée de Paris, Un (bien) drôle de paroissien dans le film du même nom signé Jean-Pierre Mocky. Par ailleurs, il a été patron d’une scierie dans Les Grandes Gueules de Robert Enrico et le commissaire Matteï dans Le Cercle Rouge de Jean-Pierre Melville, l’un de ses derniers films avant que la maladie ne l’emporte, le 23 septembre 1970 à 53 ans.

Bourvil - Gian Maria Volonte
Gian Maria Volonte et Bourvil dans Le Cercle Rouge de Jean-Pierre Melville ( Crédit photo : DR)

Je me souviens qu’en 1969, André Bourvil déclarait dans un entretien télévisé : «Les acteurs sont des gens qui n’ont pas tellement d’importance. On vend des courants d’air. Les acteurs, on ne s’en rappelle pas.» Mais je sais qu’il s’est trompé. Son souvenir, ses films et ses chansons resteront éternellement.
Je me souviens de quelques répliques de Bourvil :

  • « Parce que sans la lune, la nuit, on n’y verrait rien. Tandis que pendant le jour, il fait clair. » Le Trou normand de Jean Boyer (1952)
  • « Pourquoi les étoiles ont-elles des pointes ? C’est parce que pour les accrocher dans les arbres de Noël ! » Le Trou normand de Jean Boyer (1952)

Bourvil - Bardot - Le Trou normand
Brigitte Bardot et Bourvil dans Le Trou normand (Crédit photo : DR)
  • « J’apprends bien mais j’oublie vite » Le Trou normand de Jean Boyer (1952)
  • «  Y’a pas d’âge pour être chômeur » La traversée de Paris de Claude Autant-Lara (1956)
  • « Salaud de pauvre, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est-il la faute des gens, s’ils sont pauvres ? » La traversée de Paris de Claude Autant-Lara (1956)
  • « C’est drôle, même quand tu veux être gentil, tu trouves le moyen d’être fumier, toi. » La traversée de Paris de Claude Autant-Lara (1956)
  • « Inutile de vous gratter le derrière, la solution n’est pas dans votre fond de culotte. » Le miroir à deux faces d’André Cayatte (1958)

 

Bourvil - Le Corniaud
Louis de Funès et Bourvil dans Le Corniaud de Gérard Oury (Crédit photo : DR)
  • « Qu’est-ce qu-il y a ? Qu’est-ce qu’il y a ? Bah maintenant, elle va marcher beaucoup moins bien forcément ! » Le Corniaud de Gérard Oury (1964)
  •  » Mais dites donc, ça fait deux fois que vous me faites ça… Vous m’avez déjà pris mes chaussures, maintenant mon vélo ! » La Grande vadrouille de Gérard Oury (1966).

Voir également :
– Le site officiel des Amis de Bourvil

La Grande Vadrouille de Gérard Oury (bande annonce StudioCanal)
Le Corniaud de Gérard Oury (extrait)
Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville (bande annonce)
Le trou normand de Jean Boyer (bande annonce – Version colorisée)
Le Miroir à deux faces d’André Cayatte (extrait).

la « fin » du Cercle rouge imaginée par Bourvil
C’était bien (Le petit bal perdu) par Philippe Decouflé
La ballade irlandaise (Images INA)
La tactique du gendarme.
Philippe Descottes

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